LE CLUB SURNATUREL DE TOLMERE

chapitre un

𝓣𝓪𝓵𝓲𝓪

Grime Avenue, Tolmere, Massachussets, 9 septembre 2023.

La plupart des individus éprouvaient une appréhension face à l'obscurité. Un sentiment que chacun avait connu à un moment de sa vie, lorsque l'obscurité de la nuit s'infiltrait dans notre chambre à coucher, s'insinuant directement dans nos pupilles pour envahir chaque recoin de notre esprit où naissait la peur.

Le noir nourrissait l'effroi, qui, à son tour, alimentait les monstres cachés dans les placards et sous les lits de nos foyers.

Une peur parfaitement rationnelle, car il n'était pas tant question de craindre la solitude dans l'obscurité, mais plutôt la pensée que quelque chose, ou quelqu'un, pourrait nous observer contre notre volonté.

L'inconnu, voilà ce qui terrifiait le plus.

Talia, contrairement à la plupart, n'avait aucune crainte du noir. Au contraire, elle percevait cette obscurité comme une force, notamment parce qu'elle possédait le don de voir ce que les autres ne pouvaient discerner.

Les ténèbres ne lui étaient pas étrangères. Elle pouvait saisir chaque détail, jusqu'à la plus infime trace de poussière sur l'étagère de sa chambre.

L'air caressant son visage était plus froid que celui qu'elle avait connu en grandissant. Les feuilles des arbres commençaient déjà à tomber, annonçant l'arrivée imminente de l'automne, sa saison préférée.

Tordant l'acier autour de son cou entre ses doigts, pour une fois dans sa vie, l'inconnu lui inspirait la peur. Les différents paysages de la ville étaient totalement étrangers. Les maisons plus anciennes, l'odeur de la forêt et le ciel gris qui, en réalité, était confortable si l'on prévoyait de regarder des films d'horreur dans le noir.

Ce qu'elle appréhendait le plus, c'était l'entrée dans une toute nouvelle école.

Bien qu'elle n'aimait pas être seule la plupart du temps, elle avait des problèmes avec les interactions sociales.

Ne pas dire les bonnes choses en temps voulu, en dire trop ou pas assez, il y avait toutes sortes de raisons pour se sentir idiote la première fois qu'on rencontrait des adolescents.

Elles avaient toujours été plus à l'aise avec ses parents ou les amis de ces derniers.

Les lycéens avaient tendance à juger face à la différence ou à la petite nouvelle qui ne s'habillait pas de la même manière ou qui bégayait quand elle ne savait pas quoi dire.

Elle préférait ne pas être remarquée, passer inaperçue comme un fantôme évoluant aux côtés de tous, sans que personne ne la remarque.

Elle se contentait d'observer, tel un robot cherchant à comprendre les réactions humaines.

Sa vie semblait parfaite de l'extérieur, des parents aimants qui travaillaient humblement, tous ces privilèges qui étaient comme de l'oxygène pour elle. Mais au fond, quelque chose n'allait pas.

Elle se sentait mal, se percevait comme une étrangère dans son propre corps.

Talia glissa ses doigts sur l'affiche glacée pour la placarder sur la vitre de la nouvelle boutique.

Elle se trouvait sur Grime Avenue, la route principale du centre-ville.

Un autre jour sans passants aurait été plus agréable pour Talia alors qu'un samedi bondé d'habitants faisant les boutiques et prenant des cafés en terrasse bourdonnaient dans ses oreilles.