Chapitre 11

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Tyler

Nous sommes coincés dans les embouteillages à cause de l'heure de pointe. Entre les gens qui sortent du travail, de l'université ou de l'école... on a pour des heures ! Heureusement, nous ne sommes pas à l'arrêt complet. Je dois être à la maison au plus tard dans une heure et demie.

Un coup d'œil du côté passager m'informe qu'Angelina s'est endormie, ses bras serrés autour de sa taille, la tête inclinée vers moi. Elle respire doucement et lentement. Elle n'est que beauté et innocence. Du bout des doigts, je repousse les mèches de ses cheveux qui lui tombent sur le visage.

Je souris, attendri. Son premier jour et elle est déjà épuisée. C'est vrai que nous avons eu une longue journée.

Ce matin, lorsque Granny m'a demandé de la conduire à l'université, j'ai, en effet, considéré de la laisser en plan. Je savais aussi que mon aïeule allait être en colère, et être privé de sortie était juste hors de question.

Je veux Angelina loin de moi et pourtant, nous étions coincés dans la voiture, où je pouvais sentir son parfum fleuri. J'avais du mal à garder les yeux sur la route. Elle a beau être habillée simplement, cela n'enlève rien à la beauté, au charme et à la grâce qu'elle dégage.

Lorsqu'elle a mentionné le fait qu'elle s'en irait si je le souhaitais, la colère a pris le dessus. Il est vrai que mon accueil n'a pas été des plus chaleureux, cependant, je suis heureux qu'elle soit de retour.

Près de moi.

La maison est tellement différente en sa présence. Que ce soit Davina, Granny ou même Dilruba, chacun semble être plus heureux. Tout est plus vivant, plus coloré. Ç'a toujours été ainsi, même lorsque nous étions enfants. Dès qu'elle venait à la maison, il n'y avait que de la joie. Granny s'essayait à toutes sortes de pâtisseries et desserts, connaissant l'amour d'Angelina pour le sucré.

Elle n'est qu'un petit soleil qui éclaire et qui réchauffe les cœurs.

Au lieu de la rassurer, j'ai agi comme le vrai connard que je suis en lui disant des conneries, qui lui ont fait du mal au passage. "Comme si que tu n'existais pas." C'est la plus belle connerie que j'ai jamais dite. Bien sûr que je ne le pensais pas. Qu'elle existe est la meilleure chose au monde. J'ai vu combien je l'ai blessée dans ses iris chocolat, et comme si je ne me sentais pas assez coupable, je l'ai surpris en train d'essuyer ses larmes, persuadée que je ne la voyais pas.

J'ai dû me battre contre moi-même pour ne pas me garer et la prendre dans mes bras.

Et voir Leo l'enlacer a allumé le brasier de la jalousie dans mon cœur. Ça m'a rendu malade de constater que lui pouvait lui montrer sa joie de la revoir, au contraire de moi, qui suis obligé de prétendre le contraire. Résultat : lui, l'a fait sourire, moi, je l'ai fait pleurer.

De plus, j'en veux à Léo pour l'avoir présentée au reste du groupe. Nous sommes les populaires, et évidemment pour atteindre ce statut, il a fallu nous imposer, forger notre réputation. Là où il n'a vu qu'une occasion de l'introduire aux autres, eux n'ont vu qu'un moyen de faire mumuse.

- Que va-t-on faire d'elle ? s'est enquis Caleb , une lueur diabolique dans les yeux.

De temps à autre, nous choisissons parmi les petits nouveaux, celui qui deviendra notre joujou, histoire de rappeler aux autres étudiants qui nous sommes et ce dont nous sommes capables. Ce petit jeu a commencé au lycée. Je connaissais déjà Matt et Leo, j'ai alors rencontré Alicia, puis Gabriel et Ambre.

Cependant, il est hors de question de faire quoi que ce soit à Angelina. Non seulement elle nous connaît pour la plupart, mais en plus, la connaissant, elle préférerait se retrouver dans la merde au lieu de se laisser faire.
Surtout face à moi.

Depuis mon enfance, j'ai toujours été traitée différemment, car ma famille est aisée. Être dans les petits papiers de ma famille, c'est tout ce qui comptait aux yeux de beaucoup. Très vite, j'ai appris à me méfier des soi-disant amitiés et des filles qui se disaient amoureuses de moi.

Angelina a toujours été celle qui me tenait tête et à remettre mes pendules à l'heure lorsque je déconnais. Et c'est ce que j'aime avec elle. Je suis normal. Je n'ai rien à prouver ou à démontrer. Je peux être moi-même, elle ne me jugera pas. Au contraire, elle partagera chacun de mes états d'âme avec sincérité.

- Elle n'est pas nouvelle, ai-je répondu. Elle nous connaît déjà.

- Mais elle est nouvelle aux yeux des autres, a rétorqué Ambre. Et puis, ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas amusés.

Matt m'a regardé, curieux de savoir ce que j'allais décider : suivre le groupe ou protéger Angelina.

- Mmm...

Angelina bouge, essayant de trouver une meilleure position. J'abaisse doucement le dossier de son siège pour ne pas la réveiller. Elle remonte ses jambes, se mettant en position de fœtus, autant que possible sur un siège de voiture et se rendort profondément.

Quand nous arrivons à la maison, il est pratiquement dix-huit heures trente. Parfait, j'ai le temps de me préparer pour ce soir, si le plan est toujours d'actualité.

- Angel, chuchoté-je afin de la réveiller.

- Mmm...

- Réveille-toi, Angel.

Voyant qu'elle émerge de son sommeil, je reprends plus durement :

- Réveille-toi, putain !

- Désolée.

Sa voix est encore endormie, et c'est tellement sexy ! Sans attendre, je sors de la voiture et rentre dans la maison avant de commettre une erreur que je regretterais.

Always...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant