Cheikh Bamba: La Nounou de ma fille

Partie 09

POV Cheikh Bamba:
Je pénètre dans ma chambre, le cœur lourd, revivant sans cesse ma dernière conversation avec ma mère. Ses paroles résonnent en moi, car au fond, je sais qu'elle a raison. Mais je m'entête, refusant de voir la vérité en face. Cette aide qu'elle me propose serait sans doute salutaire, et pourtant, je reste prisonnier de mes propres tourments, refusant de tourner la page. L'égoïsme me ronge, car je suis incapable d'oublier le passé, alors même que ma petite princesse, Aïssatou, a besoin de cette douceur féminine qui lui fait tant défaut.

Ma mère, elle, est toujours entre deux avions, et chaque fois elle insiste pour emmener la petite avec elle. Mais je ne peux pas me résoudre à me séparer d'elle. Elle est tout ce qui me reste. Je m'accroche à elle, et malgré la difficulté de jongler entre mes responsabilités, je préfère l'amener à la crèche ou même au bureau plutôt que de la laisser partir, ne serait-ce qu'un instant.

Fatigué et accablé, je me dirige vers la salle de bain. L'eau qui coule sur mon corps semble emporter une partie de mon chagrin, mais ce n'est jamais suffisant. J'enfile ensuite mon qamis noir, un tissu sobre et silencieux qui reflète l'état de mon âme, puis je m'installe sur mon tapis de prière. Le cœur lourd et le regard voilé, je récite quelques versets du Saint Coran avant de lever mes mains vers le ciel. Je prie, implorant Allah (SWT) de me libérer de cette peine insupportable, de m'aider à traverser cette épreuve qui me semble sans fin.

C'est dans la prière que je trouve un peu de répit, un refuge contre les vagues tumultueuses de mes pensées. Seuls ces moments, avec Allah (SWT) ou auprès de ma fille, m'offrent une lueur d'apaisement dans ce quotidien qui m'étouffe, devenu terne, vide, et sans but.

N'ayant pas la tête à dormir, j'enfile mon jogging et pris ma voiture histoire de me vider un peu la tête....

Il quitte la maison, ses pensées tourbillonnant dans sa tête comme un orage. Il se retrouve au volant de sa voiture, roulant sans destination précise. Chaque coin de rue, chaque parc lui rappelle son ancienne vie, celle qu'il avait partagée avec sa femme. Elle était partout et nulle part à la fois.

Sa fille, Aïssatou, dormait encore chez sa mère. Cheikh n'avait pas eu la force de s'occuper d'elle depuis ce fameux jour.

Cheikh : (pensant tout haut) Comment est-ce que je pourrais être un bon père alors que je ne sais même plus comment être moi-même ?

Les jours passaient, et son entreprise immobilière fonctionnait encore grâce à son équipe, mais il se sentait totalement déconnecté de son travail. Un jour, alors qu'il traînait dans son bureau sans réelle motivation, un email attira son attention.

Flashback :
Quelques semaines avant l'envoi du mail, Amina sirotait un thé en gardant le bébé de sa meilleure amie dans un petit café du quartier. Ce jour-là, elle n'avait pas prévu de rester longtemps, mais une rencontre inattendue changea le cours des événements. À la table voisine, une femme d'un certain âge, Maman Ouly, semblait perdue dans ses pensées. Leur échange débuta simplement, par un sourire, puis rapidement, les confidences se mirent à fuser. Maman Ouly parla de son fils, Cheikh, de la perte dévastatrice qu'il avait subie et du vide qui avait envahi sa vie depuis.

Amina écoutait avec attention, touchée par le récit de cette mère endeuillée qui ne savait plus comment aider son fils. Peu à peu, la conversation s'orienta sur Aïssatou, la petite fille laissée en arrière-plan dans ce chaos émotionnel. Maman Ouly, désespérée de voir son fils sombrer, évoqua la nécessité pour lui de trouver une personne capable de prendre soin de sa fille, mais aussi d'apporter un peu de stabilité dans leur vie.

Amina, empathique et avec une expérience solide dans la garde d'enfants, se sentit interpellée. Cependant, elle resta prudente. Elle savait qu'une telle situation demandait non seulement du professionnalisme, mais aussi une profonde compréhension de la douleur humaine. Après un long débat intérieur, et sous l'insistance bienveillante de Maman Ouly, elle accepta de tenter une approche.