Chapitre 5

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  Nous descendons du chariot, et pendant que le villageois reçoit sa prime et son complément pour son silence, j'observe le village où nous sommes. Il est petit comme la plupart, et un peu perdu au milieu des collines. La rue principale est juste assez grande pour que deux chariots se croisent. À sa fin, là où nous nous trouvons, se trouve la place. Ronde, elle est animée grâce aux deux pubs, mais aussi grâce à un cordonnier et une petite écurie.

  Hannaé part dans une rue minuscule, qu'un chariot ne pourrait pas traverser. Les maisons sont collées les unes aux autres, mais seulement la moitié sont habitées. Assez rapidement, nous débouchons face à une forêt d'arbres gigantesques, mais morts. Un frisson parcourt ma colonne vertébral en pensant à tout ce qui pourrait se cacher sous le couvert des arbres. Pourtant, mon nouveau mentor file déjà vers les troncs.

— Hannaé, l'appelé-je.

  Elle se tourne vers moi, les sourcils levés, à quelques centimètres de l'ombre. N'a-t-elle pas peur de se faire attaquer par l'arrière ?

— Le village est derrière nous, pourquoi allons-nous dans la forêt ?

— Tu n'es pas rassurée ?

— Pas vraiment.

  Un léger sourire étire ses lèvres, il disparaît aussitôt. De sa démarche de féline, l'Ange Meurtrier se rapproche de moi pour poser ses mains sur mes épaules. Son front se pose contre le mien. Mes pupilles trouvent les siennes quelques centimètres plus haut.

— La seule personne méchante au monde, c'est moi. Tu n'as pas peur de moi, tout de même ?

— Non, me forcé-je à répondre.

  Ce n'était pas vraiment un mensonge. Juste l'image instable de son visage qui se met en colère contre moi. Ça m'effraye.

— Alors tu n'as pas à avoir peur de l'ombre. Tu es l'ombre.

  Elle sourit, plus gentiment cette fois et je reprends confiance en elle comme en moi. En nous...

  Je la suis alors même que la frousse essaye de prendre possession de mon corps. Je la repousse loin dans mon être. L'ombre est ma force. C'est là qu'on se cache pour mieux attaquer. Elle s'enroule autour de moi comme une couverture.

  Des feuilles de fougères frémissent. J'attrape ma lame et me rapproche de mon mentor.

— Pourquoi as-tu peur de la forêt ? demande-t-elle avec douceur.

— Je n'ai pas peur des forêts à proprement parler, plus des coins sombres où peuvent se cacher je ne sais quelles choses dangereuses.

  Elle me rassure en me prenant la main :

— Comme je te l'ai dit, nous sommes de ce qu'y a de plus dangereux. Je vais t'apprendre à ne plus avoir peur.

  Mon cœur rate un battement. Est-ce la faute de ce bruit sur ma droite, ou de la paume douce d'Hannaé dans la mienne ?

  Enfin, nous arrivons devant une grande maison en pierre. Malgré la difficulté à trouver des matériaux de construction, Hannaé a réussi à retaper ce bâtiment, et à même reboucher les fenêtres.

— C'est joli ici, dis-je pas mécontente de quitter les arbres morts pour son jardin.

  Elle me conduit dans le salon, en silence, où elle dépose mes affaires sur le canapé. Les bras ballants, je regarde autour de moi sans mots dire. Je commence à la cerner, et elle n'aime pas mes questions impertinentes.

  C'est elle qui maîtrise tout ; les informations qu'elle me donne, ce que je dois faire.

  Mon ventre gargouille et mon mentor y répond :

Queen of the dead - tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant