Un voile sombre s'enroule autour de mes pensées, serpentant comme un anesthésiant, supprimant l'importance que le monde met sur des priorités. Il n'existe plus rien que cet idée, ce besoin – vital – de fuir.
Fuir pour ne pas se détruire, quitter mon enfer pour trouver de nouveaux démons...
Plus doux.
Les sons extérieurs se brouillent, semblant s'allier avec mes pensées tourmentées. L'appareil qui ne quitte pas ma poche arrière se fait happer par ma main, main qui presse, augmente, sature mes tympans. Les aigus se font transcendants, les basses, assourdissantes.
Je veux oublier le monde extérieur.
Je veux m'échapper pour ne jamais revenir.
Je veux fuir.
Je suis lâche mais ma raison est absente. Je suis impulsive mais mon inconscient attend depuis trop longtemps de prendre le contrôle. Je lui cède dans mon excès de confiance, de liberté crée.
Ça fait tellement de bien, mais les ténèbres sont justes là...
Entre ces murs.
Le baladeur est à nouveau à sa place, prêt à se faire kidnapper dans ma quête. Les sons claquent dans mes oreilles, mon quotidien se fait ensevelir par l'assemblage des rythmes. Les mots chantent à mon âme, lui priant d'écouter leur hymne évasif. Les tissus volent, créant une danse renouvelée jusqu'à l'épuisement de l'espace. Mes épaules reçoivent un poids qui les incommodent, mais qui est nécessaire. Des assemblages de feuilles noircies de langages prennent place dans l'endroit restreint qu'est ce sac. Des billets de couleurs aux chiffres changeants trouvent refuges dans une pochette. Mon passeport, seul clé vers mon envol lointain se faisait lui aussi saisir. Mes pieds se font emprisonnés dans leurs nids respectifs.
Je n'ai pas le temps de m'encombrer de choses futiles, ma vie l'est déjà assez.
Mes jambes s'actionnèrent, aucun regard ne fût lancé vers l'arrière. Mes doigts attrapèrent la poignée comme si elle était la chose la plus importante de ma vie. Le froid prit possession de mon esprit plus que de mon corps. Un vide remplit mon cœur, ne laissant la place à rien d'autre.
Un vide solide, fait de matière, incassable, imbrisable, indomptable...
Mais douloureusement plein.
Je n'entendis pas la porte claquée, la musique m'en empêcha. Le même bruit qu'une pierre tombale, scellée, je ne laisserais plus mon enveloppe corporel déposer sa présence ici.
Je voulais prendre le moins de souvenirs...
Tous teintés d'anthracite.
Les choses matérielles étaient faites pour aspirer les mémoires et nous les rappeler, bonnes ou mauvaises. Il fallait y faire attention, ils pouvaient disperser une atmosphère ténébreuse dans notre environnement, sans que l'on ne le sache.
J'enfourchais l'engin de métal qui renfermait un moteur ronronnant, m'offrant le seul sentiment de liberté dont je pouvais bénéficier...
Avant.
En sentant l'air dans mes cheveux coupés courts, ayant marre de jouer à la fille parfaite qui était loin d'avoir une vie identique. Un casque couvrait quand même ma tête, contrairement à d'habitude, où la mort était ma seule porte de sortie.
J'avais enfin le courage insensé de me jeter dans l'inconnu sans penser au passé, et de créer mon avenir sans craintes.
Cette chance unique d'échappatoire ne se reproduirait plus avant un long moment, assez grand pour me faire perdre foi en la vie. Foi qui s'effaçait de plus en plus jusqu'à cette nuit rêvée.
Je ne compte pas le temps que la route fila devant mes yeux, que les réverbères illuminèrent, puis s'éloignèrent, me plongeant dans le silence comateux, seulement troublé par mes accélérations et la musique toujours présente dans mes oreilles.
L'obscurité dense se fendait devant moi à la lumière de mes phares.
J'ignorais où ils étaient partis, je ne voulais pas le savoir. Ma plus grande peur actuelle était que je les croise et qu'ils me reconnaissent, m'empêchant d'accomplir ma destinée.
Les radars n'étaient pas ma préoccupation principale...
Juste fuir...
Le plus loin possible jusqu'à m'envoler.
Une nouvelle identité, une nouvelle vie, un nouveau départ...
Une chance...
Un renouveau.
L'irréel de la situation coulait encore dans mes veines, l'adrénaline ne s'atténuant point.
Les villages défilaient, les petites villes se raccourcissaient, les plus grandes s'évaporaient jusqu'à cette dernière, mon point de vol.
Aucune trace.
Je vendis ma chère cylindrée. Je devais tout rayer pour mieux recommencer.
Un billet.
Sans détour, sans retour, sans regret.
J'avais assez de liquide pour vivre un an sans travailler mais ce n'était pas mon but.
Je ne voulais pas juste exister.
Je voulais vivre.
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ƧƲƝƧӇƖƝЄ ƠƝ ƳƠƲ,
ƛԼƖҲ ⚜️
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✧ ƑЄЄԼƖƝƓƧ ✧ ᶠʳᵉᶰᶜʰ
Spiritual« ԼЄƧ ƧЄƝƬƖMЄƝƬƧ ƧƠƝƬ ƲƝЄ ƤƛƲƧЄ ƊƛƝƧ ԼЄ ƬЄMƤƧ » Il y a une question que je me pose souvent : - Qu'est-ce que je ressens ? Encore une fois, je n'ai pas la réponse... Les mots n'arrive pas toujours à expliquer ce que nous dicte notre âme et notre coe...