Un ciel noir opaque enveloppait le monde. Dans son aire, bien à l'abri des mortels, un aigle s'éveilla. Il glatit, s'étira et s'envola. Mille reflets parsemaient son plumage et une sagesse millénaire brillait dans ses yeux.
Il plongea dans une caverne en en ressortit avec un disque flamboyant entre ses serres. Il commença à s'élever lentement dans le ciel, la lueur de son étrange paquetage illuminant la Terre. Dans son sillage, l'air se réchauffait, les animaux diurnes se réveillaient et les fleurs éclosaient. Lorsque le volatile fut arrivé à la moitié de son parcours, il commença à descendre vers le sol, petit à petit. Pendant qu'il plongeait doucement, il regarda les créatures du jour s'affairer puis rentrer au fur et à mesure dans leurs demeures. La lumière faiblissait peu à peu jusqu'à disparaître complètement lorsque l'aigle reposa son fardeau au fond d'une grotte, à côté d'un autre disque. Celui-ci était d'un blanc éclatant et d'une taille plus petite que celui du jour.
Un autre volatile fit son apparition devant la caverne. Il ressemblait beaucoup à une harfang des neiges, bien que les reflets de son plumage pouvaient rappeler une aurore boréale et qu'il était infiniment plus grand qu'un rapace normal. Le nouveau venu prit délicatement mais fermement son paquetage dans ses serres et s'envola. La lueur lunaire perça alors la noirceur de la nuit et réveilla les habitants du monde d'obscurité. Le passage du harfang était toujours plus court que celui de son homologue de jour mais il ne s'en souciait guère. Il volait paisiblement, hululant doucement pour bercer les êtres qui avaient besoin de repos ou conseiller ceux qui restaient pour l'écouter. Son étrange chant fermait les paupières des animaux et courbait les tiges des végétaux. Il était porteur de promesses et d'espoir, de sérénité et de tranquillité. Les créatures nocturnes chassaient à la lueur du chargement étincelant du volatile mais perdirent leurs proies de vue lorsque des volutes brumeuses éclipsèrent le coursier et son paquetage. Pas déstabilisé pour un sou, le harfang battit violemment des ailes pour chasser les nuages. Ils se dissipèrent, laissant à nouveau les délicats rayons opales toucher le sol. Malheureusement, le tour de la lune touchait presque à sa fin. Bientôt, le soleil illuminerait la Terre, porté par un puissant aigle. Ainsi en avait décidé la vie.
Ronde infinie,
Équilibre imperturbable,
Le Jour et la Nuit,
Pour toujours inséparables.

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Chimères de l'outre-monde
KurzgeschichtenLe monde de l'invisible... Il nous entoure, mystérieux et inconnu... Quelles sont les créatures qui le peuplent ? Sont-elles dangereuses ? Agressives ? Ou au contraire inoffensives ? Partez à leur découverte, contemplez-les mais n'oubliez pas : Le...