Ma vision troublée me fait vaciller, je m’écroule doucement contre le goudron et ferme les yeux… Le bruit des klaxons résonne dans ma tête et brouille mes sens. Je me relève difficilement, comme si l’on m’avait étiolé de toutes mes ressources.
J’arrive enfin de l’autre côté de la route…Je bouscule les passants, qui me dévisagent, mais je n’ai pas le temps de m’occuper de ça…
De la sueur perle sur mon front, ma respiration est saccadée, et mes jambes me paraissent lourdes. Je titube le long de la route en m’efforçant d’aller à l’endroit qui m’aidera à me sentir mieux. Je tourne dans une rue et aperçois des gens un peu ivres sortir d’un endroit dont les lumières jouent avec l’ambiance à l’intérieur.Je m’en approche, essayant de ne pas m’écraser la tête une nouvelle fois contre le bitume. Je pousse la porte laborieusement. Après avoir réussi, l’ambiance à l’intérieur rend l’atmosphère chaude et bouillonnante. Les gens se pavanent, se déhanchent au rythme du son. Les lumières dansent dans la salle, perturbant ma vision légèrement floue.
Je me dirige vers le comptoir du bar et m’assois sur une chaise haute, reprenant doucement mon souffle. Le barman me scrute accompagné d’un sourire moqueur. Je le foudroie du regard, mes iris bleus légèrement dilatés.
Il s’avance vers moi en nettoyant un verre.
— Alors, je te sers quoi ? me demande-t-il.— Tu sais ce que je prends d’habitude, fais pas le con… Articule-je sèchement.
Il glousse doucement et me sert ma boisson. Il la fait glisser vers moi, et je l’attrape entre mes mains, mes bagues cognant contre le verre. Je soupire de frustration en ébouriffant mes cheveux qui retombent sur mon front.
— Il t’a encore puni ? demande le barman en croisant ses bras sur le bois, un sourire aux lèvres.
— Ouais… Il a osé me faire tomber en chute libre…
Ses yeux s’écarquillent à cette révélation.
— Tombée du ciel ? Il t’a laissé tes ailes, pas vrai ?Je lève mes yeux vers lui en le toisant du regard, il comprend qu’il avait vu juste. Il soupire d'exaspération.
— Comment fais tu pour toujours te retrouver dans ce genre de merdier Az…
Je ris jaune et bois une gorgée de mon verre. Le soupçon de magie à l'intérieur me redonne de la force ; je ressens une chaleur dans la poitrine qui déferle dans tout mon corps. Je souffle un bon coup, soulagée d’avoir récupéré mon aura divine.
— Merci, Gus, dis-je en me relevant. Je glisse mes mains dans les poches du pantalon de mon costard noir. Mets ça sur ma note.
—Mmh, comme d’habitude. Tu sais que tu vas devoir la payer un jour ou l’autre ? me prévient-il en arquant un sourcil.
Je m’éloigne en lui offrant mon majeur.
— Je le ferai le jour de l’enlèvement, compte là-dessus.Gus grogne et se remet au travail, me laissant le dernier mot.
— Pas étonnant que ce soit l’ange de la mort… Il ne peut que narguer tout le monde.Je passe par la porte par laquelle je suis entré. Je me tiens maintenant dehors, ajustant ma veste de costard noir. Je regarde l’heure de ma montre qui indique 00:34. Je claque des doigts et vois que rien ne se passe…
— Mais qu’est-ce que…
Je me remets à claquer des doigts, mais le monde qui m’entoure reste indifférent. Je suis dans l’incompréhension totale.
— Il m’a aussi pris mes pouvoirs, fait chier !
Alors que je râle en tapant du pied, une catastrophe se produit sur la route. Deux voitures entrent en collision et provoquent une panique générale. Les gens qui étaient dans les restaurants ou sur les terrasses se retrouvent maintenant autour de l’accident. Les cris d’effroi et les sanglots résonnent à chaque coin de rue. La sirène des pompiers devient de plus en plus audible à mesure qu’ils se rapprochent.
Une putain de journée…
Je m’approche lentement de manière sereine, les mains toujours dans mes poches. À mesure que j’avance, mes yeux bleus virent au jaune, un jaune d’or qui rallume le feu divin enflammant mon corps de l’intérieur.
Personne ne semble remarquer ma présence si près de l’accident.
— Vous pouviez pas crever un autre jour ? Je ne suis pas d’humeur, dis-je en me grattant derrière la nuque, agacé.
Je tends ma main pour attraper ma faux et, d’un geste net, je fauche leur âme, marquant ainsi leur arrêt de mort définitif et le commencement de leur vie spirituelle.
“La vie est la voie de la mort, la mort est la voie de la vie.”
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MY LITTLE GUARDIAN
RomansaBrielle Durnan, femme au cœur pur dont la malchance la guette depuis bien des années, celle-ci ce trouvais au bord du précipice. Az, l'ange de la mort, envoyé encore une fois sur notre terre. Dispensé de ses biens et pouvoirs, il doit aider un morte...