♔ CHAPITRE 5 ♔

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Après cette longue journée, je rentrai enfin chez moi, épuisée mais satisfaite. Le rythme effréné de mon emploi ne me laissait que rarement un moment de répit, et aujourd'hui n'avait pas fait exception. Entre mes réunions au palais et les autres missions sur lesquelles Vanguard avait été sollicité, j'avais à peine eu le temps de souffler. Les projets s'enchaînaient, chacun plus complexe que le précédent, et pourtant, une étrange intuition ne cessait de me suivre depuis mon entretien avec Carter.

Sans attendre, je poussai la porte secrète dissimulée au fond de mon appartement, le pas encore marqué par la fatigue de la journée. Je n'avais même pas pris la peine de me déchausser, mon sac à main toujours suspendu à mon épaule. Ce lieu, inconnu de tous, était mon véritable sanctuaire. Depuis que j'avais acquis cet appartement, c'était ici que je passais la plupart de mes rares moments de liberté. Un ordinateur dernier cri trônait sur un bureau massif, entouré de feuilles éparpillées. Mais l'objet le plus imposant dans la pièce était sans conteste le tableau qui couvrait un mur entier, garni de photos, de notes et de fils rouges reliant entre eux des indices épars. Ma trame personnelle. Chaque fil tissé sur ce mur représentait une piste, une idée, une énigme à résoudre. Le cœur de mon enquête personnelle. Et ce soir, un détail de plus s'ajoutait à cette toile complexe.

Je sortis la photo d'Elena De Vries, celle utilisée dans le dossier que j'avais remis à Carter ce matin, et l'ajoutai à ma collection sur le tableau. Avec précaution, je reliai un fil rouge jusqu'à la photo de son père, Klaus De Vries, le tout souriant premier ministre. Sous celle d'Elena, j'inscrivis simplement : Elena De Vries, fille du premier ministre.

La vérité, c'est que j'étais au point mort depuis des mois. Pas un seul indice n'avait filtré, aucun faux pas, rien de concret sur quoi m'appuyer. Leurs opérations étaient millimétrées, parfaitement exécutées. J'avais l'espoir que, tôt ou tard, ils commettraient une erreur. Que quelqu'un laisserait échapper une information, un détail, un faux mouvement. Juste assez pour que tout s'effondre. Mais pour l'instant, je n'avais que ce tableau, des hypothèses et cette désagréable sensation d'être toujours à un pas de la vérité, sans jamais réussir à l'attraper.

Si j'avais bien appris une chose, malgré moi, c'était que le monde de la haute société était bien plus terrifiant qu'il n'y paraissait. L'argent et le pouvoir ne se contentaient pas de faire tourner la tête ; ils vous transformaient, vous entraînaient à commettre des actes impensables. Derrière leurs sourires polis et leurs airs faussement bienveillants se cachaient des ambitions voraces, prêtes à tout pour conserver leur emprise... et satisfaire leurs besoins les plus sordides.

Depuis plusieurs années, je traquais les ombres d'un trafic d'enfants qui se cachait derrière ces façades élégantes et respectables. C'était pour cette raison que j'avais créé Vanguard. Mon entreprise, bien plus qu'une simple société de sécurité et de renseignements, était l'instrument que j'avais forgé pour démanteler cette horreur. Chaque mission que j'acceptais, chaque contrat signé n'était qu'un moyen d'approcher cette vérité insaisissable. Ils se croyaient intouchables, protégés par leurs titres, leurs fortunes, mais je savais que tôt ou tard, ils feraient une erreur. Et je serai là pour les faire tomber.

À la tête de ce réseau immonde, sans grand indice pour le prouver encore, se trouvait le premier ministre Klaus de Vries. Il ne pouvait pas agir seul, cela me paraissait évident. Un autre grand nom, tout aussi puissant, l'épaulait sûrement dans cette entreprise macabre, mais je n'avais pas encore réussi à découvrir son identité. Leurs clients ? Des personnes riches et influentes, de tous horizons, de toutes professions. Ils exploitaient la vulnérabilité des enfants défavorisés, se nourrissant de leur détresse pour les offrir à ceux qui pouvaient se permettre de payer. Ma sœur avait quatorze ans quand elle a mis fin à ses jours... Sans vraiment comprendre comment, elle avait été entraînée dans ce réseau infâme. Elle avait dû y subir des atrocités que je ne pouvais même pas imaginer, des horreurs qui avaient dû la marquer à jamais. Chaque fois que j'y pensais, une vague de colère et de tristesse m'envahissait, mêlée à un profond désespoir face à l'injustice de son sort. Malheureusement, peu importait l'ampleur de ma colère, la réalité demeurait implacable : les hommes riches exerçaient un pouvoir écrasant sur ceux qui étaient moins influents. Sur ma sœur, et sur de nombreux enfants innocents.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 23 ⏰

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