Partie 08

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POV Maman Ouli:

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Depuis la mort de sa femme, mon fils Cheikh Bamba n'est plus que l'ombre de lui-même. Chaque jour, je le vois s'enfoncer un peu plus dans une spirale de tristesse et de désespoir. Ses yeux, autrefois pétillants de joie et d'optimisme, sont désormais ternes et cernés par les nuits blanches passées à pleurer silencieusement.

La maison, jadis remplie de rires et de bonheur, est devenue un lieu de silence et de chagrin. Cheikh erre d'une pièce à l'autre, sans but, sans motivation, comme un fantôme hantant les lieux où il a tant de souvenirs heureux. Il a perdu du poids, ses joues sont creuses, et sa barbe, qu'il ne prend plus la peine de raser, le vieillit prématurément.

Il tente de s'occuper de sa fille tout en restant à la tête de son entreprise , mais il est évident qu'il est dépassé. Je le surprends souvent assis sur le sofa, regardant fixement dans le vide, alors que la petite pleure, réclamant l'attention dont elle a désespérément besoin, cette présence féminine. Je crains que si cette situation perdure, il finisse par se perdre complètement, emporté par son chagrin.

J'ai essayé de lui parler, de lui proposer de l'aide, mais il refuse obstinément. Mon cœur de mère saigne de le voir ainsi, de le voir se détruire à petit feu. Il a besoin de quelqu'un pour l'aider à sortir de cette noirceur, quelqu'un pour ramener la lumière dans sa vie. C'est pourquoi j'ai trouvé Amina, cette jeune femme pleine de vie et de douceur. J'espère qu'il acceptera ma proposition avant qu'il ne soit trop tard.

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C'était un après-midi pluvieux et Maman Ouly, fatiguée par les soucis de ces derniers mois, décida de se réfugier dans un café local pour se détendre un peu. Elle trouva une table près de la fenêtre, commandant un thé à la menthe pour se réchauffer. Alors qu'elle s'installait, elle remarqua une jeune femme qui essayait de calmer un enfant en pleurs, à la table voisine.

**Maman Ouly :** (observant avec un sourire) Vous avez l'air d'avoir les mains pleines.

**Amina :** (regardant avec un sourire fatigué) Oh, oui. Je garde cet enfant pour une amie aujourd'hui. Il n'est pas de très bonne humeur.

**Maman Ouly :** (curieuse) Vous gardez souvent des enfants ?

**Amina :** (hochant la tête) Oui, c'est mon travail. Je suis nounou. J'adore m'occuper des enfants, même si certains jours sont plus difficiles que d'autres.

La conversation continua, et Maman Ouly apprit que la jeune femme s'appelait Aminata Gueye. Elles discutèrent de tout et de rien, trouvant un réconfort mutuel dans cette conversation imprévue. Après un moment, Maman Ouly ne put s'empêcher de partager ses préoccupations.

**Maman Ouly :** (hésitant) Mon fils traverse une période très difficile. Il a perdu sa femme il y a quelques mois en donnant naissance à leur fille. Il est plongé dans une dépression et ne parvient pas à s'occuper correctement de sa fille. J'essaie de l'aider, mais ce n'est pas suffisant.

**Amina :** (avec compassion) Oh, je suis désolée d'entendre cela. Cela doit être incroyablement difficile pour lui et pour vous.

**Maman Ouly :** (prenant une grande inspiration) J'ai pensé... peut-être pourriez-vous nous aider. Mon fils a besoin d'une nounou, quelqu'un de patient et de compréhensif, comme vous.

**Amina :** (sursautant légèrement) Moi ? Mais je... je ne sais pas si je serais à la hauteur pour une telle situation.

**Maman Ouly :** (avec insistance) Amina, je vous ai observée. Vous avez une manière apaisante avec les enfants. Mon fils pourrait vraiment bénéficier de votre aide. Il est très fermé en ce moment, mais je suis sûre qu'il finira par vous accepter.

**Amina :** (hésitant) Ce serait un gros engagement. J'ai entendu dire que les gens en deuil peuvent être très difficiles à approcher, et je ne veux pas m'imposer si votre fils n'est pas prêt à accepter de l'aide.

**Maman Ouly :** (soupirant) Je comprends vos réserves. Mais croyez-moi, il a besoin d'aide, même s'il ne le réalise pas encore. Il est en train de se perdre, et sa fille a besoin de quelqu'un de stable dans sa vie. Je ne peux pas le faire seule.

**Amina :** (réfléchissant profondément) Je suppose que... si je peux aider, je devrais au moins essayer. Mais seulement si votre fils est d'accord. Je ne veux pas causer plus de mal que de bien.

**Maman Ouly :** (souriant, pleine de gratitude) Merci, Amina. Je parlerai à Cheikh et essaierai de lui faire comprendre l'importance de votre présence. Vous pourriez vraiment faire une différence pour nous.

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C'est ainsi que, après une rencontre fortuite et un débat sincère, Amina accepta de rencontrer Cheikh, bien qu'avec des réserves. Maman Ouly espérait de tout cœur que cette jeune femme pourrait apporter la lumière dont son fils avait désespérément besoin.

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**Cheikh :** (entrant dans la maison, fatigué après une longue journée de travail) Bonsoir, maman. Comment s'est passée ta journée ?

**Maman Ouly :** (souriant, essayant de cacher son excitation) Bonsoir, mon fils. Ma journée a été bien remplie, comme d'habitude. J'ai passé un moment agréable au salon de thé aujourd'hui.

**Cheikh :** (se dirigeant vers la cuisine pour se servir un verre d'eau) Ah, c'est bien. Tu as pu te détendre un peu, j'espère.

**Maman Ouly :** (le suivant dans la cuisine) Oui, et j'ai fait une rencontre intéressante. J'ai parlé avec une jeune femme, Amina, qui est nounou. Elle m'a vraiment impressionnée par sa douceur et sa patience.

**Cheikh :** (fronçant les sourcils, anticipant où cette conversation pourrait mener) Maman, tu sais que je n'ai pas besoin de nounou. Je gère très bien les choses comme elles sont.

**Maman Ouly :** (doucement) Cheikh, je comprends ton désir de tout faire toi-même, mais tu es épuisé. Tu portes le poids de ton entreprise et de ta famille tout seul. Amina pourrait t'apporter le soutien dont tu as besoin, pour toi et pour ta fille.

**Cheikh :** (haussant la voix, irrité) Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas d'une autre femme dans cette maison ! Personne ne remplacera ma femme, et je ne veux pas qu'une étrangère vienne ici et chamboule notre vie.

**Maman Ouly :** (essayant de rester calme) Cheikh, il ne s'agit pas de remplacer ta femme. Il s'agit de trouver de l'aide pour que tu puisses te reposer et prendre soin de ta fille. Amina peut apporter un peu de légèreté et de soutien dans notre quotidien.

**Cheikh :** (frustré) Non, maman. C'est non négociable. Je ne veux pas de cette femme ici. J'ai tout sous contrôle, et je ne veux pas que quelqu'un vienne perturber notre équilibre.

**Maman Ouly :** (suppliant) Cheikh, regarde-toi. Tu es épuisé, tu es à bout. Ce n'est pas une faiblesse d'accepter de l'aide. Amina est une personne bienveillante qui peut vraiment nous aider.

**Cheikh :** (ferme) Je ne suis pas prêt à avoir quelqu'un d'autre ici. Cette maison est pleine de souvenirs, et je ne veux pas que quelqu'un vienne les effacer ou les remplacer.

**Maman Ouly :** (soupirant profondément) Cheikh, je ne te demande pas d'oublier ta femme ou de remplacer ses souvenirs. Je te demande seulement de penser à ce qui est le mieux pour ta fille. Elle a besoin de stabilité et de joie, et Amina peut aider à lui apporter.

**Cheikh :** (agacé) Ça suffit. Je ne veux plus en entendre parler. Je gère la situation comme je peux. C'est tout.

**Maman :** (le regardant avec tristesse) D'accord, Cheikh. Mais si jamais tu changes d'avis, sache que je suis là pour t'aider.

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Cheikh Bamba: La Nounou de ma filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant