Un secret bien gardé

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Les jours passèrent, et nos rencontres sur la plage devinrent une habitude. Théo et moi partagions désormais plus que des mots. Il y avait une étrange connexion, quelque chose de silencieux mais profond, qui s'installait entre nous. Pourtant, je sentais qu'il gardait encore une partie de lui-même cachée, une partie qu'il n'était pas prêt à partager.

Un soir, alors que nous étions assis côte à côte, regardant les vagues se briser doucement sur le rivage, Théo parut plus distant que d'habitude. Son carnet restait fermé à côté de lui, et ses yeux fixaient l'horizon sans vraiment le voir.

— « Ça va ? » demandai-je prudemment.

Il haussa les épaules sans me regarder.

— « Ouais, ça va », répondit-il d'une voix peu convaincante.

Je me tournai vers lui, cherchant à comprendre ce qui se passait. Théo n'était pas du genre à se confier facilement, mais quelque chose en lui semblait plus lourd ce soir-là, comme s'il portait un fardeau invisible.

— « Tu sais, tu peux me parler si quelque chose ne va pas », ajoutai-je doucement.

Il garda le silence pendant un long moment, puis soupira profondément.

— « Il y a des choses... que je n'ai jamais dites à personne », murmura-t-il finalement. « Même pas à mes parents. »

Cette révélation me surprit. Théo avait l'air d'un garçon secret, certes, mais je n'avais jamais imaginé qu'il pouvait garder quelque chose de si important pour lui-même.

— « Je ne te force pas », répondis-je en essayant de paraître détachée, même si ma curiosité grandissait. « Mais si tu as envie d'en parler un jour, je suis là. »

Théo tourna enfin la tête vers moi, et je vis dans son regard une tempête de sentiments qu'il peinait à contenir. Après un moment d'hésitation, il se leva brusquement, ramassant son carnet avant de s'éloigner vers les dunes sans un mot.

Je restai là, perplexe, le regard suivant sa silhouette jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la pénombre. J'avais l'impression d'être sur le point de découvrir une vérité importante, quelque chose qui expliquait pourquoi Théo était si fermé, si distant. Mais ce soir-là, il avait préféré fuir.

Le lendemain, je retournai sur la plage, incertaine de ce que j'allais trouver. Théo serait-il là ? Me repousserait-il à nouveau, ou était-il prêt à s'ouvrir un peu plus ? En arrivant à notre point habituel, je vis que Théo était déjà assis, mais cette fois, il tenait une enveloppe blanche entre ses mains, qu'il triturait nerveusement.

Sans un mot, je m'assis à côté de lui, observant en silence l'enveloppe qu'il semblait hésiter à ouvrir.

— « C'est quoi ? » demandai-je finalement, brisant le silence.

Il me lança un regard incertain avant de me tendre l'enveloppe. Je l'attrapai doucement, ne sachant pas trop si j'étais censée l'ouvrir ou simplement la regarder. Avant que je ne puisse poser une nouvelle question, Théo parla enfin.

— « C'est une lettre que j'ai reçue il y a quelques mois.Elle vient de mon frère. »

Je fronçai les sourcils, surprise. Théo ne m'avait jamais parlé d'un frère.

— « Ton frère ? Je ne savais pas que tu en avais un », dis-je doucement.

Théo hocha la tête, ses yeux fixant toujours l'enveloppe dans mes mains.

— « Parce que... je n'en parle jamais. Il est parti il y a trois ans. Il ne nous donne presque plus de nouvelles. Et puis, cette lettre est arrivée. »

Je sentis mon cœur se serrer. Il y avait tellement de douleur dans sa voix, tellement de non-dits. Je ne savais pas quoi dire, alors je me contentai d'ouvrir l'enveloppe lentement, tirant délicatement la lettre pliée à l'intérieur. Mes yeux parcoururent les premières lignes, et ce que je lus me laissa sans voix.

Son frère, disparu depuis des années, écrivait de l'étranger, d'un endroit que personne ne connaissait. Il parlait de solitude, de regrets, mais surtout d'un danger qui semblait le suivre. Il y avait des mots vagues, des allusions à des choix qu'il aurait faits et qui avaient bouleversé sa vie. Il avertissait Théo de ne pas le chercher.

Je refermai la lettre, incapable de trouver les mots justes. Théo avait vécu avec ce secret, cette douleur, tout ce temps.

— « Je ne sais pas quoi faire, Élise », murmura-t-il, sa voix tremblante. « Il est quelque part là-bas, seul, et je ne peux rien faire pour l'aider. »

Je le regardai, et pour la première fois depuis notre rencontre, je vis un garçon complètement vulnérable, brisé par l'absence de son frère, rongé par l'incertitude.

— « On va trouver un moyen », répondis-je doucement. « Tu n'es pas seul. »

Théo me lança un regard empli de gratitude, et à cet instant, je sus que cet été serait bien plus qu'une simple pause forcée dans ma vie. C'était le début de quelque chose de plus grand, un mystère à résoudre, un lien à reconstruire. Théo et moi, nous étions liés désormais, par ce secret, et par l'espoir de retrouver son frère, où qu'il soit.

Les battements de l'été Où les histoires vivent. Découvrez maintenant