♔ CHAPITRE 4 ♔

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Le palais se dressait devant moi, imposant et majestueux, ses tours d'ivoire émergeant du ciel comme des sentinelles vigilantes. Leur hauteur me surplombait, projetant une ombre intimidante qui semblait m'écraser sous le poids de leur autorité. J'avais déjà vu des forteresses dans ma vie, mais aucune ne pouvait rivaliser avec celle-ci. Ici, tout n'était que contrôle, puissance, et rigueur absolue. L'air lui-même semblait saturé d'une force invisible, une pression palpable qui pesait sur mes épaules à chaque pas.

Franchir les premières portes fut un véritable parcours du combattant. Peu importait mon poste récent ou la recommandation royale que je présentais, cela ne suffisait pas. Chaque contrôle semblait plus rigoureux que le précédent. Les gardes me scrutaient avec une suspicion à peine voilée, leurs regards acérés balayant chaque centimètre de ma personne. Mon identité fut vérifiée, re-vérifiée, puis scrutée à nouveau, comme si j'étais une potentielle intruse, une anomalie.

Lorsque j'entrai enfin, l'intérieur du palais me coupa le souffle. Les vastes couloirs semblaient interminables, chaque recoin quadrillé par des hommes en uniformes, l'œil alerte, surveillant chaque porte, chaque fenêtre, comme s'ils anticipaient la moindre menace. Traverser le hall principal me donnait l'impression de m'aventurer dans un sanctuaire interdit, un lieu sacré où seuls quelques élus avaient le privilège de poser les pieds. Et j'étais désormais l'une de ces rares personnes.

Les plafonds étaient si hauts qu'ils paraissaient toucher le ciel, et chaque pièce, baignée de lumière naturelle, révélait des détails subtils mais exquis. Des dorures discrètes ornaient les murs, tandis que des fresques anciennes racontaient des histoires perdues dans le temps. Chaque décor, aussi somptueux qu'élégant, révélait une richesse d'une autre époque, une opulence qui ne cherchait pas à impressionner par la démesure, mais plutôt par la maîtrise d'un goût raffiné et irréprochable.

Alors que je me laissais absorber par la magnificence du lieu, le prince Carter apparu dans mon champs de vision. Flanqué de deux gardes du corps, il s'approchait avec la même assurance qu'à l'accoutumé. Son visage impassible, comme à son habitude, dissimulait toute émotion, mais ses yeux brillaient d'une lueur indescriptible, presque troublante. Ses cheveux bruns soigneusement coiffés, et sa barbe ajoutaient à son allure une touche soignée, pourtant, sa chemise blanche légèrement froissée créait un contraste frappant, tandis que ses manches retroussés dévoilaient ses avant-bras musclés, marquant un équilibre subtil entre élégance décontractée et autorité naturelle. En tant que Prince du pays, avait-il le droit de porter des vêtements froissés ?

Ses gardes, tout comme leur employeur, étaient impeccables : droits, rigides, leurs visages fermés, vêtus d'un noir impeccable. Même avec mes années de boxe, je savais que je n'étais pas à la hauteur face à eux. En l'espace de trente secondes, ils pouvaient me mettre au tapis, et ce sans aucun effort. L'un d'eux capta néanmoins mon attention. Il dégageait une aura que je ne pouvais ignorer : mystérieux, confiant, irrésistiblement sexy. Mon regard s'attarda sur lui, un peu plus longtemps que je ne l'aurais voulu. À peine perceptible, un sourire semblait se dessiner au coin de ses lèvres.

Gênée, je détournai les yeux et les reposai immédiatement sur le prince Carter. Bien sûr, il n'avait rien manqué de la scène. Avec une perspicacité qui le rendait agaçant, il remarqua mon léger embarras et, d'un ton faussement bienveillant, lança :

— Alors, mademoiselle Sanders, hâte de travailler ici ?

Je marmonnai, tentant de cacher mon trouble :

— Le lieu est... impressionnant.

C'était là une de mes faiblesses : j'avais un faible pour les hommes séduisants, à l'aura imposante. Et soyons honnêtes, même Carter ne faisait pas exception. Il était difficile de garder mon esprit en alerte face à tant de distractions. Cependant, heureusement pour le peuple et malheureusement pour moi, cet homme n'était pas dupe. Son sourire s'élargit, prenant une teinte plus malicieuse :

LES OMBRES DE LA COURONNE ♔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant