Chapitre 6

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Aria

« Je vais te crever, sale gosse de pédales, et cette fois-ci tu ne t'en tireras pas aussi facilement. »

Était-ce ce qui était écrit sur le papier que j'avais ramassé quand elle s'était enfuie si soudainement, sans même me laisser le temps de dire quoi que ce soit pour la retenir ? Je voulais seulement être son amie et pourtant, elle m'avait rejetée, comme si j'étais vulgaire, indigne de confiance...

Je vis le regard d'Avery passer de la surprise à l'inconfort, pour finir par une hésitation perceptible dans ses yeux verts émeraude. Un silence oppressant s'installa dans la pièce avant qu'elle ne daigne enfin le briser.

— Ce... Ce n'est rien... Ce n'est pas important, dit-elle en baissant les yeux sous mon regard sceptique.

Rien ? J'en doute fortement. Il est évident qu'il s'agit de harcèlement, voire d'une menace de mort. Et pourtant, elle venait de me dire que ce n'était pas important. Fronçant les sourcils, j'essayai de lui faire comprendre qu'il ne fallait jamais, au grand jamais, ignorer ce genre de situation.

— Bien sûr que c'est important ! Pourquoi tu penses le contraire ? Et puis, qui t'a écrit ça ? demandai-je en cherchant son regard, qu'elle évita.

Elle ouvrit la bouche, prête à dire quelque chose, mais la referma aussitôt sous mon soupir. Je la fixai encore un instant, puis décidai de laisser tomber pour cette fois. Mais cela ne signifiait pas que j'abandonnais l'idée de l'aider.

— Bon, tu n'as pas l'air de vouloir te confier, donc je ne te forcerai pas. Après tout, on se connaît à peine. Mais s'il te plaît, parle-en à tes pères ou à un responsable de l'établissement, à un adulte... Je ne sais pas, n'importe qui, mais tu sais que ça doit cesser.

— Je ne peux pas..., murmura-t-elle faiblement.

— Bien sûr que si !

— Non... Si je fais ça, ils vont encore me..., fit-elle, le visage décomposé par la peur, laissant entrevoir une trace à peine perceptible de traumatisme.

Avant même que je puisse dire quelque chose en retour, on frappa à la porte de ma chambre, nous interrompant.

— Le dîner est prêt, Aria. Venez, dit Lara.

— On arrive, répondis-je. Cette discussion n'est pas terminée, ajoutai-je en ouvrant la porte pour descendre.

Plus tard, vers la fin du dîner, nos parents continuaient de discuter tout en savourant le dessert. De notre côté, nous, les ados, ne disions presque rien. Non, rectification : nous ne disions absolument rien.

Je trouvais le temps terriblement lent. Je remuais ma mousse au chocolat dans son bol avec ma petite cuillère, ennuyée... Ne pouvant discuter en privé à l'étage, mes parents, ou plus précisément mon père, nous obligeaient à rester à table, espérant, je suppose, nous inciter à interagir. Oui, c'était le terme.

— Euh... Est-ce qu'on peut rentrer ? demanda soudain Avery, attirant l'attention de ses pères en pleine conversation.

— Pourquoi ça ? Tu n'as presque pas touché à ton dessert, répondit Aaron en fronçant les sourcils.

— Je ne me sens pas très bien..., dit-elle, sous le regard inquiet de ses pères et mon air intrigué.

Je savais qu'elle mentait, mais que pouvais-je dire ? La traiter de menteuse et risquer de m'humilier devant tout le monde ? Certainement pas... Mais si elle continuait à m'éviter, je devrais prendre sur moi jusqu'à ce qu'elle accepte mon aide.

— Je vois. Veuillez nous excuser dans ce cas. Ça a été une de nos meilleures soirées. En espérant vous revoir prochainement chez nous, cette fois. On aurait aimé rester plus longtemps, mais il semble que notre fille ait besoin de rentrer se reposer..., fit Antonio en se levant, suivi par mes parents et Aaron.

— Nous comprenons tout à fait. Ça a été un plaisir de faire votre connaissance, ajouta mon père en leur serrant la main, suivi de Lara.

Avery s'était levée, évitant toujours mon regard, tandis qu'on les raccompagnait jusqu'à la porte. Avant qu'elle ne sorte, je saisis soudain son poignet. Surprise, elle me regarda par-dessus son épaule, interrogative. Je me rapprochai d'un pas pour lui parler à voix basse.

— Ne cherche pas à m'éviter... Je ne suis pas là pour te faire du mal. Je veux juste t'aider..., lui murmurai-je à l'oreille pour qu'elle seule entende.

— Je le sais..., répondit-elle.

Sa réponse me surprit. Je crus voir un demi-sourire se former sur ses lèvres. Mais avant que je ne puisse mieux discerner ses traits, elle se détourna de moi, ramena sa main vers elle, et s'en alla.

Quelques minutes plus tard, j'étais allongée dans mon lit, fixant distraitement le plafond. Je ne pouvais m'empêcher de penser à ce sourire... Il exprimait à la fois de la vulnérabilité et de la peur. Si elle savait que je n'étais pas une menace, pourquoi refusait-elle mon aide ? Elle semblait pourtant m'apprécier, non ? Alors pourquoi ? Quel était le problème ? Peut-être n'étais-je pas assez bonne pour ça ? Pas... à la hauteur ?

— Bon sang... Mais qu'est-ce qui me prend ? Tu ne la connais que depuis peu, Aria ! Reprends-toi ! m'agaçai-je, grognant toute seule dans mon coin.

« Encore sur elle ? T'as un béguin ou quoi ? »

Les paroles de Julianne me revinrent en tête... Rien qu'à cette pensée, je sentis immédiatement mes joues me brûler de honte. Comment pourrais-je lui donner tort ? Je suis constamment préoccupée par elle, je pense à elle, je m'inquiète pour elle, et je ne veux voir... qu'elle ?

Je rougis de plus belle, glissant mes mains sur mon visage, gênée. Même si personne ne pouvait me voir, la prise de conscience de mes pensées me mettait mal à l'aise. Peut-être que j'avais effectivement un petit béguin... Mais à quel point ?

À SUIVRE,...

N/A : Chapitre suivant ! Avec un léger retard. Dsl, les cours me prennent la majorité de mon temps libre. Bref, à la prochaine !

Ma Voisine [GL] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant