La vagabonde de Suribachi.

Chapitre 6 partie 3 : Refuge

Quartier de Suribachi, 4h du matin.

L'orage avait duré toute la nuit.

Ainsi le petit logis qui les abritait était en proie au clapotis constant de la pluie sur son toit de taules, tandis que le seul bruit qui provenait de ses occupants était le crépitement du feu qui avait été allumé pour les réchauffer.

À l'intérieur, Toru avait disposé la plupart de ses vêtements à sécher sur le rebord d'un caisson, ne gardant sur elle que le débardeur qu'elle portait habituellement sous sa chemise et son pantalon. Elles'était assise près du feu, à même le sol, le menton appuyé sur ses bras, eux même croisés sur le haut de ses genoux. Son expression restait assombri par la tristesse et l'inquiétude, malgré la lueur du feu qui éclairait son visage. Même la faible lueur qui émanait de lui jusqu'à ses yeux semblait disparaitre dans le vide qui s'y était maintenant bien installé.

Elle n'avait pas fermé l'œil, veillant sur le garçon qui restait allongé sur un matelas disposé au sol, non loin d'elle. Au vu de son état et de ce qu'elle avait pu déduire des intentions des deux assaillants de la soirée dernière, elle avait finit par comprendre qu'il était simplement sous les effets d'un tranquillisant et qu'il n'était qu'une question de temps avant qu'il ne se réveille. Elle s'était donc chargée de veiller la nuit. Elle n'aurait pas pu trouver le sommeil de tout façon. Son esprit ne s'arrêtait plus de penser à mille et une possibilités depuis les évènements de la veille. Cela aurait pu lui faire envier le détachement avec lequel Dazai réagissait souvent, si seulement elle n'avait pas conscience qu'il n'était question que d'un mécanisme d'auto-défense.

Sous l'épaisse couverture du sommeil, Dazai sentit peu à peule brouillard du tranquillisant se dissiper. Son corps d'abord, toujours lourd, refusait de bouger, mais son esprit s'éveillait lentement, émergeant d'un rêve sans contours ni couleurs. Il perçut d'abord la chaleur. Douce, rassurante, elle venait du feu, mais aussi d'une présence proche, familière. Le clapotis de la pluie tambourinant sur le toit l'aida à situer l'endroit : ils étaient encore à Suribachi. Il ne se souvenait plus très bien de la manière dont ils y étaient arrivés.

Un soupir lui échappa avant même qu'il ne prenne conscience de son corps. Lentement, ses paupières s'ouvrirent, révélant un plafond de tôle terne, à peine éclairé par la lumière dansante des flammes. Ses yeux parcoururent la pièce avant de s'arrêter sur Toru. Elle était assise là, à côté du feu, son visage presque spectral dans la pénombre, figé dans une expression de fatigue qu'il lui reconnaissait trop bien. Elle veillait. Comme toujours.

« Tu devrais dormir un peu », murmura-t-il d'une voix encore alourdie par la léthargie.

Il ne lui ordonnait ni ne lui reprochait rien, constatant simplement.

« Comment tu te sens ? »
Demanda Toru sans le regarder, sa voix trahissant une inquiétude retenue.

Dazai haussa légèrement les épaules, même s'il savait qu'elle ne pouvait pas le voir.

« Comme quelqu'un qui aurait pu éviter le coup, mais qui ne l'a pas fait »
Répondit-il avec un sourire.

Toru soupira, le regardant alors qu'il s'asseyait avec un grognement.
« Comment est-ce que tu as su, d'abord ? »

Dazai lui répondit avec le même entrain, une fois débarrassé de la corvée que représentait le simple fait de s'assoir avec un corps qui semblait peser aussi lourd.
« Quand je t'ai vu utiliser ton pouvoir pour flotter lors de ton combat contre Ryu, je me suis rendu compte que contrairement aux observations que j'avais précédemment faites, ton pouvoir ne fonctionne pas que sur les objets mais aussi sur les êtres vivants. »

Elle laissa échapper un autre soupir, exaspérée tandis qu'elle décroisait ses bras, laissant l'un d'entre eux retomber sur ses cuisses tandis qu'elle étirait le second vers l'arrière pour appuyer la paume de sa main contre le sol.
« Tu te rends compte des risques que tu as pris simplement pour vérifier ça? »