Tenderloin - San Francisco
Grandir sans personne sur qui compter, personne à qui demander des conseils, personne pour vous entendre pleurer, personne pour vous réconforter. Quand cela arrive, il n'existe qu’un moyen : c’est grandir. Devenir mature et se dire que vous n’êtes qu’un seul être parmi tant d’autres et que si vous ne le faites pas pour vous, personne d’autre ne le fera… C’est ce que je me dis depuis petite et grâce à ça, cela a bien changé ma vision du monde autour de moi.Dans un quartier paumé de San Francisco, où la pauvreté est à son comble : des déchets à chaque recoin des rues, des SDF qui réclament le moindre centime pour pouvoir se racheter un lot de deux voire cinq bières, des bagarres toujours animées par la drogue et d’autres stupéfiants, ou encore l’air maussade des couleurs de la ville qui virent toujours d’un gris sombre et déprimant. Les immeubles sont tous identiques avec leurs innombrables fenêtres sans volets. De ma petite doudoune bordeaux, je traverse la rue en faisant attention aux voitures qui passent à toute allure.
Je glisse mes mains dans les poches de mon jean froissé et entre dans un café qui m’est assez familier. Dès que je passe le seuil de la porte vitrée, une petite cloche se met à sonner. Je déroule mon écharpe de mon cou pour le tenir entre mes mains et m’approche du comptoir où un homme d’une silhouette plutôt svelte nettoie une cafetière.
— C’est fermé, merci de repasser plus tard. annonce l’homme de dos sans prendre l'initiative de se retourner.
Mon doigt tapote d’un rythme régulier sur le bois et je me racle la gorge afin d’attirer son attention. Celui-ci se retourne, étonné, ses yeux bleus écarquillés. Un sourire se dessine sur ses fines lèvres.
— Brie ! s’exclama l’homme en déposant la cafetière sur le meuble à côté de lui.
Il fait le tour du comptoir pour me rejoindre de l’autre côté et ainsi m’entourer de ses bras d’une étreinte chaleureuse qui me réchauffe le cœur.
— Clyde, tu m’as beaucoup manqué aussi.
Il se décolle de moi sans pour autant retirer ses mains de mes épaules, il me scrute de haut en bas de manière impressionnée, la bouche entrouverte.
— Comme tu as changé, tu deviens de plus en plus belle chaque jour !
— Qu’est-ce que tu racontes ? Je ne suis pas venu depuis un mois, lui fais-je remarquer.
— C’est ce que je dis, la dernière fois que je t’ai vu, tu n’étais pas aussi belle qu’à l’instant. Dit-il d’un ton péremptoire.
Je ne peux m’empêcher de sourire à son commentaire. Lui n’avait pas changé. Ses locks, dont certaines sont colorées d’un bleu vif, ses piercings en argent sur l’oreille gauche et un sur la lèvre inférieure. Malgré sa sombre couleur de peau, on percevait bien ses petites taches de rousseur. Mais ce qui me plaît chez lui, ce sont ses yeux d’un bleu céruléen, semblables à celui du ciel après le mauvais temps.
Clyde est une personne souriante et assez enthousiaste. Alors qu’il s'apprête à parler, une voix durement féminine retentit.
— CLYDE !
Mon interlocuteur sursaute de stupeur et se cache derrière moi. Nous avons reconnu cette voix qui avait une dent contre Clyde dans n’importe quelle situation, surtout pendant son service au café. Une femme au teint semblable au mien s’approche de moi en sortant d’une pièce derrière le comptoir, avec un air plutôt agacé.
— Où est-il ? me demande la brune aux cheveux ondulés qui descendent comme une cascade sur ses épaules.
L’individu interpellé sort de sa cachette, toujours près de moi.
— Tu n’es pas obligée de toujours t’en prendre à moi… se justifie Clyde.
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MY LITTLE GUARDIAN
RomansaBrielle Durnan, femme au cœur pur dont la malchance la guette depuis bien des années, celle-ci ce trouvais au bord du précipice. Az, l'ange de la mort, envoyé encore une fois sur notre terre. Dispensé de ses biens et pouvoirs, il doit aider un morte...