Dans la nuit profonde, ils s'avancèrent, seuls, totalement perdus. Soudain, ils aperçurent de la lumière. Intrigués, ils se rapprochèrent de cette lumière vibrante, indistincte... Puis plus rien. Ils avaient perdu la vue et tous les autres sens.
À cet instant, Lucas, le chef de troupe, donna l'ordre de repos. À ces mots, tout le groupe s'arrêta, dans un même mouvement. Dans le silence oppressant, un bruit se fit entendre, une sorte de bruissement étouffé, bientôt accompagné de plusieurs dizaines d'autres. Sur leurs gardes, la troupe de Lucas sortit leurs armes de leurs fourreaux, et en quelques instants, épées, sabres, rapières et arcs brillaient au clair de lune.
Au même instant, comme sortant de nulle part, une armée de féroces guerriers surgit des broussailles, prête à se battre farouchement contre le petit groupe. Un homme d'imposante stature sortit alors du rang. C'était un guerrier décoré de mille médailles rutilantes sous la lumière déclinante.
Lucas, pris d'une subite admiration pour cet intrigant individu, demanda à ses compagnons de rengainer leurs armes. Le groupe obéit sans manifester aucune opposition, l'armée adverse abandonna à son tour sa face féroce et devint soudain plus calme que le vent, comme sublimement pétrifiée. Le géant se mit à parler, d'une voix calme, mais aussi puissante que le tonnerre ébranlant la terre : « Vous, qui avez foulé de vos pas ce lieu sacré, partez vite, avant que le soleil n'éclaire cette contrée, sinon nous devrons vous massacrer, nous, gardiens du portail de Lawass. »
À ces mots, l'armée, comme spectrale, se dissipa dans les fourrés, aussi vite qu'elle était apparue.
Lucas, Mahéo, Noah et Gaïane se regardèrent, ne sachant pas quoi penser de cette rencontre étrange.
Après plusieurs longues minutes de concertation, ils levèrent le camp et repartirent d'où ils étaient venus, traversant la forêt, le ruisseau, rentrants ensemble vers leurs contrées, si belles et pourtant si redoutées.
Ils ont marchés de longues heures, de longs jours, de longues semaines avant d'arriver en vue de leur contrée, Alvir. Cela faisait des années que les compères n'avaient revu leur terre natale, et pourtant, cela n'éveillait en eux nulle excitation, nulle envie de revoir leurs proches, leurs logis, leurs anciennes vies. Après le terrible combat qui avait presque décimé leur ville, un terrible souvenir s'était ancré profondément dans leurs esprits, et il leur répugnait à tous de le faire remonter à la surface.
Pourtant, ils devaient revenir, ils n'avaient que là où ils pouvaient vivre avec un semblant de sécurité ; ils rentrèrent donc dans Alvir, tremblants mais prêts à subir le courroux des villageois.
Il n'y eut aucunes huées, ils découvrirent une cité vivante, accueillante, et qui les avait oubliés, totalement effacés de leurs mémoires. Affolés et un peu rassurés de ne pas avoir été encore tués, les voyageurs demandèrent aux habitants ce qui s'était passé durant leur absence, et... ô stupeur, ils apprirent que le conflit entre Abatir et Alvir n'avait jamais eu lieu, et qu'Abatir avait été détruite des siècles auparavant.
Complètement abasourdis, Lucas, Gaïane, Mathéo et Noah décidèrent de rester la nuit pour en apprendre plus sur le terrible paradoxe qui les tenait en son sein. Le lendemain, l'équipe entreprit de se renseigner sur la région, la date, et sur tous les autres paramètres qui pourraient les aider à comprendre les subtils engrenages de cette utopie incroyable.
Peu de temps après, Gaïane alerta le groupe d'une découverte de taille : en effet, elle avait découvert un endroit sur une carte qui ne correspondait pas avec leurs cartes, le Lawass. Étonné par cette étrange découverte, le reste de la troupe décida de localiser précisément cet endroit encore inconnu, mais dont le nom leur semblait familier...
Après avoir dit au revoir aux mystérieux habitants de la ville, ils partirent à la recherche de cet endroit fabuleux, étrange et intrigant. Ils ont marchés pendant un nombre qui semblait infini de kilomètres, ils parvinrent à un petit ruisseau qui, une fois franchi, s'ouvrait sur une gigantesque forêt émeraude. Émerveillés, les aventuriers s'enfoncèrent dans l'immensité verdâtre qui s'imposait devant eux.
Ils ont encore marchés, longtemps, puis sont arrivés dans une clairière ensoleillée, qui semblait rayonner d'une lueur divine, irréelle. Mais quelques instants plus tard, ils se retrouvèrent encerclés par une centaine de soldats, armés jusqu'aux dents. À leur vue, Lucas s'écria : « Que se passe-t-il ? ». À ce moment, les soldats les empoignèrent et les précipitèrent dans un gouffre lumineux d'une telle intensité qu'ils en perdirent connaissance.
À leur réveil, ils se retrouvèrent dans un endroit désertique, à quelques centaines de lieues d'une cité indiscernable, probablement en ruine. La troupe, intriguée par ce changement total d'environnement, choisit de poursuivre son épopée pour en apprendre plus sur les événements étranges qui venaient de leur arriver. En arrivant sur les ruines de l'ancienne métropole, ils découvrirent avec stupeur que le nom de cette ville était Alvir. Horrifiés, ils partirent sans demander leur reste et décidèrent de revenir sur leurs pas.
Après avoir déambulé sans destination pendant des jours, ils arrivèrent devant la forêt, qu'ils commençaient maintenant à bien connaître. Ils se retrouvèrent alors devant un attroupement de guerriers. Intrigué, Mathéo prit enfin la parole : « Mais où sommes-nous ? Qui êtes-vous ? Aidez-nous ! ». À ces mots, le chef présumé de ces hommes parla, d'une voix comme sortie d'outre-tombe : « Vous êtes ici, dans le portail de Lawass, l'entre-deux-mondes. Nous sommes les gardiens qui protègent cet endroit depuis des millénaires et nous ne pouvons vous aider. Nous refermerons à jamais ce passage, ouvert par notre faute et notre curiosité infâme. Déguerpissez maintenant, dans un monde comme dans l'autre, vous n'êtes plus à votre place. »
Poussés par un instinct terrible, Mathéo, Noah, Gaïane et Lucas sortirent de la forêt, prêts à affronter le monde qu'ils avaient choisi. Jamais nous ne les avons revus, jamais ! Cela fait maintenant plusieurs siècles que cela est arrivé et maintenant, ce n'est plus qu'un vieux mythe poussiéreux ; mais qui sait, peut-être que l'équipe légendaire court toujours, tapie dans l'ombre, prête à nous tomber dessus. Nous ne le saurons pas.
Vous ne le saurez pas. Moi... qui sait.
Rêvez, imaginez ! Et peut-être que je vous le dirais...
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Une vie sans toi (Correction en cours)
Short StoryRecueil de nouvelles sur le thème de la perte