Chapitre 2

16 5 6
                                    

Angelina

Les voitures et la moto dans le garage m'indiquent que tout le monde est à la maison. Je descends les dix marches de l'escalier, longe la piscine tout en admirant la vue que le jardin offre sur la mer. Je suis tellement perdue dans la contemplation du paysage, je ne vois pas la chose blanche qui me saute dessus, me faisant tomber.

— Aie ! Doucement, mon beau !

Je m'assieds et me retrouve face au museau d'un husky au pelage blanc immaculé, dont les yeux perçants sont d'un bleu presque délavé. Il m'observe, penche la tête et lorsque j'ouvre mes bras, il se dépêche de me faire un câlin. J'enfouis mon visage dans sa douce fourrure et la caresse.

— Toi aussi, tu m'as manqué, mon beau.

Je caresse juste en dessous de son museau, exactement comme il l'aime. Je l'ai trouvé dans la rue, il y a cinq ans, alors qu'il n'avait que quelques mois. Mes parents n'étaient pas enthousiastes à l'idée d'avoir un chien à la maison. Qui plus est, c'était la saison cyclonique et ce pauvre petit bébé n'avait nulle part où aller. J'avais le cœur brisé. Tyler avait donc décidé de le cacher chez lui, et bien sûr, tout le monde a fini par le découvrir. Granny a accepté de le garder. Je venais régulièrement chez les Blackwood pour voir Snow.

Quand je suis partie pour l'Inde, je ne pouvais pas l'emmener avec moi, il est donc resté avec Tyler. Après une bonne dose de papouille, je me mets debout. Snow sur les talons, je m'arrête devant la porte d'entrée tout en bois, inspire profondément en quête de courage et sonne.

La porte s'ouvre sur une femme d'âge moyen, que je reconnais immédiatement : Dilruba, la cuisinière et la femme à tout faire de la résidence des Blackwood. Brune, les cheveux relevés en un chignon strict, un tablier passé par-dessus sa robe verte, elle me fixe tout en fronçant les sourcils. Les yeux plissées, elle essaie de m'identifier. Dès qu'elle me reconnait, ses mains se plaquent sur sa bouche sous l'effet de surprise avant de m'enlacer. 

— Oh mon Dieu ! Angelina ! Oh, Angelina !

— Est-ce que tu peux desserrer ton étreinte, s'il te plait ? Je suis en train d'étouffer.

Elle se recule, m'observe, me prend dans ses bras à nouveau.

— Mon Dieu ! Je n'arrive pas à y croire ! Après toutes ces années ! Je suis trop contente de te voir.

Ma main dans la sienne, elle me fait entrer dans la grande bâtisse au mobilier choisi avec soin et élégance. Ce qui n'a rien d'étonnant en sachant à quel point Granny est coquette.

— Viens ! Tu es devenue une si jolie jeune fille ! Attends, j'appelle Madelaine.

— Avec tous ces cris de Dilruba, je suppose que ma petite Angie est là, n'est-ce pas ? dit une autre femme en nous rejoignant dans l'entrée.

— Granny !

Je me jette dans ses bras. Elle rit tout en me rendant mon étreinte. Elle m'a tant manqué ! Elle, mais aussi ses câlins, son parfum ou même son rire.

— Je suis tellement contente de te voir.

— Oh, ma chérie ! Tu n'as pas idée à quel point je suis heureuse, moi aussi. Tu nous as tant manquées !

Elle me serre plus fort contre elle et j'apprécie son embrassade. Ça fait si longtemps que je n'ai pas eu une étreinte aussi maternelle. Je pourrais rester blottie contre elle pendant des heures, ce ne serait pas suffisant.

— Tu m'as beaucoup manquée, toi aussi. Vous m'avez tous manqué, ajouté-je en regardant Dilruba, qui est en larmes.

Du haut de ses cinquante années, Granny a toujours le sourire. Elle est l'incarnation de la gentillesse, de la bonté et de la bienveillance.

— Angie ?

J'ai juste le temps de me retourner, qu'une jeune fille aux cheveux châtains comme ceux de Granny, se précipite dans mes bras, me serrant fort.

— ANGIE ! hurle-t-elle, me faisant grimacer.

— Aie ! Mes tympans, Davina ! crié-je à mon tour. Arrête de hurler ou je vais finir sourde.

Elle se recule, plaque deux gros bisous sur chacune de mes joues et commence à poser un million de questions :

— Angelina Spencer ! Comment ça se fait que tu sois là ? Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu revenais ? Quand es-tu arrivé, d'ailleurs ? Jusqu'à quand ? Est-ce qu'Aashi le savait ?

J'éclate de rire tandis que Granny se charge de lui répondre :

— Angie est ici parce qu'elle a décidé de rentrer à la maison. Elle n'a rien dit à personne afin de vous faire la surprise. Elle est venue directement de l'aéroport cette après-midi. Enfin, elle va rester avec nous jusqu'à ce qu'elle finisse ses études et...

— Quoi ?

Une voix masculine se fait entendre.

Cette voix.

Sa voix.

Mon corps entier se tend, les battements de mon cœur deviennent fous dans ma poitrine. Au travers de sa question, je comprends que non seulement il ignorait ma venue, mais aussi que nous allons partager le même toit. C'est avec hésitation que je relève les yeux vers lui. 

Il se tient droit de son mètre quatre-vingt-cinq, ses iris bleus me fixent. Il est habillé d'un tee-shirt qui me laisse deviner son torse et ses bras musclés et d'un pantalon de sport noir. Ses cheveux blond foncé sont coupés court, les mèches de devant lui tombent sur le front. Il est encore plus beau que dans mes souvenirs. Mes prunelles rencontrent les siennes et je cesse tout simplement de respirer quand il emprisonne mon regard du sien jusqu'à ce qu'il se détourne.

— Comment ça « elle va rester avec nous » ? 


*****

J'espère que ces premiers chapitres vous ont plu. A mercredi pour la suite! :-)

Always...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant