Chapitre 12 - P2

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𝒜𝓂𝒷𝓇𝑒

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Avec précaution, je pousse doucement les immenses portes du palais, leur poids massif me faisant râler par leur résistance. Elles grincent avant de se cogner bruyamment l'une contre l'autre dans un claquement sourd.

Je saisie les clés puis verrouille à double tour. Sur la pointe des pieds, je parviens à attraper la planche de bois épaisse, puis avec précaution, je la place contre les battants.

Alors que je m'apprête à faire demi tour pour monter à l'étage, une douce mélodie attire mon attention. Je réalise alors que c'est le vinyle de Rose qui résonne dans le salon. Elle est constamment dans son boulot en ce moment, je me dis que, peut-être s'est-t-elle permise une pause.

Mon pas se fait plus léger, j'approche par curiosité.

En franchissant le seuil de la grande pièce, ce que je vois me laisse sans voix. Sans un bruit, je fais rapidement volte-face. Mon cœur bat la chamade. Même si je sais que je n’étais pas censé assister à cela, je ne peux m’empêcher de me réjouir pour elles…

Je me hâte de monter les escaliers du premier étage pour regagner ma chambre. Encore euphorique je sers les clés entre mes mains.

C'est incroyable comme ce simple baiser a illuminé ma journée. Cela veut dire beaucoup. Je me projette peut-être un peu trop et un peu trop tôt. Mais ça me fait tellement plaisir d'imaginer Rose aussi épanouie, elle qui est de nature si fermée...

Je me remémore chacune de nos conversations passionnées sur la tradition. Nous avons souvent discuté de ses aspects parfois restrictifs, mais aussi de sa capacité à offrir la possibilité de vivre de grandes choses. Aujourd’hui, cette même tradition transforme leur existence, et même si elle ne se concrétisait pas entièrement, elle aura apporté de grandes et profondes émotions, une aventure. Une trace. Et ce que j'espère surtout, une histoire sans fin.

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Finalement arrivée dans le couloir éclairé, je discerne que le bureau de Rick est grand ouvert, occupé. J'adoucis le poids sous mes pieds pour ne pas me faire remarquer puis m'arrête devant sa porte, ne pouvant pas aller plus loin sans passer devant lui.

Le souvenir de notre dispute me revient en mémoire. Une douleur m'empoigne le cœur. Je ne suis pas parvenue à revenir vers lui pour lui reparler à vrai dire... Il ne s'est pas excusé, c'est injuste.

Je pense qu'il est temps, et je n'ai pas le choix aujourd'hui...

Je prends une bouffée de courage ajustant mon chemisier en satin, veillant à le rentrer soigneusement dans le haut de mon pantalon...

Je pénètre la pièce en refermant la porte derrière moi avec précaution.

Ce léger bruit attire son attention, il relève sa tête, manifestement surpris de me voir planté devant lui. Nos regards se croisent, et dans ses yeux je distingue sa surprise, suivie d'une autre expression que je ne comprends pas.

- Am... Ambre ? Cet imbécile bégaie.

Je m'avance vers lui en lui ordonnant d'un ton sec :

- Excuse-toi, maintenant.

Il reste bouche bée, figé dans ses mouvements. Il finit par trouver quelques mots à me dire, mais ils sont loin de m'aller.

- Je... Je ne sais pas quoi dire. Je ne pensais pas te voir ici, ce soir. Bafouille-t-il.

Chéri, j'ai le sang chaud, et là tu me frustres très fort.

Je sers mes poings à m'en enfoncer mes ongles dans mes paumes.

L'impératrice des FemmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant