Chapitre 3

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  J'avais commencé à remplir une boite d'or juste après l'assassinat de ma grand-mère. Je me rappelle avoir espéré amasser assez pour payer un tueur à gage. J'ai vite abandonner l'idée, voulant devenir moi-même la personne qui tuerait l'assassin.

  Mais l'habitude d'épargner l'argent était restée.

  Et même si mes parents ne me donnaient qu'assez pour m'acheter de quoi me nourrir, je pensais sincèrement avoir une fortune.

  Pourtant mes réserves étaient entrain de se vider, et je n'avais toujours pas de plan B. Rentrer chez moi était inconcevable. La lueur de honte dans le regard de mes parents m'aurait achevée. Ou peut-être auraient été-t-ils indifférents à mon retour ? Peut-être qu'ils n'avaient même pas remarqué mon absence ?

  Une délicieuse odeur de lapin grillé titille mes sens. Son goût se repend déjà dans ma bouche. J'ouvre des yeux plissés à cause de la luminosité, je suis toujours assisse à même le sol. J'ai dormi ici et mon dos me fait souffrir. De la sueur coule le long de mes tempes, la journée est déjà bien entamée. Il est étonnant que personne ne m'ait jeté des coups de pieds pour me faire déguerpir. Il n'y a plus de pauvres qui dorment dehors la nuit. Alors si un clochard, ou même une clocharde se retrouve à dormir sur la route, trop bourrée pour rentrer, on la bourre de coups, on lui jette des regards dédaigneux.

  Ma mère était l'une des meilleures dans ce domaine.

  Je me redresse tant bien que mal, mes jambes tremblent et j'ai une douleur sourde au creux du ventre. Je n'ai plus rien avalé depuis deux jours. Mes lèvres sont gercées. Et toutes ces odeurs n'arrangent pas mon cas.

  Je boite de deux trois pas quand une bourse d'argent tombe juste devant mes yeux. C'est un petit garçon qui l'a fait tomber. Sa mère, grande et brune, n'y fait pas attention. Je la ramasse et les poursuis en me faufilant malgré mes courbatures.

— Madame, l'appelé-je en posant une main sur son épaule.

  Elle se tourne et son nez en trompette se fronce. Des éclairs sortent de ses yeux lorsqu'elle pose le regard sur ma paume ouverte où se trouve sa bourse.

— Mon argent, voleuse, crache-t-elle.

— Je l'ai...

  Elle me l'arrache des mains avant que je ne puisse m'expliquer et tourne les talons. Je reste abasourdie, observant ses grandes enjambées s'éloigner de moi.

— Quelle idiote, me murmuré-je.

  Je ne sais pas si je parle d'elle ou de moi. Dans tous les cas, ma naïveté va finir par me perdre. Il faut que me renforce si je veux devenir tueuse. Mes pieds fourmillent, alors je me mets en marche, éloignant les délicieuses odeurs de moi. Il faut que je devienne plus forte.

  Mais surtout que je trouve un moyen d'acheter à manger.




  Voleuse.

  Le mot tourne autour de moi depuis ma broutille avec la grande brune. À la vue de mes habits sales, elle m'a catégorisée. Elle n'a même pas chercher à comprendre.

  Le monde me semble injuste.

  S'il faut, je serais aussi injuste.

  Sans trop savoir où mes pas me mènent, j'avance. La ville s'agite autour de moi, des marchés mettent en valeur leurs marchandises sur des étalages en bois. Au-dessus d'eux, des voiles de couleurs clairs sont étendu, en référence au Grand Marché qui se tient dans la capitale de notre monde ; le Nouveau new York.

Queen of the dead - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant