Chapitre 13 : Les étoiles dans le ciel

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- T/p 6 ans -

- Qu'est-ce qu'on fait de la petite bordel, elle est au poste depuis ce matin ?!

Les grandes personnes sont oppressantes, elles parlent fort, s'agitent et me jettent des coups d'œil désespérées. Papa et maman ne sont pas rentrés hier soir, ça arrive souvent, ils travaillent tous les deux à Brooklyn, ce n'est pas tout proche de l'appartement. Ce matin, une dame en uniforme est venu me réveiller dans mon lit et m'a emmené ici, j'aurais préféré attendre papa et maman dans le salon mais elle a beaucoup insisté...

- Il est bientôt minuit, elle va commencer à avoir sommeil...

Mes yeux se plissent mais je lutte pour les maintenir ouverts, ce soir je veux une histoire de papa et un câlin de maman, pas question de dormir sans.

- J'ai un appel de l'hôpital... Je décroche.

Les adultes s'agitent, ils semblent nerveux, le coup de téléphone se termine et celui qui tenait le combiné déclare, la voix grave :

- C'est terminé...

- Putain...sa mère avait quoi ? Vingt cinq ans, et son père, trente ans tout juste...

Je ne comprends pas ce qu'il se passe, leurs regards se posent tous sur moi, ils contiennent tellement de pitié que ça me sers le cœur, l'incompréhension me submerge et la panique me gagne.

- Il faut lui annoncer Carlos.

- Je n'ai jamais fait ça, elle n'a que six ans...

Le dénommé Carlos, un grand monsieur brun mal rasé, s'accroupit face à moi afin d'être à ma hauteur, il prend ma petite main et se racle la gorge avant de déclarer :

- Tes parents sont décédés, je suis désolé...

Quelques minutes de silence s'écoulent, elles semblent durer des heures... Décédés ? Qu'est-ce que ça veut dire d'abord ? Je sens de la tristesse partout dans la salle, ça m'oppresse, une larme coule sur ma joue.

La grande personne qui m'a réveillé ce matin s'accroupit également en murmurant :

- Je ne suis pas sûre qu'elle ait tout compris...

Ses yeux bruns se noient dans les miens alors que d'une voix faible elle me dit :

- T/p, ton Papa et ta Maman sont partis pour un grand voyage, ils montent dans le ciel, tu pourras les regarder le soir dans les étoiles. Ils t'aiment très très fort d'accord ?

Je hoche la tête. Mes yeux s'embuent de larmes, mon cœur semble avoir compris, c'est une douleur insupportable, un vide qui semble crever l'estomac, sans ne jamais s'arrêter, encore et encore. Je pleure, j'hurle presque, le sel me brûle les yeux, la gorge et les poumons.

- C'est pas possible ! On part toujours en voyage tous les trois !

Dans les histoires de papa, lorsque les personnages s'envolent dans le ciel, ils ne reviennent jamais, et ça moi, je ne veux pas...

Un bourdonnement insupportable s'installe dans ma tête, mon être déborde de chagrin et mon esprit parvient à peine à capter les quelques bribes de conversations qui fusent autour de moi.

- J'ai réussi à trouver l'adresse de la grand mère de la petite.

- Il n'y a qu'elle pour prendre sa garde, son père était orphelin, où est-ce qu'elle vit ? Il faudrait qu'on y conduise la petite ce soir.

- Attends je te dis ça...

Mes larmes ne s'arrêtent plus, un grand monsieur m'a pris dans ses bras, sa peau est noire comme papa mais il ne sent pas aussi bon, tout s'écroule, mes repères d'enfants, mes certitudes de vies, absolument tout.

- Elle vit au... Putain.. au JAPON bordel !

- La petite n'est jamais sortie du territoire, il y a peu de chance qu'elle la connaisse, je reviens je vais essayer de la joindre, mais je ne parle pas un sombre mot de japonais.

Je m'endors, tremper de larmes, de sel, de douleur. Puis, des voix me réveille, il fait encore nuit dehors, j'ai du m'assoupir, une demi heure tout au plus :

- La vieille n'était même pas au courant qu'elle était grand-mère, sa fille a quitté le japon à 19 ans en coup de vent, elle a du se faire naturaliser rapidement, le japon n'accepte pas la double nationalité.

- Une famille fracturée, c'est encore pire...

- Le pire c'est qu'elle n'avait pas l'air ravi de devoir prendre la garde de sa petite fille...




- T/p présent -

Je suis assise dans le bus, ça y est c'est le grand jour, le voyage scolaire. Perdue dans mes pensées, c'est Tobio qui me fait revenir au présent :

- Ça va mieux, depuis hier ?

Il s'assied à mes côtés.

- Oui, oui ce n'était rien, merci de demander, et toi, t..on, ton sourcil ? je demande en l'effleurant du doigt, geste que je regrette aussitôt car je retire mon doigt brusquement.

- C'est rien ça.

- Désolée, c'est de ma faute.

- Putain, arrête de dire ça.

Je me tais, le bus démarre, à mes côtés Tobio enfile ses écouteurs et sort son téléphone, je jette un coup d'œil indiscret, il visionne le dernier match d'une équipe intitulé « Aoba Jôsai » , il semble extrêmement concentré, ça me fait sourire. Hana est devant moi, elle s'est endormit contre la vitre du bus, elle devait être tellement excitée hier soir qu'elle n'a pas du fermer l'œil de la nuit.

On est par deux ou trois pour les chambres d'hôtel, on s'est mises ensemble, je suis contente, je vais pouvoir passer du temps avec elle. On arrive à la capitale en début de soirée, on a le temps de s'installer dans nos chambres avant le dîner, dans la nôtre il y a un grand lit deux places, on s'affale dessus en riant. Puis on s'allonge sur le dos quelques minutes, Hana murmure :

- Je vis dans un rêve actuellement.

Je hoche la tête en souriant :

- Moi aussi...

On se redresse, et on décide de défaire nos valises avant de rejoindre le réfectoire, il y a une grande armoire en bois de cerisier, pour deux, c'est amplement suffisant. Notre chambre sens les produits d'entretiens et les draps propres, ça me plaît.

Observe, Kageyama x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant