chapitre 4 : Une journée comme une autre

27 4 2
                                    

Aldric ouvrit les yeux lentement, laissant la lumière matinale percer les lourds rideaux de velours pourpre qui encadraient son lit. Le filet de soleil traçait une ligne dorée sur le sol, se reflétant faiblement sur les pierres polies qui composaient le sol de sa chambre. Une chambre somptueuse, où chaque détail - des sculptures en bois aux tapis épais - témoignait de la richesse dans laquelle il baignait depuis son enfance. Mais pour Aldric, cette opulence n'éveillait plus rien. Elle n'était qu'une autre constante dans une vie où tout, même le luxe, semblait lassant.

Autour de lui, les corps nus de plusieurs jeunes femmes, des esclaves achetées pour la plupart, gisaient sous les draps de soie, leurs respirations profondes marquant encore le sommeil. Il les observait d'un œil indifférent, la main glissant distraitement sur la peau douce de l'une d'elles, caressant ses courbes sans aucune véritable pensée derrière le geste. Ce n'était pas de l'affection, ni même du désir. Seulement un réflexe, une mécanique qu'il connaissait bien.

Aldric se redressa dans le lit, prenant un instant pour observer la pièce autour de lui. Chaque tableau accroché, chaque sculpture, chaque vase finement travaillé - tout cela représentait son pouvoir. Une preuve tangible de son statut. Et pourtant, malgré toute cette grandeur, il n'y avait rien ici qui comblait l'étrange vide qui grandissait en lui depuis des années. Cette sensation d'être entouré d'or et de soie, mais de manquer de quelque chose d'essentiel. Il aurait voulu quelque chose de plus... mais il ne savait pas quoi. Plus de pouvoir ? Certainement. Plus de contrôle ? Sans doute. Mais il y avait une part de lui qui savait que même cela ne suffirait pas.

Avec une lenteur délibérée, il repoussa les draps et posa les pieds sur le sol glacé. Ses pensées, toujours floues après la nuit, dérivaient déjà vers les intrigues du jour. Les affaires de la noblesse, les alliances, les trahisons, les querelles mesquines pour des bribes de pouvoir. Un jeu éternel qu'il jouait depuis si longtemps qu'il pouvait en deviner les mouvements sans effort. Pourtant, cette danse de manipulations le fatiguait plus qu'elle ne l'excitait. La noblesse se battait pour des miettes, et Aldric, bien qu'habitué à cette lutte, savait que ce combat n'avait rien de noble. Rien de véritablement grand. Ils pourraient accomplir tellement plus, s'ils n'étaient pas si aveuglés par leurs ambitions personnelles.

Ses pensées furent interrompues par un bruit soudain. La porte de la chambre s'ouvrit à la volée, et son frère cadet, Alberic, toujours aussi impétueux, entra sans attendre d'être annoncé. Derrière lui, une servante maladroite, portant un plateau de vin, trébucha sous la précipitation. Le liquide pourpre se répandit sur le sol, éclaboussant les tapis. Le visage de la jeune fille se crispa de peur, consciente de l'erreur qu'elle venait de commettre.

- Imbécile ! gronda Alberic en se tournant vers la servante. Il leva la main, prêt à la frapper.

Aldric soupira intérieurement. Il aurait pu laisser faire, après tout ce n'était qu'une servante, mais il tendit mollement la main pour saisir le poignet de son frère.

- Ne l'abîme pas, dit-il d'une voix calme, presque paresseuse. Ce n'est pas ainsi qu'on traite les choses de valeur.

Alberic s'arrêta, les yeux étincelants de colère, mais il obéit, plus par dédain que par véritable respect. Aldric relâcha son poignet avec une lassitude palpable, avant de renvoyer la servante d'un geste de la main. Elle se hâta de quitter la pièce, trop effrayée pour faire un autre faux pas.

- Père nous attend, lança Alberic, indifférent à la scène qui venait de se dérouler. Il veut te voir pour la réunion.

Aldric se redressa lentement, un soupir étouffé s'échappant de ses lèvres. Les obligations familiales, encore. Une autre mascarade où il jouerait son rôle, non pas par devoir, mais par nécessité. Il méprisait son père, tout comme il méprisait ce monde de faux-semblants. Mais il savait qu'il n'avait pas le luxe d'ignorer ces devoirs. Le pouvoir, après tout, demandait de jouer le jeu. Et Aldric, même fatigué, savait comment y jouer mieux que quiconque.

Il se tourna alors vers son frère avec un sourire moqueur et narquois.

- Toujours prêt à te plier en quatre pour les bonnes grâces de père, n'est-ce pas ? lança Aldric en levant un sourcil. Je dois admettre que c'est fascinant de voir à quel point tu es prêt à tout... sauf à être bon dans quoi que ce soit. Enfin, sauf peut-être pour dilapider la fortune familiale.

Un éclat de colère traversa le regard d'Alberic, qui serra les poings, visiblement piqué au vif.

- Garde tes leçons pour toi, Aldric, je n'ai pas besoin de tes remarques condescendantes, cracha Alberic, la mâchoire serrée.

Aldric esquissa un sourire encore plus large, savourant le plaisir de son rôle de grand frère qui ne manquait jamais une occasion de rabaisser son cadet.

- Ah, c'est vrai. Tu n'as besoin de rien, sinon de chance aux dés... Comment vont tes finances, au fait ? On raconte que tu as autant de talent pour le jeu que pour... hé bien... tout le reste.

Le visage d'Alberic se crispa de rage, incapable de trouver une réponse tranchante. Aldric, imperturbable, savourait visiblement l'effet de ses paroles.

- Enfin, je suppose que tu trouveras un moyen de récupérer tout ça, n'est-ce pas ? Comme tu le fais toujours, en demandant à père d'effacer tes dettes... après tout, être un fayot a ses avantages, non ?

Alberic fulminait, les poings serrés, prêt à exploser, mais Aldric maintint un ton léger, presque désinvolte.

- Mais ne t'inquiète pas, petit frère. Je suis certain que cette réunion familiale te donnera encore une belle occasion de prouver ta valeur... ou du moins de t'y essayer.

Le frère d'Aldric, incapable de répliquer sans perdre son calme, serra les dents, lançant un dernier regard furieux à Aldric avant de tourner les talons.

- Un jour, Aldric, ce ton te coûtera cher, murmura-t-il avant de claquer violemment la porte derrière lui.

Aldric sourit doucement en regardant la porte se refermer.

- Peut-être. Mais certainement pas aujourd'hui, murmura-t-il pour lui-même, se levant enfin du lit.

Il se détourna, jetant un dernier coup d'œil aux draps froissés et aux corps endormis autour de lui, avant de se diriger vers ses affaires. La journée promettait d'être longue.

(J'étais pas mal en forme récemment donc j'ai sorti plusieurs chapitres rapidement pour que vous ayez une petite idée de ce que je veux écrire, ce rythme ne durera pas évidemment je prendrai sûrement plus de temps pour les prochains chapitres rien de fou ne vous inquiétez pas.

Je vous retrouve bientôt, n'hésitez pas à partager et à commenter les chapitres si vous aimez et même si vous n'aimez pas laissez un commentaire pour que je puisse m'améliorer.
Un bon weekend à toutes est à tous.)

ElemancersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant