Conseil de guerre

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Malgré les interrogations qui subsistaient, les actions à Terglen avaient été couronnées de succès. Comme toujours, au retour d'une mission, Aaron décréta que la troupe pouvait souffler quelques jours. Il demanda cependant de maintenir au moins un entraînement quotidien et que chacun veille à l'entretien de ses armes.

Le jeune homme préférait attendre des nouvelles de ses espions afin d'ajuster, ou non, son plan de bataille. Il devait également savoir ce qui se tramait du côté du roi de Xangrath. Hors de question de se retrouver mêlés à une guerre entre Korag et le souverain voisin.

C'est pourquoi trois jours après le vol commis à l'arsenal de Terglen, il se réunit avec tous ses adjoints. En plus des membres du conseil, il convoqua également ses meilleurs guerriers. Aaron avait besoin d'un regard neuf sur la situation.

Peut-être que sa haine envers Korag avait obscurcit son jugement. Il était prêt à le reconnaître si nécessaire. Même si le jeune homme était le chef incontesté des rebelles, il n'avait aucune honte à présenter des excuses aux membres de sa troupe lorsqu'il se trompait, lorsqu'il commettait des erreurs. C'est grâce à cette attitude humble qu'il était parvenu à gagner le respect de tous. Même s'il restait un homme solitaire et réservé.

Aaron accueillit tous les participants à la réunion avec un sourire crispé. Il ne convoquait que très rarement ce que Rory appelait le conseil de guerre. Tous savaient que la situation devait être grave pour que l'Archer les sollicitent alors qu'ils rentraient d'une mission victorieuse. Le silence se fit rapidement. Il n'y avait pas assez de chaises pour tous, certains restèrent donc debout, au fond de la pièce.

Aaron regarda chaque personne présente avant d'asséner, d'un ton grave :

— Je crois que Korag n'avait pas l'intention de se rendre dans les îles du Nord. Je suis convaincu que c'était un leurre. Un piège pour nous attirer à l'autre bout du pays.

— Mais pourquoi ? interpella Farrell.

— Il se concentre sur Xangrath, c'est une évidence. Il a retiré une vingtaine d'hommes de l'arsenal de Terglen pour sa garde personnelle. Il a envoyé des émissaires à Räma pour s'entretenir avec le roi Sirlàm. Lorcan, quand aurons-nous plus d'informations sur ce voyage ?

Lorcan toussota :

— Dans trois ou quatre jours. Cinq tout au plus. Nos informateurs souhaitaient rester à Halsora un peu plus longtemps pour récolter des renseignements supplémentaires. J'ai reçu un courrier à Terglen. Certains pensent que Korag veut négocier une alliance avec Sirlàm.

— Quelle sorte d'alliance ? interrompit une femme prénommée Ishra.

— Un mariage, grommela Lorcan.

— Pardon ? s'étrangla Aaron.

— Je n'ai pas encore eu le temps de t'en parler, je suis désolé. Oui, d'après les rumeurs qui circulent, Korag proposerait, à terme, deux choix à Sirlàm. Soit une union avec l'une de ses filles, soit il forcerait le rapprochement entre Efrijan et Xangrath par la guerre.

— Sirlàm a quatre filles. La première est mariée. Je présume que Korag va demander la main de Firiel, la plus âgée des trois autres. Elle a vingt-deux ans si je me rappelle bien.

Lorcan grimaça :

— Apparemment, non. D'après ce qui se dit à Halsora, il désire épouser Ninog. La plus jeune.

— Mais elle n'a que quinze ans ! protesta Rory.

— Je sais.

— Et Sirlàm va refuser, c'est évident. Ce sera le prétexte pour déclarer la guerre à Xangrath, indiqua Kalaris.

Le prince de JorrenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant