PROLOGUE - LANDON

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J'inspecte mon reflet dans le miroir. À première vue, tout semble parfait : mon costume ne comporte aucun pli et ma cravate est bien serrée autour de mon cou. Mes cheveux, comme à leur habitude, montrent un effet coiffé décoiffé et je remercie le ciel de m'avoir donné une peau aussi lisse. Et mon barbier de n'avoir laissé traîner aucun poil autour de ma mâchoire. Tout me semble correct. Quelques gouttes de parfum derrière les oreilles, et le tour est joué.

- Chrissy, t'es prête ? lancé-je à travers la salle de bain.

- Dans une minute, oui.

Deux salles de bain, c'est ce qu'il y a de mieux pour un couple qui pense à son apparence avant tout autre chose. La mienne est rangée, les parfums alignés au millimètre près, et aucune goutte d'eau sur le miroir. Celle de ma fiancée... est différente. Elle, elle préfère laisser traîner ses rouges à lèvres et quelques cheveux dans l'évier. Ça m'insupporte, mais je préfère ne pas m'en mêler, c'est son antre.

Une fois dans le salon, je prépare l'enveloppe qui, dans quelques heures, finira dans l'urne des mariés. Destinée à Marcus et Hailey. Dire que ces deux-là étaient de vrais chauds lapins à l'université... et maintenant ils sont à deux doigts de se dire oui pour la vie, et Hailey a le ventre arrondit par deux mioches qui pointeront le bout de leur nez dans trois mois, en décembre. Joyeux Noël !

Trois minutes plus tard, Chrissy descend enfin les escaliers, perchée sur des Louboutins achetées pour l'occasion. Sa robe de créateur est si simple que j'ai encore mal au cœur de l'avoir achetée à un prix pareil. D'après elle, tout ce qui est cher est beau. Je ne suis pas vraiment de cet avis, mais je fais semblant de l'être. Problème de nouveau riche.

- Alors ? Je suis comment ?

Ses longs cheveux roux sont coiffés dans un chignon élégant, son maquillage est sobre si on en oublie ce bordeaux qui gâche la beauté de ses lèvres...

- Très belle, rétorqué-je. On y va ? Je suis sûr que tout le monde est déjà devant l'église à l'heure qu'il est.

Les mariages, les enterrements et les baptêmes sont les trois choses que j'ai en horreur. Dans tous les cas, on s'emmerde et on finit par grignoter les petits fours jusqu'au bout de la nuit, parce que la musique est naze et les invités sont si saouls qu'on comprend à peine ce qu'ils disent. Plus vite on y sera, plus vite on repartira... Et puis, je ne suis pas d'humeur. Je n'avais pas envie d'aller à cette foutue cérémonie. Quelque chose au fond de moi me dit que ce sera soit cataclysmique, soit ennuyant à mourir. Au creux de mon estomac, une boule s'est installée. J'ignore pourquoi ! Mais mon inconscient me susurre que c'est parce que Marcus et Hailey finiront par raviver des souvenirs datant de l'université... et je n'en ai pas franchement envie.



La cathédrale Saint-Paul est prestigieuse. La plus belle de Londres. Les invités sont entassés devant les doubles portes et on ne peut nier qu'il s'agit d'un mariage de gosses de riches. Ça se voit aux chapeaux extravagants, aux parures que portent les femmes, aux cigares que fument les hommes. Je sors le premier de ma Bentley et vais ouvrir la porte à Chrissy. À peine le temps de se mêler à la foule que nous sommes pris d'assaut par un couple d'amis que nous avons en commun avec les futurs mariés. Je salue rapidement Adam et Sara, et allume directement une cigarette sous le regard noir de Chrissy.

- Tu ne vas pas fumer à deux minutes de la cérémonie, quand même ? grommèle-t-elle.

- Je fête l'événement avec les moyens du bord.

Elle me lance un regard noir auquel je préfère ne pas répondre.

- Comment vont les affaires, Landon ?

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