Chapitre 6: Fatigue et travail

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Chapitre 6 :

Hôpital – 22h15

Je remontais à toute vitesse aux casiers pour me remettre en tenue de travail. Je n'avais jamais senti mon cœur battre aussi vite ; je tremblais de stress et de fatigue. J'essayais d'ouvrir le cadenas de mon casier le plus rapidement possible pour y sortir ma blouse et mon stylo, mais mes mains tremblaient et ma respiration était courte. C'était la journée la plus difficile que j'aie vécue jusqu'à présent depuis le début de mes études : la fatigue physique et morale, le froid, la violence... Mon cerveau était en ébullition dès que j'enfilais cette blouse. Est-ce que j'étais vraiment prête à m'engager dans un métier aussi prenant et difficile ? Mon dos me faisait mal et je sentais battre mon cœur dans ma tête. Je fermai ma blouse et m'attachai les cheveux. Mes yeux se fermèrent le temps de me coiffer. Si je m'assois 30 secondes, je m'endors. Je fermai rapidement la porte de mon casier avant de prendre la direction de l'ascenseur principal.

Les portes s'ouvrirent et Emily descendit, accompagnée d'une des standardistes de nuit des urgences.

— ... Oui, tu m'appelles toute l'équipe d'aujourd'hui, j'ai besoin de monde, déclara Emily à la standardiste qui s'empressa de prendre des notes sur son carnet.

Emily me fit un signe rapide de la main pour m'indiquer de la suivre. Au même moment, la dizaine de stagiaires de l'équipe de nuit sortit tous de la salle de pause.

— Bon, vous êtes en troisième année, les enfants. Je veux vous voir autonomes ce soir, d'accord ?

Les étudiants formèrent un cercle autour de la responsable pour attendre ses consignes.

— Si vous avez la moindre question, vous venez me voir moi ou Sascha. Il y a déjà 14 pré-visites à faire, les médecins sont surchargés, donc essayez de minimiser au maximum leur temps avec les patients en faisant un check-up complet. Est-ce que c'est clair pour tout le monde ? s'exclama Emily. Alors, au travail, c'est parti, la nuit va être longue.

Je n'avais entendu que les mots « pré-visites » et « surchargé », mais c'est l'essentiel. La fatigue me donne une capacité d'attention d'un enfant de six mois. Je suis de nature à avoir besoin de beaucoup de sommeil, alors les nuits blanches au travail, c'est catastrophique pour moi.

— Emily ? l'interpellai-je. L'homme allongé en bas, il s'en est sorti ?

J'essayais tant bien que mal de la suivre alors qu'elle courait à travers le couloir. Elle s'arrêta net à une porte et frappa.

— On verra ça plus tard, Elsa, on a du boulot là, me répondit-elle sèchement avant de rentrer dans la salle d'auscultation.

Est-ce que l'homme s'en était sorti ? Isaac devait être en garde à vue pour tentative de meurtre à cette heure-là. Au moins, je ne risquais pas de revoir ce connard tueur de sitôt : assassiner quelqu'un en pleine ville devant un hôpital, il fallait vraiment être dérangé. Mais pourquoi la police ne l'avait-elle pas arrêté plus tôt ? On aurait presque dit qu'ils attendaient sa permission avant de l'arrêter. Mais c'est impossible...

J'essayais de me reconcentrer pour activer mes derniers neurones restants pour les patients que j'allais devoir gérer. Je courus vers la salle de pause pour voir les dernières entrées et me diriger vers une salle d'auscultation occupée.

Hôpital – 3h35 du matin

La fatigue et mon mal de dos étaient terribles. Je peinais à me tenir droite tellement mon dos me faisait mal.

— Elsa, la 7, m'envoya ma chef sans même prendre la peine de me regarder.

Depuis 23h, les stagiaires et Emily, qui était de service dans la journée et qui avaient dû assumer également le soir, ne prenaient même plus la peine de faire des phrases. Emily nous lançait les consignes à base de « Elsa, la 7. », « Rob, l'autre côté ». On était tellement fatigués.

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