Le lendemain serait le jour où ils atteindraient enfin la capitale. Alors qu'ils dressaient leur dernier campement avant cette étape cruciale, une atmosphère lourde de doutes et d'espoir planait sur eux.
Leur regard fixé vers l'horizon sombre, ils murmuraient des questions qui restaient sans réponse. S'étaient-ils réellement transformés en monstres aux yeux des autres ? Et si oui, pourquoi ?
Malgré cette incompréhension, l'excitation de l'arrivée imminente à la capitale montait en eux. Ils se serraient les uns contre les autres pour se réchauffer et, pour une fois, leurs accolades se faisaient plus sincères et plus appuyées, comme pour puiser du courage chez l'autre.
Felix, les yeux embués de larmes qu'il peinait à retenir, essuya d'un geste brusque son visage et laissa échapper un rire nerveux.
— On y est presque, hein... J'ai encore du mal à y croire, balbutia-t-il, la voix un peu étranglée.
Rita lui adressa un sourire rassurant, tandis que Marcus lui tapota le dos, le bras passé autour de ses épaules. La peur, tapie au fond de leur cœur, ne disparaissait pas totalement, mais l'idée de découvrir enfin les réponses leur donnait la force d'avancer.
La capitale n'était plus qu'à quelques heures de marche, et ils se sentaient prêts à affronter tout ce qui les attendait.
Ils se mirent en route avant l'aube, leurs pas résonnant sur le sentier silencieux, le cœur battant à l'unisson, leurs esprits enfiévrés par l'espoir et l'angoisse mêlés. Ensemble, ils faisaient face à l'inconnu, convaincus que, quoi qu'ils découvriraient à la capitale, ils y feraient face unis.
Les Élus progressaient le long du sentier lorsqu'ils croisèrent un groupe de voyageurs tirant des charrettes. Les deux groupes s'arrêtèrent, échangeant des salutations hésitantes. Le regard des chasseurs se posa sur eux avec une curiosité discrète, et leur chef, une femme à la chevelure aussi sombre que la nuit, prit la parole d'une voix douce, teintée de respect.
— Ainsi, vous êtes des Élus, murmura-t-elle, comme si le mot portait un poids sacré. Certains parlent de vous, de votre retour. Certainement un signe du ciel, quelle chance.
Malgré la surprise qu'ils lisaient sur les visages des chasseurs, aucune menace ne transparaissait dans leur attitude. Cette absence d'hostilité déconcerta les Élus, surtout Felix, qui s'attendait à des regards empreints de crainte ou de méfiance. Mais au lieu de cela, la femme leur adressa un sourire calme, presque bienveillant.
— Tout le monde ne vous redoute pas vous savez ? ajouta-t-elle, comme pour les rassurer. Et certains se réjouissent même de votre retour.
Mais alors qu'ils échangeaient, un vent porteur d'une odeur écœurante se leva, frappant de plein fouet les narines de Felix. Il fronça le nez et regarda la charrette d'un air interrogateur.
— Et... qu'est-ce que vous transportez là-dedans ? demanda-t-il, une pointe d'appréhension dans la voix.
Un jeune homme d'une vingtaine d'années, au visage marqué par des journées de chasse, se pencha vers lui, posant une main sur le rebord de la charrette.
— Rien de bien différent de d'habitude. Juste quelques carcasses de monstres, chassés dans la forêt. On les revend pour les composants.
Rassurés, les deux groupes échangèrent quelques mots supplémentaires avant de reprendre leur route respective. Les Élus marchèrent en silence, les images des dépouilles de monstres défilant dans leur esprit. Felix, pourtant, restait troublé par l'odeur âcre qui les avait surpris.
Marcus, le regard perdu dans les ombres de la forêt, finit par croiser les yeux de Rita. Dans ce bref échange silencieux, ils semblaient partager le même malaise, la même intuition que quelque chose ne tournait pas rond dans ce monde.
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Gods Hunters II
Fantasía* Suite directe du tome 1 disponible en entier sur mon compte* La nuit suivant la fin de leur premier raid, un groupe armée attaqua le manoir. Deux assassins restèrent pour achever les Élus survivants, mais ces derniers les abattirent dans une lutt...