CHAPITRE VI - LANDON

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FLASHBACK - JANVIER 2015





Damien ne peut s'empêcher de rire. The Clash est vraiment un bon groupe, et à chaque fois mon corps tient à se déhancher. De plus, l'alcool a remplacé le sang dans mes veines, alors je suis déchaîné.

Les autres, tous aussi alcoolisés que moi, n'hésitent pas à me suivre. Mais mes yeux sont focalisés sur Damien tandis que je chante comme je peux, la voix cassée à force d'avoir bu des litres de vodka :

- Well, come on and let me know... Should I stay or should I go ?

De nouveau, il s'esclaffe, la tête entre les mains. Titubant légèrement, je m'approche de lui et l'oblige à se lever. Mais Damien est bien plus réservé que moi.

Nous sommes le feu et la glace.

- Danse avec moi ! le supplié-je.

- Non, je déteste danser !

Les yeux doux. Les dents plantées dans la lèvre et la main tendue, ça marche toujours.

- S'il te plaît, ajouté-je.

Damien lève les yeux au ciel et cède finalement. Il enlace ses doigts aux miens et je le tire. Nos corps butent l'un contre l'autre, et à partir de là, la bulle se crée.

Autour de nous, le chaos. La fête bat son plein, les étudiants sont tous sous substances, prêts à baiser n'importe où dans la pièce à vivre et la musique est bien trop forte. Mais ça n'a aucun impact sur nous. Tout ce que je vois, c'est que Damien bouge lentement, mais sûrement. Son corps contre le mien, sans jamais vraiment me toucher.

- Come on, baby ! l'encouragé-je.

Je me fiche d'être ridicule. La musique, lui, ses hanches qui ondulent et ses joues rosies, c'est vraiment la plus belle vision qui puisse exister. Je voudrais m'en tenir éloigné, pour voir combien de temps il serait capable de tenir sans être en contact avec moi, mais je finis par craquer et l'attirer dans mes bras.

Je suis le premier à flancher.

Je suis toujours le premier à flancher.

- Viens, soufflé-je contre son cou.

La musique change soudainement, et celle-ci ne pouvait vraiment pas mieux tomber. Rien à voir avec The Clash. Les Beatles ont fait fort avec cette reprise. Elle tombe à pic, et me rappelle que je suis incapable de me passer de Damien. Alors, peu importe les quelques regards sur nous, ceux qui nous jugent encore tout en connaissant la nature de notre relation. Peu importe si demain, on répondra encore et encore à la même question : vous êtes en couple, les gars ?

Non. On ne l'est pas. Mais les Beatles ont raison. Cette chanson, je la dédicace au garçon qui, les bras autour de mon cou, me regarde avec insistance comme si j'étais la huitième merveille du monde.

You really got a hold on me.

Ses lèvres miment un je t'aime inaudible et je lui réponds sans cesser de nous bercer, les mains sur ses hanches, mon front contre le sien. Pas besoin de mots.

L'odeur de son parfum remonte entre nous et c'est vraiment là qu'est toute ma faiblesse. Les autres connaissent le parfum de Damien, mais moi je connais la fragrance de sa peau. La vraie. Pas seulement l'Homme Idéal, de Guerlain. L'odeur qu'il porte en permanence, que ce soit le soir ou le matin. Celle que je sens la nuit, quand j'ai besoin d'être dans ses bras et nulle part ailleurs. Celle qui, au fur et à mesure des années, s'est immiscée dans mes vêtements. Celle pour laquelle je pourrais tuer, juste pour la sentir une dernière fois.

Listen To Your HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant