LE CLUB SURNATUREL DE TOLMERE

chapitre quatre

𝓣𝓪𝓵𝓲𝓪

       Talia n'avait jamais ressenti autant de douleur dans ses yeux depuis longtemps. Ses paupières se fermaient incontrôlablement, lui laissant une vision floue pour le reste de la journée du lendemain au lycée.

En effet, Talia n'avait que très peu dormi la nuit précédente, et la raison principale était le fameux livre qu'elle avait trouvé dans l'arrière-boutique de sa mère.

Le club surnaturel de Tolmere.

Elle était toujours sous le choc de sa découverte.

Elle avait passé une bonne partie de la nuit à lire les centaines de pages que ce livre offrait, toute écrite à la main, mais ne l'avait pas terminée.

Loin de là. Les pages étaient presque toutes noires d'encre tellement elles étaient remplies d'inscriptions en tout genre, et certaines plus difficiles à déchiffrer que d'autres. La moitié des lignes étaient si petites qu'elle n'arrivait même pas à les distinguer.

Des noms, des dates, des runes et des endroits incompréhensibles à lire étaient inscrits pratiquement toutes les pages. Ses yeux lui piquant et lui suppliant de prendre du repos lui brouillaient tout ce qu'elle tentait de comprendre.

Talia était assise à une table dans la cafétéria, étudiant le livre comme si sa vie en dépendait, et se demandait comment elle avait pu oublier de questionner sa mère sur l'origine de sa présence dans la boutique.

Comment était-il arrivé là ? À qui appartenait-il avant ?

Il y avait bien noté des noms à l'intérieur, mais rien ne faisait penser à son auteur, ou peut-être à ces auteurs, en vue des différentes écritures. Différentes dates, écritures, noms, numéros, ce livre avait sûrement voyagé.

Mais Tolmere ?

C'était bien trop précis pour que personne ne connaisse ce livre.

Elle se demandait si son collier avait un lien avec la ville, et nota sur un des calepins qu'elle emportait partout avec elle, de ne pas oublier d'aller vérifier dans les boutiques souvenirs de la ville si ce pendentif était un symbole de Tolmere.

Surnaturel.

Le collier était arrivé en même temps que son don.

Ses parents étaient tellement rationnels qu'elle n'envisagea même pas la solution que cela pourrait être eux qui avait pu lui offrir ce collier. Et elle leur avait demandé. Des centaines de fois.

Avec les rendez-vous chez l'ophtalmologue, ses parents auraient cédé et lui dire la vérité un jour. Mais non, ils étaient aussi perdus qu'elle.

Et tout cela redevenait incompréhensible aux yeux de Talia alors que voulait simplement vivre une année normale. Mais la curiosité était un vilain défaut, et cette dernière détestait ne pas comprendre ou s'investir dans une chose si importante pour elle.

Elle se retrouvait recroquevillée sur la table de la cafétéria, une main posée dessus pour caler sa tête qui fixait le livre. Elle luttait pour garder ses yeux ouverts malgré la fatigue et le mal de crâne que cela lui procurait.

Lorsque ses paupières devenaient trop lourdes pour les soutenir, elles se réveillèrent quand elle auditionna un claquement sur la table qui la fit sursauter.

— Oh, pardon, je voulais pas te faire peur, s'enquit un garçon qui paraissait plus jeune que les autres, venant de s'asseoir près d'elle sur la table rectangulaire avec son plateau.

Talia se redressa doucement et ferma le livre devant elle, voyant clairement que cela ne lui servirait à rien si elle ne pouvait pas distinguer les mots. Le seul côté positif était le fait qu'elle n'entendait presque plus rien tellement elle était épuisée.