Red Heart

🎶 Interlude

« Les larmes sont les mots que le cœur
n'a jamais su prononcer ».

– Jessica Simard.

🎶 Kodaline - All I Want 🎶

Cabinet thérapeutique.
Californie, État-Unis.
15h30.

Kyle

Une fin heureuse.

C'est tout ce que j'ai voulu dans ma vie qui est remplie d'embûches, de tristesse, d'addiction et de colère.

On mérite tous une fin heureuse après tout, non ?

Avant, je pensais que ce n'était que dans les films romantiques clichés qu'il y avait un fin heureuse.

Et je n'avais pas tort finalement.

Ce jour-là, quand il m'a forcé à le quitter car il n'avait plus la force, ni le courage de continuer notre relation, une part de moi s'est brisé.

Mon monde, c'est écroulé sous mes pieds en une fraction de seconde quand ses mots sont sortis de sa bouche.

« Quitte-moi s'il te plaît, je suis épuisé de me battre dans le vide ».

Mon cœur s'est fendu en deux mais je l'ai quitté quand même pour lui, pour moi, pour nous.

Quand on aime, on laisse partir après tout.

Tic-Tac, Tic-Tac, Tic-Tac.

Le son de l'horloge résonne dans ma tête alors que je suis dans mes pensées.

Je l'observe depuis le début de ma séance chez ma nouvelle thérapeute, assis sur ce canapé en cuir marron.

Pourquoi est-ce que j'ai décidé de prendre rendez-vous ?

Pour une simple déception amoureuse et exprimer ses sentiments qui me rongent de l'intérieur ou pour ne pas succomber à la tentation de me suicider.

Aucune idée.

J'avais juste besoin de discuter, mais aucun mot ne sort de ma bouche, comme paralysé par la peur.

La peur ? Toujours la peur.

Cette peur me hante, me bouffe de l'intérieur en rongeant chaque partie de moi à petit feu, m'obligeant à faire des choix ou de actions stupides.

Comme la peur de le voir avec quelqu'un d'autre.

En analysant ma thérapeute, je me rend compte sur certains traits qu'elle lui ressemble – ses cheveux blonds, ses yeux bleus et ses converses noires avec des étoiles qu'elle porte exactement identique aux siennes. Mais elle n'est pas lui. Personne n'est comme mon ange.

– Vous n'avez pas envie de parler ?, demande-t-elle me sortant de mes pensées.

En prenant une grande aspiration, je lui réponds :

– C'est compliqué d'exprimer ce que je ressens actuellement. De la haine ? Peut-être.

– De la haine ? Contre qui ?, me questionne-t-elle en gribouillant quelque chose que son carnet.

Je ne comprendrais jamais le concept de tout noter sur un cahier surtout que je n'ai rien révéler d'important.

Ce n'est pas la première fois que je vais chez une thérapeute et je finis par me dire qu'ils sont tous les mêmes. Ils ne pourront jamais me sortir de mon mal-être en m'écoutant et en notant tout sur un fichu cahier qui finira par être jeté, car je ne reviendrai plus au bout de deux séances.

– J'ai la haine contre moi-même et cette peur qui m'empêche d'être heureux. À cause de cette peur, j'ai perdu la personne que j'aimais le plus dans ce monde de merde, réponds-je.

– Une déception amoureuse ?

C'était la phrase de trop pour briser mon cœur en miette.

Je serre fortement le bras du canapé pour empêcher les larmes qui montent de couler devant elle.

Elle retire ses lunettes et dépose son carnet sur la table basse qui nous sépare.

– Quand on aime quelqu'un, on fait tout pour le récupérer. L'amour, c'est comme une fleur, il faut l'arroser pour qu'elle fleurisse, réplique-t-elle en poussant le paquet de mouchoirs devant moi. Quand la personne finie par partir définitivement, il est trop tard pour faire machine arrière. Tu ne peux pas recoller un verre que tu as brisé, Kyle.

Un long silence s'installe entre nous.

J'ai la subite envie de fuir, incapable de raconter mon histoire. Notre histoire qui m'a réduit à néant aujourd'hui. Ce n'était pas sa faute, c'était la mienne. La fleur que j'étais censé arroser à fané et à pris son envole loin de moi. Je ne peux qu'en vouloir à moi-même.

– Ça a commencé, il y a un an...