Chapitre 5

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Avery

Courant à toute allure à travers le quartier, le cœur tambourinant dans ma poitrine, je sentais une boule se former au creux de mon ventre. Je savais qu'Aria n'avait que de bonnes intentions à mon égard, qu'elle était différente des autres, mais justement, c'est bien pour cela qu'il ne fallait pas qu'elle s'immisce dans mes affaires. Tout ce que je voulais, c'était qu'il ne lui arrive rien. Qu'elle ne soit pas blessée par ma faute, qu'elle ne se fasse pas entraîner dans mes problèmes...

Ralentissant mes pas après une course effrénée, je me retrouvai bien vite face à ma maison. Prenant une grande inspiration, je passai le pas de la porte en refermant derrière moi.

— Je suis rentrée ! lançai-je en m'avançant jusqu'au salon, où je retrouvai mes pères qui regardaient un match de foot à la télé.

Effectivement, je n'avais pas des parents ordinaires comme le voudrait la tradition, qui veut une mère et un père au sein d'une famille. Contrairement aux autres, moi, j'avais été élevée par ces deux-là depuis toujours. Je n'ai jamais connu mes véritables parents biologiques, j'ai été adoptée quand j'étais très jeune. Je n'ai aucun souvenir de mon enfance avant mon adoption, j'étais beaucoup trop petite pour m'en rappeler. Pour moi, c'était devenu la norme d'avoir non pas un père, mais deux.

— Ah, mais qui voilà ? C'est notre princesse ! lança l'un des deux en bondissant du canapé pour venir ébouriffer mes cheveux sous mon sourire.

Il s'agissait d'Aaron, celui qui est à l'origine de mon nom de famille actuel, Parkinson. C'est le genre de père protecteur et sérieux, qui pouvait parfois se montrer immature de temps à autre. Quant à mon autre père, il s'agissait d'Antonio Fernandez. S'il n'était pas attiré par les hommes, je dirais qu'il n'aurait aucun mal à attirer l'attention des femmes, et j'en sais quelque chose. À chaque fois qu'on va en grande surface ensemble, il fait tourner les têtes. Mais malgré son apparence de bel homme charmeur, Antonio est loin de l'image que les gens se font de lui. Pour Aaron et moi, il est juste un pitre qui fait le clown quand ça lui chante. Et en parlant de lui...

— Exactement ! Notre petite princesse adorée ! dit-il en me soulevant dans ses bras sous mon air gêné.

— Papa, tu sais que j'ai passé l'âge pour ça, n'est-ce pas ? dis-je embarrassée alors qu'il me reposait au sol.

— Peut-être, mais pour moi, tu resteras à jamais la petite fille qui adorait que je la porte sur mes épaules ! répliqua-t-il avec un sourire, en déposant un baiser sur mon front.

Levant les yeux au ciel face à cette réplique, j'étais bien obligée de constater qu'il ne verrait jamais que sa « petite fille » a grandi. Mais à qui pouvais-je m'en plaindre ? Au fond, ce n'était pas comme si je détestais tant que ça d'être traitée comme une enfant de temps en temps.

— Sinon, comment s'est passée ta reprise des cours ? demanda Aaron, alors que je haussai les épaules d'un air nonchalant, malgré la vérité.

— C'était banal... Pas grand-chose d'intéressant... dis-je en paraissant le plus désintéressée possible.

— Je te connais, et cet air décontracté et indifférent m'indique fortement qu'il s'est passé quelque chose... fit remarquer Antonio, sous mon air raidi.

À lui, je ne pouvais évidemment rien cacher. Quand j'avais des secrets, il était toujours le premier au courant et pour cause, il devinait toujours quand je cachais quelque chose. Même mes bêtises, il arrivait toujours à les découvrir quand j'en faisais petite.

— Je t'assure, ce n'est rien... le rassurai-je avec un simple sourire, un faux sourire.

Voyant bien qu'il n'arrivait pas à me faire parler, il battit en retraite pour la première fois.

— Bon, je doute que tu nous dises la vérité, mais on en parlera plus tard. Tu devrais aller te préparer, fit Aaron, sous mon air intrigué.

— Me préparer pour quoi ? le questionnai-je.

— Figure-toi que les voisins, ceux d'en face, nous ont gentiment invités à dîner avec eux ce soir. Ce n'est pas génial, ça ? Enfin des voisins compréhensifs et ouverts d'esprit ! répondit Antonio, avec un sourire ravi, sous mon air figé.

Les voisins d'en face ? Ceux d'en face ? Oh non... Ça veut dire qu'Aria sera là... Bon sang, et dire que je venais à peine de la fuir, maintenant on me dit que je vais devoir la revoir le temps d'un dîner ? Et qui va durer combien de temps en plus ? Connaissant mes pères, qui adorent discuter, ça pourrait bien évidemment finir tard...

— Tout va bien ? Tu n'as pas l'air plus ravie que ça... fit remarquer Aaron en me lançant un regard curieux.

— Si, si, tout va bien. Je ne m'y attendais pas, c'est tout. Je vais monter me préparer... dis-je rapidement en me dirigeant vers l'escalier.

Claquant la porte de ma chambre derrière moi, je jetai mon sac sur mon lit en soupirant. Je n'avais clairement pas envie de la retrouver après ça, mais je n'avais aucune excuse valable pour esquiver ce dîner. Donc, sans grande conviction et résignée à mon sort, je me dirigeai vers mon placard en quête d'une tenue adéquate. J'optai pour un simple jean, des bottes noires, un top noir et une veste blanche. Me regardant dans le miroir, je passai nerveusement une main dans mes cheveux en me demandant si ce n'était peut-être pas trop. J'avais l'impression de vouloir séduire quelqu'un dans cette tenue...

— Je devrais peut-être me changer... marmonnai-je en m'inspectant sous toutes les coutures.

Mais je n'en eus pas le temps, car on frappa à la porte. Signe qu'il était malheureusement temps d'y aller... D'un soupir résigné, je pris mon portable et le rangeai dans la poche de mon jean, rejoignant mes pères au rez-de-chaussée. Traversant la rue, nous nous retrouvâmes rapidement devant le porche de nos nouveaux voisins. Antonio sonna à la porte, et une jeune femme l'ouvrit pour nous accueillir dans le hall.

— Ravi de vous revoir. Bienvenue chez nous. Vous vous rappelez ? Je suis Clara... dit-elle en serrant chaleureusement la main de mes pères.

— Effectivement. Voici Avery, notre fille, fit Aaron en posant une main sur mon épaule.

— Ravi de te rencontrer. J'ai aussi des enfants, figurez-vous. Venez par ici ! fit-elle avant qu'un petit groupe n'apparaisse.

— Ah oui, quand même... vous en avez des enfants... ironisa Antonio.

— Une famille recomposée, c'est bien ça le prix. Voici Luka et Tia, les enfants de Clara, et mes enfants, Will, Aria, et notre petite Bella... fit le père d'Aria, alors que mon regard s'attarda un instant sur elle.

Nous invitant au salon, les adultes commencèrent à discuter en attendant que le dîner soit prêt. De mon côté, je posai à nouveau mon regard sur Aria, qui me fit signe de venir avec elle. Intriguée, je m'excusai et la rejoignis à l'étage. Je me retrouvai rapidement dans sa chambre, que je détaillai du regard. Une chambre tout à fait normale, mais mon regard fut distrait un instant par le drapeau multicolore accroché au-dessus de son lit. Je rougis légèrement en réalisant qu'elle pourrait être attirée par les filles... Dont moi ? Non, c'est absurde, on vient à peine de se rencontrer. Même si je dois avouer qu'Aria est indéniablement attirante...

— Je comprends mieux maintenant... fit soudainement Aria, me surprenant.

— Comprendre quoi ? demandai-je, incrédule.

Elle me fixa un instant avant de se diriger vers son bureau pour en sortir un bout de papier qu'elle déplia. Elle me le montra, et mes yeux s'écarquillèrent.

— Ceci... Tout est clair maintenant... dit-elle.

— Mais c'est... marmonnai-je, perdue.

— Tu l'as fait tomber en fuyant tout à l'heure... Tu m'expliques ?

J'étais figée sur place, incapable de formuler ne serait-ce qu'un mot. Il était clair que maintenant, je ne pouvais plus rien lui cacher... Fuir n'était pas la solution et même si je le voulais, désormais je ne pouvais plus le faire... Je devais juste affronter la réalité en face, quitte à tout lui dire malgré tout...

À SUIVRE,...

N/A : Nouveau chapitre ! Et voilà ! On se revoit très prochainement !

Ma Voisine [GL] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant