CHAPITRE IV - DAMIEN

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Ce vernissage est assez important. Il s'agit d'aider Zach Medeiros, un jeune peintre bourré de talent et Thomas Frenz, un céramiste comme moi. Bien sûr, ces deux-là ont déjà quelques followers sur Instagram, mais rien ne vaut d'être suivi dans la vraie vie. C'est pourquoi ce soir, j'ai invité de grands noms à venir voir leurs œuvres. J'ai hâte, mais tout n'est pas encore prêt. Et tout doit être absolument parfait.

Pour m'aider, Brendan et Alexy sont présents. Brendan travaille pour moi et gère la partie graphique. Responsable de mon site internet, de mon compte Instagram professionnel. Alexy, lui, est mon agent. C'est grâce à lui si j'ai donné plusieurs interviews, et si j'ai eu droit à de jolies collaborations avec de grands décorateurs.

- The Power Of Love, c'est ça ! C'est pour cette raison que je veux voir des visuels qui donnent envie aux invités de tomber amoureux, insisté-je. Il faut de la joie, de l'harmonie et là, quelque chose me chiffonne.

- Je crois qu'il y a trop de tableaux en nuances de gris du côté gauche, réfléchit Brendan. On devrait trancher tout ça avec les carafes rouges et les sculptures bleues de Thomas.

L'idée est bonne.

Je m'apprête à répliquer, mais la porte d'entrée s'ouvre sous la surprise générale. Je n'ai besoin que d'une fraction de seconde pour le reconnaître. Lui, ses lunettes de soleil et sa chemise noire, un pantalon classique de la même couleur. Mon cœur entre en transe, tambourine avec acharnement au creux de ma poitrine. Je ne peux pas y croire.

Je ne veux pas non plus.

- C'est qui, celui-là ? grommèle Alexy. Hé, vous ! Vous ne voyez pas que c'est interdit d'entrer ici ?

Landon, sans enlever ses lunettes, jauge Alexy de haut en bas et plisse le nez.

Là, je sais que c'est trop tard.

- Tu sais à qui tu parles, là ? réplique Landon. La porte était ouverte, alors je suis entré.

Toujours aussi présomptueux. Toujours autant de répartie, aucune gêne et aucun tact non plus. Landon a cette particularité de se foutre du regard des autres. Il fait ce qui lui plaît, quand ça lui plaît, et ne connaît pas l'interdit.

- Espèce de...

- Non, Alexy. C'est bon, m'interposé-je. C'est bon, je m'en charge.

Malgré ma gorge nouée et les pensées en vrac, je prends sur moi et m'approche de Landon, les poings serrés. Le cœur rétracté.

J'avais pourtant été clair, non ? Je ne veux plus le voir. Pas tellement parce que je le déteste, mais parce qu'à chaque regard de plus, la douleur ajoute une couche particulièrement lourde sur de mes entrailles. Mais Landon n'est pas du genre à écouter qui que ce soit. Il n'est là que par provocation, je le connais trop bien pour me tromper.

Une fois à sa hauteur, il daigne enfin ôter ses lunettes. Ses grands yeux noirs plongent dans les miens. Ses joues sont légèrement rougies. J'ai l'impression d'avoir face à moi un homme qui, cinq minutes plus tôt, prenait son premier rail de coke de la journée. Sa respiration est brûlante, à peine saccadée, mais son regard...

Son regard est aussi dangereux que le venin d'une vipère.

- Que fais-tu ici ? grogné-je.

Sourire vainqueur sur les lèvres, qui dévoile une rangée de dents blanches et alignées, il répond sans attendre.

- J'ai entendu parler de cet événement, et je n'ai aucune envie de me mêler à la foule ce soir. Je suis là pour acheter en priorité. Je veux toujours être le premier, pourquoi tu ne sais pas ça, Damien ?

Listen To Your HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant