chapitre sept

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𝓣𝓪𝓵𝓲𝓪

     La ville était déjà assombrie par la nuit noire.

Talia utilisa son don à son avantage.

Elle ferma les rideaux de sa chambre après avoir vérifié l'extérieur et posé ses affaires, et se dépêcha de descendre les escaliers pour arriver à temps au lycée.

— Tu comptes partir où comme ça ? demanda Pati aux fourneaux, en regardant Talia se vêtir d'un long gilet marron.

Elle s'arrêta net devant la porte d'entrée, croisant les bras dans la direction de sa mère, espérant que son échange serait rapide.

— Au lycée, j'ai des cours à aller récupérer, dit-elle sans bégayer.

Ses mensonges commençaient à être récurrents, et elle avait l'impression qu'elle devenait plus douée.

— Je croyais qu'on t'avait tout donné la semaine dernière ? s'interrogea Pati, dans l'ignorance.

— Il y a un manuel que j'ai oublié de récupérer, je viens juste de m'en souvenir, menta-t-elle rapidement, ce qui l'épata sur le coup.

Pati percuta la fausse sincérité de ses mots et lui permit de sortir d'un signe de tête.

— Merci maman ! répondit Talia en ouvrant la porte.

— Tu seras rentré pour le dîner ?! appela sa mère avant qu'elle ne passe le seuil.

— Oui, normalement. Ne m'attendez pas !

Puis Talia sortit de la maison en direction du lycée, comptant trouver des réponses dignes de ce nom.

Elle continua à marcher dans la pénombre, essayant de ne pas penser à ce qu'elle pourrait trouver derrière les arbres, presque totalement dépourvus de feuilles orangées.

Elle connaissait déjà chaque chemin et chaque rue à traverser.

Elle prit le raccourci dans un petit sentier de terre sombre qui n'était pas éclairé par les lampadaires de la nuit et sentit ses yeux se brouiller pendant une seconde rapide qui n'altéra pas sa façon de marcher.

Puis soudainement, elle put voir clairement.

Chaque petite branche des arbres qui bloquait légèrement l'étroit trajet, les pierres sur le sol qui pourraient la faire trébucher, ainsi que les araignées grimpant sur la façade d'un mur d'une maison sur sa gauche.

Tout était clair, comme si le soleil d'été était coincé à midi en haut dans le ciel.

Cela ne la perturba pas une seule seconde, puisqu'elle en avait l'habitude. Depuis ses douze ans, c'était devenue une chose d'abord surréaliste pour elle et les autres, puis elle s'y était habituée, jusqu'à ce qu'on la traite de menteuse et de sorcière.

Personne ne pouvait comprendre cette faculté, et elle avait essayé. C'était comme si tout ce qui sortait de sa bouche était un mensonge pour les autres, et ils se fichaient si elles disaient la vérité ou pas.

Pour eux, elle était la folle bizarre. Elle n'avait jamais eu sa place nulle part.

Elle n'était jamais à sa place.

Si elle pouvait trouver des réponses, c'était grâce au livre. Ce n'était pas une coïncidence qu'il se trouvait dans la boutique de sa mère le jour de son ouverture, décoré du même symbole qui avait changé sa vision des choses.

Littéralement.

Talia arriva enfin aux portes du lycée qui étaient heureusement pour elle encore ouvertes. Elle arpenta les couloirs vides et décocha quelques regards dans les salles de classe où certains professeurs étaient restés travailler.

LE CLUB SURNATUREL DE TOLMEREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant