Chapitre 1

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Autour de moi s'étendent les dunes d'Arrakis, paisibles, elles sont caressées par le vent qui en soulève l'épice. J'inspire comme pour la première fois. Je ressens ce picotement familier de l'épice qui interagit avec mon système nerveux. 7 années sont passées depuis ce jour-là. Je suis chez moi, ma véritable maison. Pourtant je ne me suis jamais sentie aussi étrangère.

Quelqu'un s'approche et s'assoit. Sans détourner les yeux du désert, je le reconnais à sa démarche.

– " N'oublie pas quelle est ta place Vine, tu n'es plus chez toi ici, m'avertit-il. Son ton est posé mais je dénote une certaine menace...

– Je sais" réponds-je simplement sans le regarder. Feyd-Rautha m'étudie une seconde avant de se lever et de crier des ordres au bataillon qui nous accompagne.

Vine... Feyd-Rautha jugeait mon nom trop fremen, il m'en choisit lui même un plus convenable pendant mes 5 années à ses côtés: Vine pour la vinencre, une vigne grimpante parasite, la seule qui pousse encore sur Geidi Prime, utilisée comme poison et comme fouet par les contremaîtres. Quel joli nom, je n'aurais jamais cru Feyd poëte.

Je brise ma contemplation des dunes et retourne à l'ornithoptère de mon unité. Quelques heures plus tard, nous atterrissons à Carthag.

...

– " DES RATS! NOUS PERDONS FACE À DES RATS!, un hurlement nous parvient de la salle des mentats(1), couvrant leur litanie.

Feyd entre avec moi à sa suite. Rabban se tient debout, à ses pieds gît l'un de nos conseillers la tête ensanglantée. Feyd-Rautha examine la scène un léger sourire aux lèvres.

– Merci Rabban, nous prenons le relais à partir de là, dit-il posément mais néanmoins nargueur.

Le concerné, qui dans son excès de rage ne nous avait pas entendu arriver, gratifie le Na-Baron d'un regard passant de la stupéfaction à la rage, qu'il ravale. Ses yeux se posent un instant sur moi. Feyd poursuit :

- Des rats... tu fais la honte de notre famille, et plus que tout tu m'entache moi, susurre-t-il tel un serpent, Baise ma botte, l'intime-t-il. Toute trace d'amusement a quitté le visage de Feyd.

- Na-Baron...? Implore-t-il les yeux exorbités et humides, Enfin mon frère...poursuit-il avec un rire tendu.

Je détourne les yeux, le spectacle qu'offre l'ancien gouverneur est pathétique. Mon attention est attirée par l'immense carte sur laquelle s'affairent les mentats. Seule la moitié nord de la planète est visible, ainsi que la position de quelques Sietch(2) et gisements d'épices. Je ravale une envie de sourire. Ils en savent toujours aussi peu sur les fremen.

- Baise ma botte, répète Feyd en appuyant distinctement chaque mot.

Ne réagissant pas, il l'envoi à terre d'un coup précis à la jambe. Rabban finit par obéir. Quel chien, il n'a aucune dignité ni honneur. Feyd encore penché sur son frère se tourne vers moi, son sourire a réapparu.

- Voilà, Vine, comment on traite les rats. Le moment venu tu sauras quoi faire.

En réponse, je me contente d'hocher la tête. Il reporte son attention vers son frère.

- Ça, commence-t-il en me désignant de la pointe de son arme, c'est cela que j'attends de mes soldats, silence et obédience, tu penses en être capable ? Demande-t-il d'une voix infantilisante.

À l'aube du Soleil NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant