Des indices dans le passé

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Les jours qui suivirent furent étranges. Théo et moi continuâmes de nous voir sur la plage, mais l'atmosphère était différente. Le silence entre nous n'était plus apaisant ; il était chargé de non-dits et de questions sans réponse. La lettre de son frère flottait toujours dans mon esprit, et je savais que Théo y pensait encore plus que moi.

Un matin, alors que je descendais les escaliers grinçants de la maison, ma mère me lança un regard curieux.

— « Tu passes beaucoup de temps dehors ces derniers temps », remarqua-t-elle. « Tu as rencontré quelqu'un ? »

Je haussai les épaules, ne voulant pas lui expliquer tout ce qui se passait.

— « Un garçon, oui, mais c'est juste un ami », répondis-je simplement.

Elle sourit, mais n'insista pas. Je me préparai rapidement et sortis de la maison, impatiente de retrouver Théo.

Quand j'arrivai sur la plage, il était déjà là, mais cette fois, il ne dessinait pas. Il tenait une vieille photo dans ses mains, la fixant d'un air absent. En m'approchant, je m'assis doucement à côté de lui.

— « C'est lui ? » demandai-je, en désignant la photo.

Théo hocha la tête, me tendant l'image. C'était une photo en noir et blanc, un peu abîmée par le temps. Deux garçons, Théo et son frère, riaient devant un bateau amarré au port. Ils semblaient inséparables, les visages illuminés par une joie innocente.

— « Il s'appelait Hugo », murmura Théo. « Enfin... il s'appelle toujours Hugo. Mais il est tellement loin de ce qu'il était. »

Je me tus, laissant Théo parler à son rythme. Je savais que ces moments étaient rares, qu'il s'ouvrait peu à peu, comme une fleur qui hésite à s'épanouir après un long hiver.

— « Avant de partir, il était tout pour moi », continua Théo. « Il était celui qui me protégeait, celui qui me comprenait. Quand il a disparu, c'était comme si une partie de moi s'était envolée avec lui. »

Je serrai doucement sa main, cherchant à lui offrir un peu de réconfort. Je ne savais pas ce que c'était que de perdre quelqu'un comme ça, mais je pouvais sentir la douleur dans chaque mot qu'il prononçait.

— « Est-ce que tu sais pourquoi il est parti ? » demandai-je doucement.

Théo secoua la tête.

— « Pas vraiment. Un jour, il est juste... parti. Il a laissé une note, disant qu'il devait trouver des réponses. Mes parents n'ont jamais voulu en parler. Pour eux, c'était comme s'il était mort. »

Ces mots me glacèrent. Comment ses parents pouvaient-ils faire comme si leur fils n'existait plus ? Mais je compris aussi que parfois, la douleur est si grande qu'on préfère l'ignorer plutôt que de la confronter.

— « On doit trouver des indices », dis-je avec détermination. « Peut-être qu'il a laissé autre chose. Quelque chose que tes parents ont ignoré ou caché. »

Théo me regarda avec surprise, puis un léger sourire apparut sur ses lèvres.

— « Tu penses vraiment qu'on peut trouver quelque chose ? »

— « Oui », répondis-je, sûre de moi. « On doit essayer. On ne peut pas laisser cette lettre sans réponse. Il y a forcément quelque chose qu'on peut faire. »

Et c'est ainsi que notre enquête commença.

Le soir même, Théo m'emmena chez lui. C'était une maison un peu plus grande que la mienne, mais tout aussi ancienne, avec des meubles en bois usés et des photos encadrées sur les murs. Ses parents n'étaient pas là, ce qui nous donnait la liberté de fouiller sans être interrompus.

— « La chambre d'Hugo est restée fermée depuis qu'il est parti », murmura Théo en ouvrant une porte au bout du couloir.

L'air dans la pièce était poussiéreux, comme si personne n'y avait mis les pieds depuis des années. Des posters jaunis couvraient les murs, et un vieux bureau en bois trônait dans un coin. Je m'approchai de celui-ci pendant que Théo regardait autour de lui, perdu dans ses souvenirs.

— « Peut-être qu'il a laissé des notes ou un journal », suggérai-je en commençant à ouvrir les tiroirs du bureau.

Nous passâmes des heures à fouiller chaque recoin de la chambre, mais rien ne semblait indiquer pourquoi Hugo était parti. Juste des affaires d'adolescent, des carnets de croquis, des livres... Rien d'inhabituel.

Alors que je commençais à perdre espoir, Théo s'approcha de l'armoire, qui paraissait banale à première vue. Mais lorsqu'il ouvrit la porte, une petite boîte en métal tomba du haut de l'armoire et s'écrasa sur le sol, s'ouvrant sous l'impact.

À l'intérieur, il y avait des lettres, des photos, et... un carnet. Un carnet similaire à celui que Théo utilisait pour dessiner, mais celui-ci semblait plus ancien, usé.

— « C'est quoi ça ? » murmurai-je en me penchant pour ramasser les lettres.

Théo prit le carnet dans ses mains et l'ouvrit lentement. Il feuilleta les premières pages, ses sourcils se fronçant de plus en plus à chaque ligne.

— « Ce sont... des dessins, mais aussi des mots, des symboles », dit-il, visiblement troublé. « Hugo dessinait ça avant de partir. Je n'avais jamais vu ça. »

Je pris une des feuilles où étaient dessinés des cercles, des triangles, et d'étranges formes entrelacées. Les mots griffonnés dans les marges parlaient d'un « lieu caché », d'une « vérité dissimulée ». C'était comme un message codé, une sorte de puzzle.

— « Qu'est-ce que ça veut dire ? » chuchotai-je, fascinée et inquiète à la fois.

Théo releva la tête, ses yeux fixant les miens avec une intensité nouvelle.

— « Je pense qu'Hugo cherchait quelque chose de plus grand. Quelque chose qu'il ne pouvait pas trouver ici... et je crois qu'on doit continuer là où il s'est arrêté. »

Les battements de l'été Où les histoires vivent. Découvrez maintenant