Le plan était lancé, mais chaque minute semblait une éternité pour Aurore. Avec Marco désormais de leur côté, Damian et elle avaient une chance de déstabiliser l’empire de Conti, mais le moindre faux pas pourrait leur coûter la vie. Ils étaient entrés dans un jeu de pouvoir, où l’ombre de la trahison planait à chaque instant.
Le soir de leur première action, Aurore et Damian se préparèrent avec soin. Ils avaient obtenu des informations de Marco sur les transactions les plus sensibles de Conti, celles qui soutenaient son empire financier. Il suffisait de frapper aux bons endroits, au bon moment, pour faire s’effondrer cette structure apparemment invincible.
Le premier coup serait porté cette nuit-là.
Aurore, vêtue d’une tenue sombre et discrète, attendait dans la voiture tandis que Damian s’introduisait dans l’entrepôt où une transaction illégale de grande envergure devait avoir lieu. C’était un risque immense, mais ils avaient peu de temps pour agir. Conti soupçonnait déjà Marco de le trahir, et le moindre signe d'hésitation pouvait ruiner leur plan.
Damian disparut dans l’ombre, et Aurore, seule dans l’obscurité, ne pouvait réprimer une vague d’angoisse. Elle avait toujours été forte à ses côtés, mais ce soir-là, elle sentait un poids différent. La violence de leur monde avait toujours été palpable, mais maintenant, elle était en première ligne.
Elle regarda l’heure, son cœur battant la chamade. Les secondes s’étiraient. Chaque bruit, chaque mouvement dans la nuit lui semblait suspect. Elle se mordit la lèvre, incapable de rester assise sans rien faire. Mais elle savait que Damian devait agir seul cette fois-ci.
Enfin, après ce qui sembla être une éternité, elle vit sa silhouette réapparaître à l'angle du bâtiment. Son soulagement fut instantané. Il grimpa dans la voiture et referma la porte derrière lui, essuyant rapidement une trace de sueur sur son front.
« C’est fait, » dit-il d’une voix tendue mais calme. « Conti ne s’en rendra pas compte avant quelques heures, mais cette transaction va capoter. Ça va le déstabiliser. »
Aurore se tourna vers lui, ses mains tremblantes légèrement sur le volant. « Et maintenant ? »
« Maintenant, nous attendons que Marco fasse sa part. Il doit continuer à semer le doute dans l’esprit de Conti. Si tout se passe bien, d’ici deux jours, il commencera à perdre la confiance de ses hommes. »
Aurore acquiesça, mais une part d’elle restait inquiète. Ils jouaient un jeu terriblement dangereux, et chaque étape les rapprochait un peu plus du point de non-retour.
Les deux jours suivants furent une attente insoutenable. Aurore et Damian évitaient tout contact avec le monde extérieur, communiquant uniquement avec Marco à travers des canaux sécurisés. Selon ses informations, Conti était déjà en train de perdre patience. La transaction ratée avait mis ses affaires en péril, et il commençait à soupçonner qu’une taupe se cachait parmi ses alliés les plus proches.
« Il est furieux, » leur annonça Marco lors d’un appel crypté. « Il fouille dans les comptes de ses hommes, et il commence à émettre des menaces. Si nous continuons ainsi, il pourrait devenir incontrôlable. »
Damian hocha la tête, les traits tendus. « Il faut qu’on frappe encore plus fort, alors. Que son empire s’effondre avant qu’il ne se retourne complètement contre toi. »
« Je sais, » répondit Marco d’une voix rauque. « Mais vous devez comprendre qu’il est déjà paranoïaque. Si ça dure trop longtemps, il pourrait simplement éliminer tout le monde, moi y compris. »
Aurore sentit un frisson glacé parcourir sa colonne vertébrale. Elle connaissait les risques, mais entendre Marco parler ainsi rendait la menace bien plus réelle.
« On va accélérer les choses, » déclara Damian. « Le prochain coup sera décisif. »
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La nuit suivante, ils mirent en place leur attaque la plus audacieuse. Marco avait découvert l’emplacement d’un entrepôt essentiel à Conti, où se trouvait une cargaison d’armes et de produits illégaux destinés à être vendus dans toute l’Europe. Si Damian et Aurore parvenaient à saboter cette cargaison, cela provoquerait un tel chaos que les hommes de Conti commenceraient à douter de son autorité.
Damian et Aurore se glissèrent à l'intérieur de l’entrepôt sous le couvert de la nuit. Le lieu était vaste, rempli de conteneurs maritimes empilés les uns sur les autres, créant un véritable labyrinthe. Ils avançaient rapidement mais prudemment, évitant les patrouilles de sécurité.
Arrivés à l'endroit clé, Damian ouvrit l’un des conteneurs, révélant une série de caisses métalliques remplies d’armes automatiques. Il commença à préparer les explosifs qu’ils avaient apportés, destinés à détruire la totalité de la cargaison.
« Ça ne va pas seulement affaiblir Conti, » murmura Damian en fixant les explosifs. « Ça va le ruiner. »
Aurore acquiesça, mais son regard scrutait l’obscurité autour d’eux. Il y avait quelque chose d’inquiétant dans l’air. Elle ne pouvait s’empêcher de penser que tout cela se passait trop facilement.
Et elle avait raison.
Alors que Damian s’apprêtait à finir de poser les charges, des bruits de pas résonnèrent dans l’entrepôt. Aurore se figea, son cœur s’accélérant. Elle saisit le bras de Damian, le regardant droit dans les yeux. Ils étaient repérés.
« On doit partir, maintenant, » murmura-t-elle.
Mais il était trop tard. Une équipe de gardes entra dans l’entrepôt, leurs lampes torches balayant les lieux. L'un d'eux s'arrêta brusquement, son faisceau éclairant directement Damian et Aurore. Il hurla quelque chose en italien avant de dégainer son arme.
Damian réagit immédiatement, tirant Aurore derrière un conteneur juste à temps pour éviter une rafale de balles. Ils étaient pris au piège.
« On doit sortir d'ici ! » s’exclama Aurore, la panique montant en elle.
« Pas sans finir ce qu’on a commencé, » répondit Damian, déterminé.
Sous la pression, Damian acheva rapidement de poser les charges, tandis que les tirs fusaient de plus en plus près. Aurore, son souffle court, sortit son arme et tira en direction des gardes pour les tenir à distance.
« Ça y est, c’est fait ! » cria Damian.
Ils se mirent à courir, zigzaguant entre les conteneurs alors que les balles ricochaient autour d'eux. La sortie de l’entrepôt était à portée, mais les gardes se rapprochaient dangereusement.
Soudain, un bruit strident résonna, une alarme retentissant dans tout l’entrepôt. Des renforts arrivaient. Le temps jouait contre eux.
Damian saisit la main d’Aurore et accéléra le pas. « On va y arriver ! »
Enfin, ils franchirent la porte de l’entrepôt et se jetèrent dans la voiture garée à l’extérieur. Damian démarra en trombe, tandis qu'Aurore, le souffle coupé, regardait derrière eux. L’entrepôt s’éloignait rapidement, mais ils n’étaient pas encore hors de danger.
Soudain, une explosion retentit, éclairant le ciel nocturne d’une lueur rougeâtre. Le bruit assourdissant résonna dans leurs oreilles alors que l’entrepôt de Conti se consumait dans les flammes.
Damian accéléra, sans un mot, concentré sur leur fuite. Aurore, le cœur battant à tout rompre, regardait la ville défiler à toute vitesse.
Ils avaient réussi.
Mais en détruisant cette cargaison, ils savaient qu’ils venaient de signer une déclaration de guerre ouverte avec Conti. Le magnat du crime ne reculerait devant rien pour se venger.
Et désormais, tout pouvait basculer.
La nuit était tombée sur Milan, mais une nouvelle tempête se préparait. Et cette fois, Aurore et Damian allaient devoir faire face à la furie déchaînée d’Alessandro Conti.