Chapitre 6

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  (Chapitre assez long)

 L'eau froide me glace les os, mais je sais qu'il n'y a pas plus chaud. J'ai déjà de la chance qu'Hannaé ait l'eau courante. J'accélère le mouvement et nettoie en quatrième vitesse mon corps couvert de poussière et de transpiration.

   Je sors, m'essuie et enfile prestement mon pyjama, un bas noir et un petit débardeur assortis. Mes pieds nus sur le carrelage frais me font frissonner. Je sèche mes cheveux à la main en descendant pour rejoindre Hannaé. Je l'entends qui chantonne dans la cuisine.

   À notre époque, il reste très peu de sortes viandes, quelques petites espèces de rongeurs tel que les lapins et les rats, ainsi quelques félins encore vivants. Très peu de sortes. Pourtant, de délicieuses odeurs me parviennent. J'ouvre grand les narines et respire à grands coups. Je rentre dans la cuisine tandis qu'Hannaé est en train de touiller dans une grande casserole. Le feu chauffant en dessous réchauffe la pièce ; la journée il fait très chaud mais la nuit, dès que les ombres reprennent leur droit, la température baisse drastiquement.

   La tueuse se tourne vers moi et m'envoie un sourire éclatant.

— Tu sens bien meilleure.

   Je prends sa remarque sur le ton de la rigolade.

— Et moi, j'ai l'impression que tu cuisines bien, ça sent bon jusqu'en haut !

   Avec un clin d'œil, elle retourne à sa cuisson. Hannaé est comme ça, froide et distante, et parfois, elle peut être légère et taquine. Même si elle ne se rend pas forcement compte que certaines de ses phrases me blessent. Je ne lui en veux pas.

— Nous mangerons dans une vingtaine de minutes. Tu peux aller faire des étirements dehors.

   J'acquiesce, puis je me rappelle qu'elle me tourne le dos, alors je réponds par l'affirmative. Sortir à cette heure ne me tente pas vraiment, mais ai-je le choix ?

   Non, je veux devenir tueuse, et cela implique des sacrifices.

   J'ouvre la porte du salon qui mène à l'arrière de la maison, sur une petite terrasse en pierre sans décoration. Un vent frais m'accueille.

   Je m'assieds en tailleur face à la forêt et maîtrise ma respiration malgré le froid des pierres qui transpercent la toile de mon pyjama et les ténèbres de la forêt qui me fixe. Une jambe tendue devant moi, je m'étire. Ensuite, je change. Ma respiration est calme, malgré mon cœur qui bat à toute vitesse, et pour cause, les arbres aux branches griffues me font toujours aussi peur. Je me répète en boucle la phrase magique d'Hannaé, tout en continuant d'étirer mes bras au dessus de ma tête.

   « Je suis l'ombre, je suis l'ombre, je suis l'ombre ! »

   Je frissonne quand une brise vient soulever mes cheveux encore humides, mais je me reconcentre aussitôt. Une paix intérieure m'enveloppe. Aucun mouvement, juste inspirer et expirer. Je me suis rassisse en tailleur, mes yeux fermés ne voient que du noir. La peur a refluer, telle une vague. Je me sens à nouveau libre. J'ai eu peur pendant un instant, d'avoir quitté une prison pour une autre, mais finalement, Hannaé est juste intransigeante. Elle veut que je réussisse.

   Je me relève après avoir trouvé l'harmonie qui me manquait tant.

   Je retrouve Hannaé assisse à la table de six, une assiette devant elle et une deuxième en face. Au centre, trônent trois chandelles et un plat remplis à rebord, une louche est plantée dedans.

   Elle tourne la tête vers moi et les ombres que projettent les flammes, lui creusent le visage et font pétiller son regard. Je m'installe en face d'elle.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 19 ⏰

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Queen of the dead - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant