Chapitre I - Florence

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Ca fait un an maintenant.
Une année entière que je suis partie, un an que j'ai tout plaqué.

Je suis venue en Toscane sur un coup de tête, j'avais ce besoin de me couper du reste du monde après une relation chaotique avec un homme violent.

Autant dire les mots, j'ai pris la fuite.

J'ai compris. Il m'aura fallu 2 ans mais, j'ai fini par comprendre que le jour ou un homme te lève la main dessus ce n'est pas une erreur, ce n'est que le début d'un long calvaire.

Quand j'ai eu le déclic, j'ai pris mes affaires et j'ai quitté ma vie monégasque pour repartir de zéro.

J'ai repris mes études à distance, j'étudies l'Histoire de l'art, alors vous comprendrez que pour moi, Florence était une évidence.

Je bossais dans un petit resto sur la Piazza Santo Spirito, en tant que serveuse.

Quand je suis arrivée je n'avais plus rien, il me fallait un travail à coté de mes études.

Alessio, mon patron, était arrangeant. Il me permettait de partir plus tôt dès que c'était possible pour que je puisse monter réviser afin de, je cite:  "Ne pas croupir ici avec une tête si bien remplie"

J'adore Alessio, il est devenu mon pilier, mon seul ami ici et surtout le seul qui parle ma langue natale. Sa mère est française et son père italien, il a grandi ici et a repris l'affaire familiale.

Je l'ai rencontré en pleine rue, je ne savais pas ou aller après avoir dépenser le peu d'argent que j'avais dans une auberge de jeunesse.

C'est lui qui était venu me parler, je n'aurais jamais fais le premier pas. C'était pour me draguer au départ c'est vrai, mais il a vite compris que j'étais brisée, en galère et que quelqu'un avait éteint ma lumière... Alors il n'a pas posé de question et m'a escorté jusqu'au restaurant ou il m'a présenté sa maman, seul parent qu'il lui reste à présent , depuis je loge dans un petit appartement au dessus du restaurant familiale et Alessio et sa mère dans la maison de ville attenante.

- Arrête de rêvasser mia gattina, tu vas finir par user ce pauvre verre ! riait Alessio.

Je levais la tête après avoir réaliser qu'il n'avait pas tort: ça faisait au moins cinq bonne minute que j'essuyais le même verre. "Gattina". Je ne savais toujours pas si j'aimais ce surnom. Il se voulait affectueux dans sa bouche mais ce mot signifiait "chaton", en rapport avec le jour ou il m'a trouvé errante dans la rue...

- Je vais finir le service il n'y a plus grand monde à cette heure la. Monte plutôt construire ton avenir, ajoutait il.

- Alessio, pourquoi tu m'appelles toujours comme ça ?

- Parce que c'est comme ça que je te vois, il me souriait tendrement.

- Je ne suis pas un chaton errant que tu as recueilli. m'agaçais-je.

- Je le sais. Je ne suis pas mio padre... Avant je t'appelais comme ça parce que tu es douce et que tu sais sortir les griffes, gattina. C'est resté et maintenant c'est naturel pour moi c'est tout... dit-il en parlant avec les mains, l'air blessé que je puisse penser une telle chose.

Il retourna en salle alors que je le regardais s'éloigner. Je me sentais bête. Toto, son père est décédé cette année, mais c'était un con et ce n'était un secret pour personne ici. Lorsque je suis arrivée chez eux il m'avait accueilli comme un chat de gouttière que son fils aurait ramené et dont il ne voulait absolument pas.

Je m'en voulais d'avoir rappelé ce souvenir à Alessio, ils n'étaient pas proche, loin de la, mais il aimait son père malgré ses nombreux défauts.

All I see is redOù les histoires vivent. Découvrez maintenant