Chapitre 6 : La crémaillère

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Lenie finit par s'endormir, malgré le tourbillon de pensées qui la hantait. Elle se réveilla plusieurs fois dans la nuit, tendant l'oreille pour vérifier si Helena allait bien. L'inquiétude l'assaillait, plus forte que tout, malgré la douleur. Elle savait que cette situation ne pouvait pas durer, mais elle se sentait impuissante à y remédier.

Le lendemain matin, elle se réveilla tôt, le corps engourdi par l'inconfort du petit lit. Elle resta immobile quelques instants, écoutant le silence de la maison encore endormie. Puis, avec un soupir, elle se leva et quitta la chambre pour se préparer dans la salle de bain.

Elle se rendit ensuite dans la cuisine et commença à préparer le petit-déjeuner, comme elle en avait l'habitude lorsque Anna ne le faisait pas. Elle se concentra sur les gestes simples, espérant apaiser le tumulte de ses émotions. Elle savait que cette journée serait difficile. La famille d'Helena était déjà là, et la sienne arrivait dans quelques heures. La crémaillère, censée être un moment de joie, prenait une tournure amère.

Alors qu'elle s'affairait, elle entendit des pas légers derrière elle. Elle se retourna et vit Helena, encore à moitié endormie, les cheveux en bataille et le visage marqué par la fatigue. Leur regard se croisa, et pendant une fraction de seconde, tout le reste disparut. Mais la réalité les rattrapa rapidement.

— Salut, murmura Helena, la voix encore ensommeillée.

— Salut, répondit Lenie en lui tendant une tasse de café.

Helena la prit avec un faible sourire et s'assit sur une chaise autour de l'îlot central, les mains entourant la tasse comme pour s'y réchauffer.

— Merci pour hier soir, dit-elle doucement, pour avoir pris soin de moi et... pour ne pas m'avoir laissée seule.

Lenie haussa les épaules, comme si ce n'était rien. Mais pour elle, c'était tout. Elle aurait fait n'importe quoi pour Helena, même si cette dernière semblait parfois l'oublier.

— Tu sais bien que je serai toujours là pour toi, répondit-elle avec une sincérité désarmante.

Helena baissa les yeux, se sentant soudain coupable de l'avoir entraînée dans cette spirale. Elles restèrent silencieuses un moment, le bruit de la machine à café remplissant l'espace entre elles.

— Qu'est-ce qu'on va faire, Lenie ? finit par demander Helena, la voix brisée.

Lenie s'adossa au plan de travail, la gorge nouée. Elle n'avait pas de réponse. Tout semblait si complexe, si fragile. Elle savait juste qu'elle ne voulait pas perdre Helena, pas comme ça.

— On va traverser cette journée, répondit-elle finalement. Une chose à la fois. On fera semblant pour nos familles, pour nos amis. On prendra le temps qu'il faudra après, mais aujourd'hui... Aujourd'hui, on fait bonne figure.

Helena hocha la tête, se mordant les lèvres pour ne pas pleurer à nouveau. Lenie avait raison. Elles devaient tenir le coup, ne serait-ce que pour protéger ceux qu'elles aimaient.

Elles continuèrent à préparer le petit-déjeuner en silence, chacune perdue dans ses pensées. Peu à peu, la maison commença à s'éveiller. Les enfants arrivèrent, encore ensommeillés, et leurs rires apportèrent un semblant de normalité. Les parents d'Helena arrivèrent peu après, suivis par Yahima et Arnaud.

Tout le monde fit de son mieux pour cacher la tension palpable. Helena et Lenie, malgré leur douleur, parvinrent à échanger des sourires avec leurs proches, s'assurant que tout se déroulait comme prévu. L'arrivée de la famille de Lenie intensifia ce jeu d'apparences. Sa mère, Syndie, entra dans la maison avec un grand sourire, suivie par ses frères.

Helenie Family : New beginning or beginning of the end ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant