♔ CHAPITRE 3 ♔

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Je me réveillai lentement, la lumière tamisée du matin filtrant à travers les rideaux entrouverts, projetant de douces ombres sur les murs. La chaleur du corps qui m'entourait me tira de mon sommeil, me ramenant durement à la réalité. En ouvrant les yeux, je remarquai l'homme étendu à mes côtés. Son souffle calme et régulier emplissait la pièce silencieuse d'une harmonie tranquille. Mince, je ne voulais pas m'endormir, pensai-je avec une pointe de frustration, m'efforçant à chasser la brume du sommeil.

Je me redressai légèrement, observant le plafond avec une lassitude dissimulée. C'était toujours le même scenario : le confort qu'il offrait n'était jamais véritablement réconfortant, simplement une absence d'intrusion dans ma routine. Je fréquentais d'autres hommes, mais lui était le seul que je voyais régulièrement. Et par "régulièrement", j'entendais par là, la quatrième fois ? Il offrait une forme de constance sans engagement, quelque je n'avais ni à gérer, ni à entretenir. C'était un arrangement silencieux, un pacte tacite entre nous. Chacun trouvait dans cette relation éphémère ce dont il avait besoin sans complication supplémentaire : l'attachement, la confiance, la trahison et la tristesse.

Je me penchai discrètement pour saisir mon téléphone, abandonné sur le sol parmi un tas de vêtements froissés. Le contact du téléphone me rappela brutalement mon rendez-vous à neuf heures et demie avec le Prince Carter, et je devais absolument éviter d'arriver en retard. Les minutes s'égrenaient rapidement, et l'idée de manquer cette rencontre me plongea dans une légère panique.

Je me levai rapidement, attrapant au passage mes vêtements de la vieille, que j'enfilai à une vitesse frénétique. Les boutons de ma chemise semblaient se dérober sous mes doigts tremblants, pendant que je me précipitai vers la salle de bain. Le miroir me renvoya une image de moi-même débraillée, les cheveux emmêlées et mon maquillage étalé sur mon visage.

Sans perdre une seconde, j'aspergeai mon visage d'eau, et me redonnai une allure présentable. En sortant de la salle de bain, Marlon, précédemment allongé de tout son long, était désormais redressé sur le lit. Son torse nu se découvrait sous les draps froissés, et il m'observait avec une curiosité non dissimulée.

— Tu t'en vas déjà ? demanda-t-il, à peine éveillé.

— Oui, je suis en retard pour un rendez-vous, répondis-je en ajustant rapidement ma veste.

Je lui lançai un sourire désinvolte, tout en rassemblant mes affaires éparpillées.

— Tu te sauves comme une voleuse, continua-t-il en se moquant légèrement.

À dire vrai, il n'avait pas tord, et une vague de gêne mêlée à de la culpabilité me serra le ventre, ces émotions que j'évitais au possible. Ses paroles pouvaient être une veine tentative d'alléger la situation, ou une réflexion sincère ; après tout, qui pourrait le dire ? Ce que je savais avec certitude, c'était que ses mots, une fois prononcés, avaient scellé le destin de notre relation. Il avait peut-être mis un terme à tout cela sans même le vouloir, mais le fait était là : la brèche était désormais ouverte, et il avait signifié, en un simple commentaire, la fin de ce que nous avions.

Je me tournai vers lui, l'air faussement contrit.

— La ponctualité est une vertu précieuse, dis-je en haussant les épaules. J'ai un emploi du temps chargé.

Je glissai la lanière de mon sac à main sur mon épaule et enfilai mes escarpins vertigineux d'un geste rapide. En me dirigeant vers la porte, la main déjà sur la poignée, je lançai d'un ton léger :

— C'était vraiment sympa, à la prochaine !

Ma voix ne cachait pas l'absence totale d'intention de le revoir. Je lançai un dernier regard en arrière, presque comme une confirmation silencieuse de mon départ définitif, avant de franchir le seuil de la porte.

LES OMBRES DE LA COURONNE ♔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant