Chapitre 3

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Jamal D.

Les yeux rivés sur mon assiette, je tentais de réfréner les nausées qui m'attrapaient.

Sors toi cette putain d'image de la tête, bordel !

Les différents membres de ma famille discutaient tous, pas le moins gêné du monde. Comment faisaient ils pour supporter un plat aussi nauséabond ? Étais je trop sensible ?

Non Jamal. C'est eux le problème, pas toi.

Un frisson me redressa l'échine lorsque les iris bleues métalliques de ma génitrice se déposèrent sur moi, son regard ne laissait place à aucun doute. Je devais manger avant qu'on ne me le fasse regretter.

Répugné, je découpai un morceau de cette nourriture dans mon plat et mâcha le bout de viande. Putain, mes yeux allaient se retourner dans l'orbite.

_ Alors le jeune homme, comment va le poste de police ? Tu attrapes les petits tyrans qui sévissent dans la zone ? le frère de mon père qui, évidemment savourait le plat putride servi devant lui, me demanda tout souriant.

Je me fis violence pour ne pas dégueuler et hochai avec résignation. Quel était son nom ? Il m'avait échappé depuis bien des années. J'espère que ces salauds ne me feront pas dire son nom sinon je serais -encore une fois- dans la merde. 

_ Ah oui. Il faut dire que malgré tous ceux qu'on emprisonne, les plus gros poissons courent toujours dans l'obscurité. Assénai-je d'une voix calme qui se voulait innocente.

Une vive douleur traversa la chaire de mon pied, mes iris se levant automatiquement sur ma demi-soeur, Dove et ses yeux bleus métalliques, qui cherchait toujours à me remettre en place sur mon commentaire s'avérait déplacé. Ce n'est pas sur elle qu'ils jettent leur dévolu, en quoi ça peut bien la gêner si je m'enfonce davantage ? Je  dégageai mon orteil de son emprise en lui jettant un regard qui signifiait "reste en dehors de tout ça"

_ Voyons Jamal, mon père commença après avoir remarqué le regard que je lui ai lançé, ce ne sont pas des manières de traiter ta chère soeur n'est ce pas ?

L'élan d'audace et de courage qui s'était emparé de moi plus tôt faiblit sous le regard assassin qu'il me lançait. Pour ma propre paix intérieure et mon amour corporel, je ne partirais pas en territoire ennemi donc le sien.

Les commentaires fusèrent à nouveau; certains appréciant la viande préparée, d'autres discutant de leurs différentes propriétés. L'odeur nauséabonde de la viande crue qui venait d'être servie en dessert me retourna les boyaux et cette fois je dus abaisser la tête pendant un moment pour calmer cette envie violente de gerber. Tiens le coup, juste pour elle.

Mais putain jusqu'à quand supporterai-je une vie au sein de cette famille de cannibales ?

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Taliyah

Ca faisait environ une semaine que j'avais assisté à la transformation de notre logis en auberge. La jeune Sia semblait prendre son aise et s'habituer à notre rythme de vie. J'étais pas très fan des gosses mais punaise, Eloise l'était deux fois moins, alors la question du pourquoi on avait une gamine de 17 avec nous restait non élucidé. Il était 21 heures quand la miss tout-le-monde rentrait de son bordel artistique qu'elle surnommait affectueusement son sanctuaire.

ZONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant