KLELIA | PROLOGUE

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Tout était de ma faute.

— Alors ? Qu'est-ce que vous en pensez ?

Je fixais la grande horloge sans même prêter attention à ce que ma psychologue me disait. Avant elle m'énervait à hocher toujours la tête lorsque je lui racontais mes problèmes, maintenant, j'aimerai juste ne plus l'entendre me dire que tout ira bien parce que la vérité c'était que non, tout n'ira pas bien non.

Je le savais, maman et papa le savait et même cette psychologue le savait. Elle se contentait de faire son travail parce qu'ils étaient là pour ça les psychologues : nous faire croire que les problèmes peuvent tous être réglés.

La culpabilité était beaucoup trop présente dans mon organisme et mon deuil n'était toujours pas fais. Cela faisait neuf ans déjà que le drame s'était passé mais je n'arrivais toujours pas à m'en remettre. Je faisais toujours ces cauchemars et je voyais toujours cette lumière au loin. J'étais arrivée trop tard, beaucoup trop tard.

Je détourne les yeux de cette horloge parce que le temps semblait long et l'heure était là pour me rappeler que j'allais devoir ouvrir ma bouche à un moment donné, mes yeux se posent sur cette grande fenêtre. Les gouttes tombaient sur les carreaux de celle-ci, j'ai toujours été fasciné par la pluie.

Ma psychologue s'arrête un instant puis elle se met à fixer la fenêtre à son tour elle aussi.
Un petit soupire s'échappa de sa bouche. Elle pose son carnet puis elle passe ses mains sur sa jupe pour enlever les plies présents sur celle-ci.

— Un grand homme a dit « Si vous êtes déprimé, appelez quelqu'un. Et rappelez-vous, le suicide est une solution permanente à un problème temporaire. », dit ma psychologue en remettant ses lunettes droites.

Un petit rictus s'échappa de ma bouche. Je me demandais où avait-elle eu son diplôme ou même pourquoi utilisait-elle des citations sans même se renseigner ? Elle aurait pu me sortir des exemples concrets mais son exemple ne tenait pas la route.

— Un grand homme qui a d'ailleurs finit par se suicider, croyez-vous que son problème était réellement temporaire ? Je ne crois pas, dis-je en fixant mes doigts.

Elle fronce les sourcils. Venais-je réellement de lui apprendre la mort de Robins Williams alors qu'il était mort en 2014 ? Probablement.

— Ce que je veux dire c'est que tout finis par s'arranger un jour, vous verrez, tout ira bien et ..

Voilà, comme à chaque séance elle allait essayer de me faire voir le bon côté de la vie. Elle allait encore me dire que la vie en valait la peine, qu'un jour je serai heureuse et elle allait surtout encore me dire que tout cela n'était pas de ma faute.

— Et quoi hein ? dis-je en riant, je n'ai absolument pas besoin qu'on me dise que tout ira bien, je ne viens pas ici pour être soutenue. Est-ce que vous allez le comprendre ça ou vous allez encore me prescrire des calmants parce que je suis incapable de réfléchir correctement ?

Elle reste là assise sur sa chaise puis elle écrit quelque chose sur son cahier.
Elle avait probablement écrit une nouvelle ligne qui allait peut-être m'ouvrir des portes à des nouveaux diagnostics mais il n'y a pas de diagnostic à faire. Je suis juste une fille en deuil et qui se sent coupable. Il n'y a rien de sorcier là-dedans. Ses yeux se posent sur moi pour la énième fois. Elle enlève ses lunettes puis elle croises ses jambes, elle ne parlait toujours pas.

— C'est bien connu n'est-ce pas ? Quand vous ne trouvez pas d'où vient le problème des gens vous les bourrez de médicaments, dis-je en posant la feuille que j'avais dans ma main.

THE STALKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant