Chapitre 12

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La tension était palpable dans le château, bien au-delà du jeu de séduction que je partageais avec Andrea. Nous continuions à nous faire rire, à nous provoquer, mais au fond de moi, je savais que quelque chose changeait. Andrea était devenu plus que mon amant, il était mon complice, mon meilleur ami. Chaque instant passé avec lui renforçait ce lien unique que nous partagions, un mélange de malice et d'intensité qui ne cessait de croître. Pourtant, une ombre grandissait au-dessus de nous, et cette ombre portait le nom du Comte de Monte-Cristo.

Le Comte, toujours si calculateur et précis, avait commencé à observer de plus près ce qui se déroulait sous son toit. Il voyait ce qui se tramait entre Andrea et moi, et cela ne lui plaisait pas du tout. Ses plans étaient trop précieux pour être gâchés par des émotions, des sentiments, ou encore pire, la jalousie. Il avait rapidement perçu la fureur dans les yeux d'Andrea lorsque je passais du temps avec Albert, jouant mon rôle dans le piège du Comte.

Un soir, alors que nous étions dans le grand salon, la tension monta à son paroxysme. Le Comte ne pouvait plus supporter ce qu'il voyait. Il nous fit comprendre, de façon brutale, que notre relation ne pouvait plus durer.

— « Ce qui se passe entre vous est une distraction dangereuse, » déclara-t-il, ses yeux sombres se posant tour à tour sur Andrea et moi. « Et je ne tolérerai pas que cela mette en péril tout ce que j'ai construit. »

Andrea se redressa, son visage se durcissant sous le poids de la colère. Je pouvais voir sa mâchoire se serrer, son regard noir se poser sur le Comte avec une intensité que je ne lui avais jamais vue auparavant.

— « Vous n'avez pas le droit de nous séparer, » cracha Andrea, sa voix trahissant une rage contenue. « Ce que nous partageons ne vous regarde pas. »

Le Comte, imperturbable, leva un sourcil, mais je pouvais sentir sa propre colère grandir. Il s'avança d'un pas, les yeux rivés sur Andrea.

— « Tu n'es qu'un pion dans ce jeu, Andrea, » répliqua-t-il d'une voix glaciale. « Et je ne laisserai pas tes émotions perturber mon plan. »

À ces mots, Andrea perdit son sang-froid. Il s'avança vers le Comte, le défiant de toute sa hauteur, les poings serrés. Je pouvais sentir que la situation dégénérait, mais je restais figée, partagée entre la peur et la tristesse.

— « Vous ne me parlez pas comme à un pion, » gronda Andrea. « Si vous pensez que je vais rester là à vous obéir aveuglément, vous vous trompez. Si vous nous séparez, vous me forcez à vous défier. »

Le Comte plissa les yeux, son regard devenant encore plus dur. Et puis, d'une voix grave et tranchante, il prononça ces mots qui me glacèrent le sang :

— « Très bien, Andrea. Si tu me défies, alors ce sera un duel. Un de nous mourra. »

La pièce sembla s'arrêter autour de moi. Ces mots résonnèrent dans ma tête, et avant même que je ne puisse réfléchir, je me ruai sur le Comte, le suppliant de revenir sur sa décision.

— « Non ! » criai-je, les larmes coulant déjà sur mes joues. « Vous ne pouvez pas faire ça. Pas pour une histoire d'amour, ce n'est pas ce que vous voulez. Je vous en supplie, ne le tuez pas. »

Le Comte resta impassible, regardant droit devant lui. Andrea, de son côté, semblait prêt à tout, prêt à mourir s'il le fallait pour ne pas perdre cet amour que nous avions construit. Je sentais mon cœur se déchirer en deux, incapable de supporter cette violence qui explosait devant moi.

— « Vous ne comprenez pas, » continuai-je en essuyant mes larmes d'un geste tremblant. « Ce duel ne mènera à rien. Si Andrea meurt, vous perdrez un allié, et si c'est vous qui perdez, tout ce que vous avez bâti s'effondrera. »

Le Comte semblait hésiter, ses yeux s'adoucissant légèrement sous le poids de mes arguments, mais je savais que cela ne suffirait pas.

— « Écoutez-moi, » repris-je avec plus de calme, ma voix pleine de détermination. « Votre plan est bien trop précieux pour être gâché par une simple querelle d'amoureux. Vous savez que j'ai raison. Ce duel est inutile, et vous le savez. Trouvons une autre solution. »

Je pouvais sentir la tension dans la pièce s'apaiser lentement, mais Andrea restait tendu, toujours prêt à en découdre. Le Comte finit par lâcher un soupir, croisant les bras sur sa poitrine.

— « Très bien, » dit-il finalement, après un long silence. « Pour cette fois, je ne vous tuerai pas. Mais ne vous méprenez pas, Andrea. Si vous laissez vos émotions prendre le dessus à nouveau, il n'y aura pas de seconde chance. »

Andrea ne répondit pas, mais je pouvais voir dans son regard qu'il n'accepterait jamais cette menace sans y opposer une certaine résistance. Mais pour l'instant, le pire avait été évité.

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Cette nuit-là, le vide laissé par Andrea à mes côtés était insupportable. Je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Je me retournai dans mon lit, cherchant désespérément cette chaleur, ces caresses auxquelles j'étais devenue si accoutumée. Ses mains sur ma peau, son souffle contre mon cou... tout me manquait terriblement.

Je pensais à lui, à son regard, à son toucher, et une vague de tristesse me submergea. Je réalisai à quel point je dépendais de sa présence, de son amour. Sans lui, tout me paraissait froid et sans saveur. Les larmes coulèrent doucement sur mon oreiller tandis que je m'endormais finalement, épuisée par l'émotion.

Le lendemain matin, je me réveillai avec un poids immense sur le cœur. Je ne savais pas comment tout cela allait évoluer, mais une chose était claire : je ne pouvais pas laisser Andrea s'éloigner. Pas maintenant, pas après tout ce que nous avions traversé ensemble.














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Amour vengeresse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant