Elemancers

Chapitre 7: Leçon de noblesse

La lumière tamisée de la salle de spectacle abandonnée dansait sur les murs poussiéreux, créant une atmosphère intime pour cette séance d'entraînement peu conventionnelle. Elyra, serrée dans un corset qui semblait vouloir broyer ses côtes, avançait avec précaution, les joues légèrement rougies par l'effort et l'inconfort.

— Non mais sérieusement, c'est une torture, ce truc ! râla-t-elle en tirant un peu sur le haut du corset qui lui comprimait la poitrine. On dirait qu'on a mis mes seins sur un plateau d'argent pour les offrir en spectacle.

Talia éclata de rire, les yeux pétillants d'amusement.

— C'est un peu le but, Elyra. C'est ça, le raffinement noble : faire de soi une œuvre d'art... ou une belle décoration.

Elyra roula des yeux, exaspérée, mais un sourire étira tout de même ses lèvres.

— Franchement, je préfère encore mes vieilles fringues. Si ça continue, je vais finir par étouffer là-dedans, dit-elle en redressant tant bien que mal son dos, prenant une posture plus noble, le menton haut et l'air fier. Puis, elle se lança dans une démarche exagérément gracieuse, les bras délicatement posés, les lèvres pincées.

— Très bien ! Je suis la Comtesse de... de... Dentelle-sur-Rivière ! s'exclama-t-elle, d'une voix hautaine, en battant des paupières de façon théâtrale. Oh, messire, quel plaisir de vous voir en ce charmant jour de printemps !

Talia ne put s'empêcher de rire, mettant la main devant sa bouche pour étouffer son éclat.

— Elyra, on dirait une oie qui essaie de se la jouer grande dame ! Sérieusement, tu vas tuer quelqu'un de rire si tu débarques comme ça !

Un éclat de malice traversa le regard d'Elyra, qui posa une main sur sa poitrine avec une dignité feinte.

— Oh, chère amie, je vous remercie de vos conseils si précieux, dit-elle en prenant une voix mélodramatique. Vraiment, je suis profondément touchée par votre délicatesse !

Talia lui donna une tape amicale sur le bras.

— Allez, arrête de faire la maligne et concentre-toi. Pour commencer, tu vas devoir marcher correctement, reprit-elle en posant un livre sur la tête d'Elyra. Tiens, essaie de ne pas le faire tomber cette fois, Comtesse des Basses Cours !

Elyra leva les yeux au ciel mais obéit, posant un pied devant l'autre, les bras élégamment pliés, bien décidée à ne pas ressembler à un animal maladroit. Elle fit quelques pas hésitants, mais, bien vite, son pied dérapa légèrement et le livre glissa de sa tête. En tentant de le rattraper, elle perdit l'équilibre et tomba en avant, les bras tendus pour éviter de finir au sol.

Talia, secouée de rire, lui lança entre deux éclats :

— La même, dans une soirée des bas-fonds, tu te ferais remarquer !

Elyra, toujours à moitié pliée, jeta un regard noir à Talia, mais son sourire trahissait son amusement.

Talia finit par reprendre son sérieux, essuyant une larme au coin de son œil. Reprenant contenance, elle tira doucement Elyra par la main pour la remettre sur pied, tout en s'efforçant de réfréner son sourire.

— Bon, on va essayer de passer à quelque chose d'encore plus simple : les salutations. Si tu te retrouves face à un noble d'un rang proche du tien, tu fais une légère inclinaison de la tête, élégante mais discrète, expliqua-t-elle en mimant un salut léger.

Elyra l'imita, mais le geste lui sembla trop contraint.

— C'est bien, mais détends-toi un peu, on dirait que tu as un balai dans le dos, pour ne pas dire autre chose, plaisanta Talia.