LE CLUB SURNATUREL DE TOLMERE

chapitre onze

𝓒𝓻𝓾𝔃

Il réfléchissait beaucoup trop pour un garçon de son âge.

Depuis que Cruz était petit, il adorait s'instruire et connaître de nouvelles choses, et son cerveau qui retenait toutes les informations qu'il consommait lui était d'une grande aide.

Il regardait ses devoirs sur son bureau comme si ce n'était qu'une feuille blanche et non un exercice à rendre pour le matin même. Il avait bien plus important à penser ces derniers temps.

En effet, il avait eu peur quand la fameuse Brooke Kolczak lui avait proposé de venir avec Finley et elle dans l'aile interdite du lycée en première année.

Il venait tout juste de réemménager à Tolmere après la mutation de son père dans un autre état et du divorce précipité de ses parents par la suite.

À vrai dire, il pensait sincèrement qu'ils allaient lui jouer un mauvais tour et l'humilier jusqu'à la fin de sa scolarité.

Il attendait l'université avec impatience et avait beaucoup de mal à s'habituer à l'idée que des personnes comme eux puissent lui demander quelque chose qui leur serait utile.

Peut-être un devoir qu'ils avaient à rendre, c'était la solution la plus probable.

Mais pourquoi dans l'aile interdite ?

Il avait été surpris quand Brooke lui avait montré le collier autour de son cou, le même qu'il portait depuis quelques années. Comme il s'en doutait, après quelques heures de discussion, ils étaient sortis de la sinistre classe pour retourner à la civilisation dans laquelle ils redevenaient totalement étrangers.

Cruz fixait sa feuille comme s'ils pouvaient magiquement écrire les réponses avec ses pensées.

Soudain, la porte de sa chambre s'ouvrit dans un fracas et un grand garçon avec les mêmes cheveux bruns bouclés que Cruz débarqua en âge. Son visage était plus fin que Cruz, ses pommettes plus saillantes et sa posture droite, à l'opposé de ce dernier qui était souvent avachi sur sa table.

— Pourquoi t'es encore là ? demanda son frère, la voix dure et forte, le visage rempli de frustration. Grouille, je dois déposer maman à son taff, j'ai pas que ça à faire.

Cruz rangea ses lunettes dans leur boîte et se leva précipitamment en rassemblant toutes ses affaires avant de se diriger vers la porte d'entrée, accompagné de son frère aîné. Il savait ne pas faire retarder Daniel quand il avait tout à faire. C'était l'homme de la maison après tout.

— Estaré allí en diez minutos mamá ! Prépare-toi et sors de la maison quand je klaxonne.

À ces mots, il claqua la porte d'entrée derrière lui.

Daniel n'avait jamais le temps de rien, pourtant il faisait tout. Depuis le départ de leur père qui avait déménagé au Texas, leur mère n'arrivait plus à s'occuper toute seule.

Après coup, Daniel était doté d'une haine tellement grande pour son père qu'il avait décidé de garder le nom de jeune fille de leur mère, Viqueira, à la place de Miller, le nom de famille de leur paternel.

Et comme d'habitude, Cruz avait fait la même chose.

Elle souffrait de fibromyalgie, une maladie chronique qui causait de la fatigue et des douleurs musculaires. Mais ce qui était le plus embêtant pour les deux frères étaient ses absences émotionnelles. Elle n'était jamais réellement dans la pièce, et quand elle arrivait enfin à se concentrer sur l'un de ses fils, c'était souvent pour se plaindre de ses douleurs.

Elle avait un chagrin démesuré pour un homme qui s'en fichait royalement d'elle, pensait Daniel.

Alors son grand frère avait pris les devants et s'occupait de tout à la maison, alors qu'il devait commencer l'université cette année-là. Cruz se sentait comme une pauvre tâche à côté de lui, et c'était l'une des raisons pour lesquelles il travaillait dur pour obtenir une bourse d'études et partir faire de grandes études.