Partie 07

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**Cheikh :** Bébé, tu sais que je t'ai aimée depuis le premier jour où tu as foulé le parquet de mon bureau ?

**Dalanda :** Moi aussi, je suis tombée sous ton charme dès le premier jour. (d'une voix faible avec un petit sourire)

**Cheikh :** Depuis ce jour, je n'ai pas arrêté de t'aimer. Tu es la femme la plus forte que j'aie jamais connue. Notre fille a vraiment de la chance d'avoir une mère battante comme toi.

**Dalanda :** Elle a encore plus de chance d'avoir un papa aimant, bienveillant et aussi merveilleux que toi. (d'un air ému)

**Cheikh :** Tu te rappelles de notre voyage à Tahiti ? Quand nous étions à la plage et qu'une petite tortue est montée sur ton pied et que tu courais dans tous les sens ?

**Dalanda :** (riant doucement) Oui, je m'en souviens très bien.

**Cheikh :** C'était moi qui avais mis la tortue là ! (se moquant gentiment d'elle)

**Dalanda :** (souriant) Je le savais. Mais n'oublie pas que je me suis vengée en mettant du sel dans ton café et en te faisant croire que je m'étais trompée de pot. (en forçant un sourire)

**Cheikh :** (riant) Tu ne paies rien pour attendre. Après notre journée d'aujourd'hui, on verra si tu tiens toujours le même discours. (lui pinçant la joue)

Dalanda sourit de toutes ses dents et ils se regardèrent fixement. Tout à coup, ils entendirent les cris de leur bébé, celui qu'ils avaient conçu avec tant d'amour et de passion, le mélange de leurs chairs et de leurs sangs.

**Docteur :** Félicitations, Madame Diop, vous avez une jolie petite fille en pleine santé. Vous pouvez la tenir dans vos bras.

Cheikh eut le privilège de couper le cordon ombilical. Ce moment était extraordinaire. L'une des sages-femmes prit le bébé puis le posa sur la poitrine de Dalanda. Dalanda n'en croyait toujours pas ses yeux. Tout son visage était recouvert de larmes. Puis elle dit d'une voix très faible :

**Dalanda :** J'ai réussi, mon amour. On a réussi.

Au même instant, Cheikh entendit les machines du bloc opératoire sonner. Il commença à demander au médecin ce qui se passait, d'un ton horrifié, mais ce qu'il voyait n'augurait rien de bon.

**Cheikh :** DOCTEUR, QU'EST-CE QUI ARRIVE À MA FEMME, BON SANG ?

**Docteur :** Elle fait un infarctus du myocarde. Elle est en train de plonger dans le coma. Monsieur, s'il vous plaît, sortez du bloc. De l'adrénaline, 100 mg ! (criant)

**Cheikh :** Je ne sortirai pas d'ici ! Je reste avec ma femme !

Les yeux brouillés de larmes, Cheikh criait le nom de Dalanda, mais sans réponse. Après tant d'insistance de la part du docteur, il finit par sortir du bloc. Il faisait les cent pas devant la porte du bloc opératoire jusqu'à ce qu'un des membres du personnel médical lui demande d'aller patienter dans la salle d'attente, car il était interdit aux personnes ne faisant pas partie du corps médical de rester là-bas. Cheikh expliqua que c'était sa femme qui se trouvait à l'intérieur, mais comme les règles restaient des règles, il n'insista pas.

Il trouva sa mère, Maman Ouly, ainsi que Maman Suzanne (la mère de Dalanda) et Ahmed dans la salle d'attente. Ils coururent vers lui, lui demandant comment allait Dalanda. Vu l'état dans lequel il se trouvait, ils comprirent aussitôt que quelque chose de grave se passait. Il commença à leur faire part de ses inquiétudes.

**Cheikh :** Dalanda vient de donner naissance à une fille. Je vous rassure, le bébé va très bien, mais c'est le cas de Dalanda qui m'inquiète. Elle est devenue comateuse juste après l'accouchement. J'ai vraiment peur de la perdre.

**Maman Ouly :** (tentant de le calmer) Bamba, calme-toi. Dalanda ira mieux, incha'Allah. Calme-toi.

**Cheikh :** (désespéré) Si il lui arrivait malheur, je ne me le pardonnerai jamais. Dès le début, je savais que sa grossesse était risquée, mais j'ai quand même fini par céder. C'est quelque chose que je n'aurais pas dû faire.

Voyant la compassion et l'empathie sur leurs visages, Maman Suzanne s'approcha et lui tint le bras puis elle dit :

**Maman Suzanne :** Bamba, étant un bon musulman, tu ne devrais pas te laisser emporter par tes émotions comme ça. Cette naissance a été avant tout une décision divine, avant d'être la volonté de Dalanda. Laissons tout entre les mains du Créateur, tout en sachant qu'Il fera le meilleur pour votre couple.

La sagesse de Maman Suzanne eut le don de calmer Cheikh. Quelques instants après, il aperçut le docteur qui se dirigeait vers eux, tenant son bonnet entre les doigts.

**Docteur :** Toutes mes condoléances, Monsieur Diop. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour sauver votre femme, mais en vain.

Cheikh n'entendit que du vent. Ses oreilles sifflaient tellement fort qu'il crut que la terre entière s'abattait sur lui. Il resta statique, fixant le docteur comme un possédé, incapable de cligner des yeux. Comme si le monde avait arrêté de tourner, il commença à marcher en titubant, espérant que ce n'était qu'un mauvais rêve dont il se réveillerait bientôt.

Il entra dans la salle où Dalanda avait été transférée. Elle était là, allongée, inerte, le corps tout froid, les mains superposées l'une sur l'autre. Elle était couverte par un drap blanc qui lui arrivait jusqu'à la poitrine. En un instant, il crut qu'elle essayait de dessiner un sourire, tellement son visage était clair, mais ce n'était qu'une illusion. On aurait dit qu'elle dormait simplement. Il lui caressa la tête et le visage, sans aucune réaction de sa part. Puis il éclata en sanglots :

**Cheikh :** Dalanda, ma chérie, ouvre les yeux et dis-moi que je rêve, que tu n'es pas partie, que je ne devrais pas m'inquiéter. Mon amour, tu ne vas pas me faire ça, tu ne devrais pas nous faire ça. Aujourd'hui était censé être le plus beau jour de notre vie. Que sera nos vies sans toi ? Et notre fille ! Tu as au moins pensé à elle ? Dalanda, réponds-moi pour l'amour de Dieu !

Il la serra fort dans ses bras, ne sentant pas le battement de son cœur qui autrefois était si rythmé. Ses mains de fée, qui l'enlaçaient avec tant d'amour, pendaient sur le lit. Elle sentait toujours ce parfum doux et frais qu'elle avait l'habitude de mettre. Cheikh n'avait plus l'esprit fixe, tout partait dans tous les sens. Ahmed le trouva là-bas et le sortit de ses pensées floues :

**Ahmed :** Bamba, il ne nous reste plus qu'à prier pour elle. Dieu fait bien les choses et peut-être que c'est ce qui était mieux pour elle. Elle est partie en accomplissant ce qu'elle a toujours voulu. Elle est partie le cœur rempli de joie et de bonheur. Elle n'aurait jamais voulu te voir dans cet état. Reprends-toi, tu as une fille qui compte maintenant sur toi. Sois fort, mon frère.

Cheikh réalisa qu'il devait rester fort pour leur fille. Malgré la douleur, il devait trouver la force de continuer pour elle, car elle avait besoin de lui plus que jamais.

Cheikh Bamba: La Nounou de ma filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant