Chapitre 1: Dans le grand bain

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Hôpital – 19h45
-    Lâchez-moi ! Vous ne pouvez pas m'attacher comme ça ! Je veux partir maintenant ! » cria un homme.
Ses poignets étaient solidement maintenus par deux hommes en blouse blanche d'une trentaine d'années. Il tentait de se débattre avec ses coudes et ses jambes, qui allaient être bientôt attachées elles aussi. Je n'aime pas quand on en arrive là avec les patients, même si ma chef de stage me répète sans arrêt :
« On fait ça pour eux, Elsa. Si tu les écoutes, ils se cassent sans même avoir pris un Doliprane. À la fin, ils nous remercient, enfin intérieurement, mais je sais qu'ils savent qu'on a fait ça pour eux. »
Être infirmière à Luray, ce n'est pas de tout repos. C'est une grande ville qui bouge beaucoup, mais on a un bon hôpital. J'ai fait un stage à Witherg (à une dizaine de kilomètres de Luray) et ils sont moins chanceux que nous en termes d'infrastructures : la peinture des murs s'effrite, ils travaillent sans masques ni gants, le café y est dégueulasse et certains lits n'ont même pas de matelas, ils sont obligés d'y mettre un gros tas de couvertures pour pouvoir y allonger les patients. C'est une ville triste et grise, c'est surtout flagrant quand il fait grand soleil. Ma meilleure amie, Ema, a été affectée dans cet hôpital à l'année à la sortie de notre troisième année d'études.
Quand elle a su que je restais à Luray, elle m'a fait la tête pendant une semaine entière et a fini par revenir en pleurant de longues heures sur mon épaule. Je la comprends : non seulement on va devoir être séparées pour le reste de nos études, mais en plus elle a été affectée dans le pire hôpital à 200 km à la ronde.
Je suis reconnaissante d'être ici : mes chefs de stage sont cool et super compétents, et la bouffe y est plutôt bonne.
-     Elsa, viens, tu vas injecter le tranquillisant au patient de la 8. Il faut que tu apprennes à faire des piqûres quand ils sont en état de stress comme ça, me dit-elle en rentrant dans la chambre. « Si tu choisis de bosser dans le secteur psy à la fin de tes études, tu vas plus piquer quand ils sont en état de démence comme ça que quand ils ne bougent pas. »
Elle était brune avec de nombreux cheveux gris qu'elle ne prenait même pas la peine de cacher avec de la teinture. Ses yeux, d'un marron chocolat, étaient toujours grands ouverts, ce qui la rendait toujours très réveillée malgré les poches grisâtres qui y pendaient. Elle rajoutait toujours une touche d'anticerne dessus, c'est sûrement ça qui rendait la couleur de son visage aussi grise. Ses joues pendaient largement, et les rides présentes sur son visage la vieillissaient assez. Sans ça, on pourrait facilement croire qu'elle avait 40 ans. Je ne savais même pas quel âge elle avait. Sûrement 60, voire plus.
Elle planta une petite seringue à l'intérieur du capuchon d'une petite fiole au liquide transparent et tira doucement sur l'extrémité de la seringue.
Je m'approchai, un peu stressée ; je voyais le patient crier et se débattre sous le regard concentré et stressé des aides-soignants qui tentaient, tant bien que mal, malgré leur carrure imposante, de le maintenir en place.
-    Je vais vous tuer, bande de merdes, si vous ne me lâchez pas tout de suite ! J'en veux pas de votre merde, je ne suis pas fou ! continua de déblatérer le sexagénaire.
Qui l'eût cru qu'à cet âge-là, ils avaient encore autant de force !
-    Ok Elsa, je te laisse faire la manip' toute seule. Je suis juste derrière, je te regarde. Applique-toi, car tu auras un exercice comme ça à tes partiels de fin de trimestre. »
On pouvait deviner qu'elle fumait rien qu'au son de sa voix. Elle était rauque et grave. Mais bizarrement, elle restait une femme assez féminine.
Je pris l'élastique et l'entourai juste au-dessus de la pliure du coude du patient, ce qui allait faire gonfler ses veines et rendre la piqûre plus simple. L'homme se débattait de plus belle et commença à me lancer des insultes, à moi et à mes collègues. Je désinfectai la paroi de sa peau où j'allais piquer, puis, avec toute la précision dont j'étais capable, j'enfonçai la seringue dans son bras.
-    Tu t'en sors très bien. Essaie de retirer rapidement l'aiguille, monsieur est très agité, tu pourrais lui abîmer la veine, me dit sèchement ma cheffe.
Je retirai doucement l'aiguille et l'homme arrêta presque instantanément de se débattre. Les pouvoirs des médicaments m'ont toujours effrayée. Je n'en avais pas particulièrement peur, mais plutôt peur qu'on les utilise sur moi.--
Hôpital – 20h
Ma journée étant terminée, je me dirigeais vers les casiers. Je prends généralement ma douche ici pour utiliser le moins d'eau possible dans mon appartement : je ne gagnais pas beaucoup d'argent en stage, et Luray était une ville assez chère. À la fin du mois, j'avais tout juste de quoi payer mes abonnements Netflix et Deezer, et autant dire que sans eux, ma vie serait bien fade en dehors de mes heures de travail. Le boulot me demandait tellement d'énergie entre les horaires changeants (de nuit puis de jour) et la quantité de patients à gérer, que je ne faisais rien de franchement intéressant en dehors. Je rentrais le soir, mangeais en regardant un épisode de Grey's Anatomy, puis me couchais pour me relever quelques heures après et retourner à l'hôpital. Mais j'adorais mon job et pour rien au monde je ne le changerais. J'aime soigner les gens, mais surtout, il m'a permis de prendre mon indépendance. J'aime énormément ma famille, mais j'adore la vie que j'ai depuis que je vis seule.
Une voix me sortit de mes pensées :
— Hello, putain t'as fini super tard, ça fait 45 minutes que je t'attends, soupira Ema derrière moi.
— Oui, désolée, un patient était un peu agité, on a eu du mal à le gérer, dis-je en enlevant le stylo Bic de mes cheveux.
J'avais les cheveux lisses et bruns, qui m'arrivaient en bas des épaules. Je ne les voulais pas trop longs pour qu'ils ne me gênent pas quand je travaille. Pour éviter de les abîmer, je les attachais toujours avec un stylo Bic que j'enroulais dans mes cheveux pour les faire tenir. On ne dirait pas comme ça, mais ça tient super bien.
— Qu'est-ce que tu fais là, tu n'es pas de garde ce soir ? lui demandai-je en m'étirant.
— Non, c'est demain. Et j'avais des papiers à récupérer ici pour mon maître de stage. On va manger quelque part ? T'as faim ? dit Ema.
Je m'étirais tous les soirs après ma journée de travail. Les journées étaient tellement intenses et sportives que mes muscles en devenaient douloureux.
— Viens manger à la maison plutôt, je suis trop crevée pour sortir ce soir et demain soir, je suis de garde, dis-je en laissant échapper un bâillement.
— Raison de plus pour sortir un peu ! Tu peux dormir jusqu'à 16h demain si tu veux, et en plus ça fait trois semaines que je te demande de sortir et tu veux jamais.
Ema me regardait avec des yeux pleins d'espoir, les bras ballants. Elle était très fêtarde et, à part moi, elle n'avait pas vraiment d'amis. Je sortais de temps en temps vraiment pour lui faire plaisir.
— Ok, mais on ne va pas en boîte de nuit, et je veux être rentrée pour 2h max, je te préviens. Je fronçais les sourcils pour essayer de lui faire comprendre que j'étais sérieuse : ça ne tiendrait qu'à elle, on ne rentrerait qu'à 7h du matin, et j'avais des choses à faire le lendemain avant ma garde.
— Rooh, oui, promis la rabat-joie, dit-elle en me lançant mon manteau et en tenant la porte pour sortir. Ce soir, j'ai d'autres plans pour nous.
Elle me regarda en souriant tout en appuyant plusieurs fois sur le bouton de l'ascenseur. Elle balança violemment sa tête en avant et attacha ses cheveux en un chignon rapide.
— On va aller à un combat de MMA.
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Salle des sports de Luray, 23h30
-    — Mais le MMA, c'est pas légal, si ? lançai-je à Ema d'un air peu sûr.
-    — Si, si, le MMA c'est légal, mais les combats de ce soir ne le sont pas, répondit Ema de manière nonchalante en pianotant sur son téléphone. Aidan arrive dans 20 minutes, putain, il va rater le premier combat.
La salle était blindée ; il n'y avait quasiment que des hommes qui criaient des noms à plusieurs reprises. La salle des sports était très grande, et elle avait été aménagée pour l'occasion au point que j'ai peiné à la reconnaître. J'y faisais du roller quand j'étais petite. Ils avaient installé une cage énorme au milieu de la salle, ça devait être là où les combattants se battaient. Des centaines de chaises avaient été installées en 4 blocs de chaque côté de la cage. 4 chaises étaient plus proches que les autres ; un panneau y indiquait « Zone des juges. Ne pas entrer ». 2 gorilles étaient debout près de la zone et scrutaient la salle. Ça devait être la sécurité des juges.
-     Tu vas voir, c'est super cool les combats comme ça, il y a toujours une bonne ambiance, et en plus, les combattants sont canons, me dit-elle en me regardant les yeux pétillants. Mais putain, qu'est-ce qu'ils se foutent sur la gueule ! Si je prends un coup comme ça, je dors pendant 2 jours, c'est sûr. Des vraies patates de forain, tu vas voir.
J'étais infirmière, ou en tout cas j'étais en train de le devenir, donc voir des gens se taper dessus et se blesser n'était pas mon activité extrascolaire préférée. Cela dit, Ema aussi et pourtant elle avait l'air de plutôt apprécier ce genre de spectacle. J'étais là pour lui faire plaisir, donc autant y prendre du plaisir moi aussi.
-     Et pourquoi les combats ne sont pas légaux ce soir alors que le sport l'est ? demandai-je tout en continuant de scruter la cage du regard.
-    Parce que la fédération doit être prévenue de toute organisation de ce genre, de tous les combats. Et là apparemment ce n'est pas le cas, mais je ne sais pas trop pourquoi. On demandera à Aidan quand il arrivera, si tu veux, répondit Ema.
Une dizaine de minutes plus tard, Aidan arriva. C'était une connaissance de boîte de nuit d'Ema ; on s'était croisés plusieurs fois en soirée, mais on n'avait jamais vraiment échangé. Ema et lui prirent des nouvelles l'un de l'autre, puis Ema lui demanda :
-     Tu sais pourquoi les combats de ce soir ne sont pas déclarés ?
-    Parce que les combattants ont été virés de la fédération. Attends une seconde, répondit-il en se levant pour répondre à un appel.
-    Faut le faire pour être viré de la fédération de MMA alors que ce sport n'a quasiment pas de règles, rigola Ema. Je n'aimerais pas être enfermée avec l'un d'eux dans la cage, ça c'est sûr. Apparemment, ceux de ce soir sont vraiment chauds.
-    Ouais surtout le denier, il n'a jamais perdu un combat même quand il combattait en pro, repris Aidan en se rasseyant. C'est un vrai monstre.
-    Pourquoi est-ce qu'ils ont étaient dégagé de la fédé, demandais-je intrigué à Aidan.
La réponse m'intéressait vraiment. Comme le disait Ema, comment est-ce que des mecs peuvent être virés de la fédération de MMA alors que le but de ce sport est d'être violent ? Qu'est-ce qu'ils ont bien pu faire ? Gifler leur adversaire ?
-     Certains pour stupéfiants, d'autres pour injures au jury. Et un pour excès de violence. Apparemment, il continuait de frapper ses adversaires même quand ils étaient inconscients au sol et que l'arbitre avait sifflé. Il avait aussi eu des problèmes avec des mecs à l'extérieur, et ça, la fédé n'aime pas trop. Mais bon, c'est dommage car il était jeune et très prometteur : 16 combats et 0 défaites. Maintenant, il continue de combattre, mais dans des événements non déclarés comme celui-ci. Il croqua dans son sandwich qui sentait la rosette jusqu'à ma place. Puis il dit la bouche pleine : Mais il ne faut pas trop s'inquiéter pour lui, il est très bien payé. Il prend très cher pour venir combattre à des événements comme ça. Alors, évidemment, moins que quand il combattait en pro, mais ça reste plus que raisonnable.
Il finit sa bouchée puis reprit :
-     Et il est bien entouré, il a son petit frère qui « bosse » avec lui et son manager.
16 combats et 0 défaites. Comment peuvent-ils aimer regarder des gens se foutre sur la gueule comme ça ? Et surtout, qui aime se foutre sur la gueule comme ça ? Si je venais à me faire agresser, bien sûr je me défendrais, mais de là à en faire un sport sérieux ? Il n'y a que les hommes pour inventer ça.
À peine eut-il fini sa phrase que la salle plongea dans une lumière tamisée bleue foncé. Des centaines de mains se levèrent et des cris résonnèrent dans la salle remplie à ras bord. Ema avait des étoiles dans les yeux et était ravie d'être ici. Elle se leva, applaudit puis se rasseyait aussitôt. Elle est très énergique et fait tout avec beaucoup d'énergie quand elle est contente. Je sortis un petit rire en la regardant. Elle me fit un grand sourire puis se mit elle aussi à pousser des cris de joie.
Salle des sports – 00h30
L'événement battait son plein. Les combats s'enchaînaient, les cris se faisaient de plus en plus nombreux et les gens se levaient à chaque fin de combat pour féliciter ou huer le gagnant. La lumière s'éteignit, signe qu'un autre combat allait débuter. Contrairement aux autres combats, les gens acclamèrent tous le combattant même avant qu'il ne soit annoncé : Isaac.
La salle était en furie, les gens étaient tous debout au point que je ne voyais même plus la cage.
-     C'est Isaac qui combat là ! C'est lui dont je vous ai parlé tout à l'heure, cria Aidan en mettant ses mains autour de sa bouche pour essayer de se faire entendre à cause du bruit dans la salle. Il a failli ne pas combattre car l'organisation a eu beaucoup de mal à lui trouver un adversaire, cria Aidan.
La voix du commentateur arriva au micro :
-     Pour le 7ème et dernier combat de la soirée : dans le coin rouuuuge, Jack, 27 ans, 12 combats, 2 défaites ; et dans le coin bleuuuu, Isaac, 24 ans, 16 combats, 0 défaites ! s'exclama le présentateur d'une voix très théâtral.
On pouvait voir le juré particulièrement concentré sur Isaac. L'arbitre s'était retroussé les manches, l'air prêt à intervenir en cas de problème. Tout le staff avait l'air tendu depuis que ce certain Isaac était monté dans la cage.
Lui avait l'air serein. Je m'attendais à le voir en colère, crispé comme l'image décrite par Aidan. Mais pas du tout, son visage était neutre. Il se craqua le cou et s'échauffa en sautant à plusieurs reprises. Il faisait des petits tours dans sa partie de la cage. Il était brun avec les cheveux très courts, à la militaire. Sa peau était bronzée et la taille de ses bras devait faire la taille de ma cuisse. Je n'arrivais pas à voir la couleur de ses yeux de là où j'étais. Nous étions situés vers la sortie de la cage, là où les sportifs sortaient après leur combat. Il ne semblait pas nerveux ni agité comparé aux autres, et surtout à l'autre qui faisait son apparition dans la cage. C'était un homme de la même taille que son adversaire, très blanc de peau et au moins tout aussi baraqué qu'Isaac.
Les cloches résonnèrent dans toute la salle et les gens, qui s'étaient rassis en attendant le début du combat, se levèrent tous en même temps, ce qui me valut un petit sursaut. Ema et Aidan étaient surexcités, ils criaient le nom d'Isaac.
-    Allez Isaac ! Détruis-le ! cria Ema à pleine gorge.
L'adversaire d'Isaac tenta de mettre les premiers coups, en vain. Isaac esquiva les coups tout en gardant sa garde en place. Son adversaire commençait à se fatiguer et il ne l'avait pas touché une seule fois. Tout à coup, Isaac lança un énorme coup de poing à son adversaire qui tomba instantanément. Il reprit ses esprits en quelques secondes et se releva tant bien que mal, en manquant de trébucher sur ses propres pieds. Leurs pieds étaient bandés de la limite des orteils jusqu'au talon. C'est bizarre, ce n'est pas ça qui allait leur éviter des blessures, si ?
Le combat reprit, et l'adversaire enchaîna plusieurs coups sans réussir à toucher le corps d'Isaac. Jusqu'au moment où il réussit. Une droite partit dans le nez d'Isaac. Celui-ci ne bougea même pas la tête. Surement pris de colère, Isaac lança 1, puis 2, puis 3, puis 4 coups à son adversaire sans même lui laisser le temps d'encaisser. Comme attendu, son corps résonna sur le sol en chutant et resta inconscient sur le dos, la tête penchée sur le côté.
Mon cœur se serra et je portai ma main sur ma poitrine : pourquoi s'infliger ça ? J'eus qu'une envie, aller arrêter ce désastre et examiner l'homme inconscient au sol dans cette cage. Je suis remplie de soulagement quand l'arbitre fit de grands signes avec ses mains : il annonça la fin du combat. Toute la salle était debout, acclament plus que jamais le vainqueur de ce combat. Mais celui-ci en décida autrement : il balaya d'un de ses pieds l'arbitre qui tomba net au sol. Isaac se jeta sur son adversaire et le roua de coups au visage. L'homme reprit connaissance et mit les bras devant son visage et essaya de lever les jambes pour tenter de se protéger. Mais il ne pouvait pas. Isaac était monté à califourchon sur lui et continua ce spectacle insoutenable. À ma gauche, Ema et Aidan n'étaient plus aussi excités que tout à l'heure : Ema regardait la scène avec la main devant son visage, horrifiée. Deux des membres du jury se jetèrent de toute leur force sur Isaac et le poussèrent contre la cage.
C'était trop pour moi. Je me levai et dis aux autres que je les attendais dans le hall de la salle.
L'air y étant plus respirable, je décidai de m'asseoir sur un des bancs présents dans le hall. Dehors, il neigeait. J'essayais de penser à autre chose que la violence gratuite que j'avais vue ce soir : Ema, je peux te dire que la prochaine fois que tu voudras que je t'accompagne, tu pourras aller te faire foutre. L'événement ne devrait pas tarder à se terminer, c'était le dernier combat de la soirée. Il était 1h du matin et je n'avais qu'une envie, prendre une douche et aller me coucher sans mettre de réveil pour le lendemain. De toute façon, je commençais ma garde à 18h, donc j'avais largement le temps de me reposer.
-    T'es vraiment con de faire ça, je ne sais même plus en quelle langue te le dire pour que tu arrêtes !
La voix d'un homme me sortit de mes pensées. Il venait d'ouvrir une porte, à l'opposé de la porte de sortie de la salle où se tenaient les combats.
-    Ta gueule, je t'ai pas demandé ton avis. Si t'es pas content, tu rentres chez toi.
Trois hommes sortirent par la porte précédemment ouverte par l'un d'eux et passèrent devant moi. Je reconnus directement l'un des combattants : Isaac.
Ses yeux étaient d'un marron si foncé qu'ils semblaient presque noirs. Il portait son short de combat avec un sweat à capuche noir et tenait son sac de sport près de ses mollets. Je retins mon souffle en le voyant arriver vers moi : il avait été si violent dans la cage, mais pourquoi ? Il avait gagné haut la main, pourquoi s'en être pris à son adversaire comme ça ? Mes doigts s'enfoncèrent dans le bois du banc et mes yeux apeurés ne pouvaient pas s'empêcher de le fixer. Il passa devant moi en me regardant droit dans les yeux. Son pote continuait son monologue :
-    ... tu te rends pas compte des problèmes qu'on va encore s'attirer à cause de toi ! Ton comportement, c'est plus possible Isaac !
Nos yeux ne s'étaient pas lâchés depuis plusieurs secondes, et à mesure qu'ils avançaient vers moi, mon cœur battait de plus en plus vite.
-    ... de 2 c'est dangereux pour toi si..., continua son pote
J'étais sûre d'avoir fait de grosses marques d'ongles sur le bois du banc tellement je le serais fort. Il arriva à mon niveau et son pote ne s'était toujours pas arrêté de parler.
-    Bouh, me lança-t-il d'un ton sec en passant devant moi, puis lâcha un petit rire avant de sortir avec ses amis du gymnase.
C'était quoi, ça ?

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