Chapitre 1

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Angelina

— Bienvenue à Gillot de Saint-Denis, sur la magnifique et merveilleuse Île de la Réunion. Nous espérons vous revoir à bord très bientôt. Nous vous demandons d'attendre l'extinction du signal lumineux avant de détacher votre ceinture. Et attention aux chutes de bagages.

— Enfin ! s'exclame ma voisine de vol. C'est la première fois que tu viens à la Réunion ?

— Non, réponds-je en souriant. Je suis d'ici, en fait... Mais je suis restée à l'étranger pendant deux ans.

— Ah ! Je vois ! Le retour au bercail alors.

— Oui, c'est ça. Je reviens pour mes études. Je ne veux pas les faire par correspondance. J'appréhende un peu...

Et il y a de quoi ! J'ai entendu dire que d'être à fac requiert beaucoup d'organisation, ainsi que de travail personnel. Il faut savoir s'accrocher. Un environnement propice ne sera pas de trop !

— Je comprends parfaitement. C'était compliqué quand je suis retournée chez moi, après seulement six mois à l'étranger pour un stage. Alors deux ans ! Mais ne t'inquiète pas. Après quelques mois, tu te sentiras à nouveau bien, et tu ne voudras plus laisser ta maman encore une fois ! annonce-t-elle, avec un clin d'œil.

Je tressaille légèrement. Mon cœur se serre à la mention de ma mère, toutefois je me ressaisis. Je lui souris avant de me détacher et de me lever pour récupérer ma valise de cabine.

— En tout cas, je te souhaite de passer de bonnes vacances sur le sol Réunionnais.

— Merci. J'espère que tu t'en sortiras.

Après avoir attendu plus d'une heure pour mes valises, je sors enfin de l'aéroport. Dès que je mets un pied à l'extérieur, mes yeux sont agressés par le soleil éclatant.

Néanmoins, cette chaleur n'est rien comparée à celle qu'il fera en été.

Je me lance à la recherche d'un taxi. Le prix que m'indique le chauffeur est des plus exorbitants pour un simple trajet de trente à quarante minutes. Or, je n'ai pas d'autre choix. Impossible pour moi de prendre le bus avec mes grosses valises qui pèsent une tonne !

Après négociation, nous tombons d'accord sur un prix légèrement plus bas. Je grimpe dans la voiture climatisée et donne l'adresse de la résidence où je vais vivre pour les prochaines années. Par la vitre, je regarde défiler ce paysage familier avec des touches de nouveautés, comme la Nouvelle Route du Littoral – et accessoirement, la route la plus chère d'Europe – tout en essayant de ne pas porter attention au stress qui monte.

J'ai quitté la Réunion précipitamment, il y a deux ans. Selon mes proches, c'était dans mon intérêt. Personnellement, j'étais réticente à l'idée de partir et de tout abandonner. Mais encore une fois, c'était la meilleure chose à faire après tout ce qui s'était passé. Alors, j'ai rejoint Karan, un de mes meilleurs amis, à Mumbai où je me suis inscrite dans son école de danse.

Je pratique cette activité depuis que je suis enfant. Le père de ma meilleure amie, Ajay Bakshi, était chorégraphe à Bollywood et l'un des meilleurs danseurs au monde. Il faisait des allers-retours entre l'île et l'Inde, mais à la mort de sa femme – tout juste un an après la naissance d'Aashi – il a préféré se consacrer à sa fille. Il a ouvert une école de danse ici.

Aashi avait à peine trois ans, qu'il avait commencé son initiation, toutefois, elle n'était pas intéressée. J'avais l'habitude de me rendre au studio avec elle, et après deux ans de souffrance, elle a abandonné et m'a offert sa place.

Bien évidemment, j'ai été plus que ravie de la nouvelle. J'adorais tellement danser !

Quand j'ai quitté l'Île, j'ai terminé ma scolarité par correspondance. Si j'ai décidé de revenir, c'est dans l'unique but de bien commencer mon cursus universitaire. Aussi fantastique que cela puisse paraître, l'école à la maison est bien plus difficile et compliquée que lorsque l'on est dans une salle de classe, entouré et aidé par des professeurs ou des camarades.

Et puis, je voulais rentrer. Qu'importe combien j'adore Mumbai, ma vie et mes amis de là-bas, mon île, ainsi ma vie de simple étudiante me manquait, sans oublier mes amis d'enfance. Ils me manquaient tous.

Il me manquait.

Tyler Blackwood.

Je le connais depuis mes deux ans et demi. Je suis amoureuse de lui depuis... toujours. Et comment ne pas l'être ? Ses cheveux blond foncé qui penchent sur le châtain, son sourire et ses fossettes, et surtout, ses sublimes yeux bleus si similaires à l'océan.

Lorsqu'il est venu vivre à Saint-Paul avec sa Grand-mère, nous étions voisins. Nous sommes devenus de meilleurs amis et étions inséparables. 

Puis, lors de sa rentrée au collège, il s'est fait de nouveaux camarades. De la distance s'est installée entre nous. Une fois populaire, il s'est tout simplement mis à nous ignorer. Aashi était furieuse contre lui, mais je n'imaginais pas qu'il nous oublierait ainsi. Après tout, il avait le droit d'avoir d'autres amis que nous. Nous étions des filles et il avait besoin d'amis masculins.

Très vite, il s'est laissé entrainer par eux. Fumer, boire, boîte de nuit ou soirée, sans oublier les filles. À peine la première année de lycée terminée, il était connu pour être un véritable Don Juan. Une relation d'une nuit, voire de quelques jours, en fonction de sa situation avec sa petite amie, Alicia.

Malgré tout ça, je n'avais jamais eu de soucis particuliers avec lui jusqu'à ce fameux jour...

Je soupire. Je me retrouve entre deux eaux : la joie de le revoir après deux ans et la peur de me retrouver face à lui après si longtemps. Autant nous étions proches auparavant, autant nous sommes éloignés aujourd'hui.

Est-ce vraiment une bonne idée de revenir ? Et plus particulièrement de le revoir ? Sans compter, qu'il ignore tout de ma venue et...
— Nous y sommes !

Je suis interrompue dans mes réflexions par le chauffeur. Aimable, il retire mes valides du coffre. Je le paie puis l'observe s'éloigner avec la furieuse envie de le rappeler pour qu'il m'emmène loin d'ici. Prenant mon courage à deux mains, je me tourne vers le portail en fer forgé que je fixe pendant un long moment. Enfin, je tape de code de sécurité et pénètre dans la propriété. 

Always...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant