Chapitre 7 : La roue tourne

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Sans un mot, les membres du groupe échangèrent un regard chargé d'une détermination nouvelle. Leurs cœurs, encore écrasés par la douleur, battaient désormais à l'unisson d'une rage viscérale. 

Leurs souffrances s'étaient tressées ensemble, se changeant en une promesse silencieuse. Le but d'atteindre la capitale n'avait plus la même importance. Ce qu'ils voulaient maintenant, c'était la justice, la vengeance, la rétribution.

Marcus s'éloigna soudain, s'engouffrant dans le manoir en ruines, ses pas résonnant lourdement sur les pierres froides. Il disparut un instant de la vue de ses compagnons, mais le souvenir de son cri de rage flottait encore dans l'air. 

Il gravit les escaliers, chaque marche le rapprochant d'une réalité plus insupportable encore. Ses pas le guidèrent à travers les vestiges dévastés, et chaque pièce dévoilait une nouvelle scène de cauchemar.

Les chambres étaient éventrées, les murs éclaboussés de sang noirci, comme les restes d'une bataille démente. Des griffures déformaient les planchers, traces d'une lutte désespérée, une dernière tentative de survie gravée dans le bois.

Puis, il découvrit le pire. Des membres déchiquetés gisaient çà et là, formant une mosaïque macabre. Les restes de ces innocents, éparpillés comme autant de témoignages muets d'une violence inouïe. 

De longs cheveux bruns, arrachés à des crânes trop jeunes, flottaient dans l'air stagnant. Au sol, des dents étaient éparpillées, scintillant d'un éclat sinistre sous la lueur vacillante du tonnerre, comme des perles macabres offertes à la terre.

L'odeur métallique du sang s'était incrustée dans chaque recoin, emplissant ses narines d'une âcre sensation de vomissement. L'air était épais de douleur, comme si le manoir lui-même pleurait, témoin d'une tragédie trop lourde à supporter. Marcus avançait, les traits marqués par une souffrance qu'il n'avait jamais imaginée, la mâchoire serrée à en craquer.

Quand il atteignit la bibliothèque, son esprit n'était plus qu'un tourbillon d'horreur. Il déchiffra à peine les titres, avant de trouver le livre qu'il cherchait : le « Totem X ». Un souffle lui vint à l'oreille, comme pour le guider. Il attrapa le livre avec une violence retenue, puis ressortit des ruines, le regard hanté.

Mais à sa sortie, ce qu'il découvrit le glaça plus encore. Le corps du jeune garçon qu'il avait trouvé auparavant n'était plus là. Ses compagnons, les visages tirés par l'effort, avaient enterré la fillette et le petit garçon, offrant à ces âmes brisées une sépulture hâtive mais respectueuse.

Marcus resta immobile un moment, fixant la terre fraîchement retournée, la gorge nouée. Ses lèvres, tremblantes, articulèrent difficilement des remerciements, mais les mots semblaient trop faibles, si dérisoires face à la douleur de l'instant. 

Et alors, sans une hésitation, ils activèrent tous leurs jayas, libérant une énergie sauvage, guidée par une volonté inébranlable. Ils n'étaient plus des fuyards. Ils étaient devenus des chasseurs.

Ils se mirent en marche, traquant leurs ennemis comme des bêtes affamées, guidés par la puanteur insupportable des assassins, une odeur qui collait à leurs narines comme un parfum de mort. 

Ils suivaient les traces de la charrette à travers les bois sombres, leurs sens aiguisés, leurs regards acérés par la haine. Leur technique de vision révélait la lueur sinistre d'un amas d'énergie au loin, une lueur qui pulsait dans l'obscurité, comme le battement d'un cœur impur.

Les heures passèrent, étirant leur douleur et leur rage sous le ciel nocturne. Et puis, enfin, la silhouette de leurs proies se dessina dans les ombres, lorsque la nuit étendit son voile sur la terre. Dans le silence glacial de l'obscurité, les rôles s'étaient inversés. La chasse était ouverte.

Gods Hunters IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant