Chapitre 10 : Tobio

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Lorsque j'arrive en cours ce matin les papiers pour le voyage commencent déjà à circuler, tout le monde ne parle plus que de ça. Malgré tout, j'ai appris une bonne nouvelle, comme je ne pars pas, je n'aurais pas cours lors de la semaine du voyage, ce qui signifie que mamie pourra se reposer un peu. Elle va être contente quand je vais lui dire que je pourrais travailler une semaine complète.

La matinée passe plutôt lentement et je déjeune avec Hana le midi, elle parle beaucoup, moi peu, je suis fatiguée de mon weekend. Parfois j'aimerais être comme elle, m'amuser beaucoup et avoir toujours quelque chose à raconter, en clair ne pas vivre le quotidien barbant qui hante mes journées. Kageyama part au beau milieu de l'après-midi, il dit au prof se sentir mal avant de se lever de sa chaise, une main sur le ventre, j'espère que ça va aller... Quand la sonnerie indiquant la fin des cours retentit je vais au CDI . Je dois faire quelques recherches et heureusement pour moi j'en ai parlé hier à grand-mère qui ne s'est même pas énervée. Alors que je marche en direction du CDI je croise Hinata inquiet enfin plutôt préoccupé qui me demande si je n'ai pas vu Kageyama, alors je lui réponds :

- Il est parti cet après-midi, il ne se sentait pas très bien.

- Il doit vraiment être mal, d'habitude c'est Daichi qui le force à rentrer chez lui, il avait promis qu'il me ferait des passes en plus ! s'énerve mon interlocuteur lorsque je lui apprends la nouvelle.

J'espère qu'il va bien...

- Ce matin, comment était-il à l'entrainement ? inquiète je m'empresse de demander.

- Au top il était même super efficace !

C'est bizarre.

- Bon ben je te laisse il faut que j'aille au CDI, espérons que tout va bien pour lui ! je m'exclame en adressant un signe de main à Hinata.

- A plus ! il me répond.

Le calme de la bibliothèque du lycée ne parvient pas à calmer mes craintes, il ne devait vraiment pas se sentir bien pour louper l'entrainement... Mes recherches pour le devoir d'anglais sont assez rapides comme il n'y a pas plein de ressources anglaises mais je trouve quand même de quoi développer mon devoir. Je pense que je traine quarante petites minutes avant d'enfourcher mon vélo, le trajet est agréable, il fait grand soleil, et ses rayons caressent les parcelles de mes jambes qui dépassent de ma jupe, que c'est agréable. Une petite brise se cale dans mon dos et j'arrive assez rapidement dans l'allée qui mène au café. Je descends de mon vélo, le dépose contre le mur, prends une grande inspiration, et défroisse la jupe de mon uniforme avant de rentrer. Lorsque que j'ouvre la porte, abasourdie je me retrouve nez à nez avec un Kageyama vêtu d'un tablier noir, servant des cafés. Je ne comprends plus rien. Son regard me croise et il me salut avec un naturel déconcertant :

- Salut.

- Hein, mais qu'est-ce que tu fous là ?!

Il fait un tour sur lui-même et demande un air innocent plaqué au visage :

- T'aimes pas ?

- Là n'est pas la question ! T'étais pas censé être malade ?

J'étais inquiète...

- Ah ouais j'avais oublié ce détail, depuis quand tu fais attention à mes absences comme ça ?

Peut-être depuis que mon cœur s'alourdit de bonheur lorsque tu me parles...

- Comment ça « ce détail », je te signale que t'ai parti en plein milieu du cours de maths, qui était particulièrement ennuyeux, n'importe qui s'en souviendrai ! je me défends.

- Je n'ai pas accepté ton offre pour que tu fasses la discute Tobio ! s'énerve ma grand-mère en arrivant derrière nous.

HEIN ?

- Désolé madame, j'y retourne.

- T/p ça vaut pour toi aussi, au travail !

- Je peux avoir des explications ? je m'agace.

Alors qu'il s'éloigne vers le comptoir elle me répond enfin :

- Figure-toi que ce jeune homme veut absolument que tu partes en voyage scolaire alors il est venu trouver un arrangement pour que j'accepte de te laisser partir à Tokyo.

PARDON ?!

Je dois donner l'impression de n'avoir rien compris car elle répète :

- Il bosse ici et en échange je te laisse partir pour ton voyage.

Je regarde Kageyama incrédule, mon cœur bat fort dans ma cage thoracique, son attention me touche vraiment. Il est venu jusqu'ici et a parlé à ma grand-mère, il a même réussi à la convaincre de me laisser partir, elle n'était même pas au courant qu'il y avait un voyage d'organisé, je me demande comment il a fait pour la convaincre... Alors que je digère cette révélation tout s'accélère, je me mets au travail, lui à mes côtés, j'ai l'impression de flotter dans une bulle de bonheur qui menace d'exploser. Rien n'a de sens et le pire est de constater que je le trouve affreusement beau comme ça, son tablier noir ajusté autour de sa taille et son plateau posé dans sa main droite. Au bout d'une grosse demie heure, alors que je prépare un thé au matcha je finis par chuchoter :

- Mais, elle te paye ?

Il me regarde comme la première des imbéciles et répond, un sourire éclairant son visage :

- T'as rien compris pour quelqu'un qui crane sur son intelligence.

Légèrement outrée par sa remarque et en guise de réponse je lui donne un coup de coude dans les cottes avant de murmurer :

- Je ne crane pas !

Il lève les yeux au ciel et réplique :

- Mais bien sûr...

- Plus sérieusement, pourquoi est-ce que tu fais ça pour moi ?

- J'en sais rien, comme ça.

- T'en sais rien ? je répète incrédule.

- Ouais, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

Je souffle, puis chuchote une dernière fois car je vois grand-mère approcher :

- Aucune idée, en tout cas, merci Kage-...

- Tobio.

Je le questionne du regard, alors il poursuit :

- Tu peux m'appeler Tobio.

Des papillons tourbillonnent dans mon cœur à l'entente de ces simples mots et je m'efforce de ne pas sourire comme une idiote.  

Observe, Kageyama x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant