Coeur borane

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Il suffit d'un rien,

D'un geste, d'une action

D'une porte qui claque un peu tropfort

D'un mot à peine plus haut

Pour que son monde parte à vau-l'eau


Elle fait comme si de rien,

Son bonheur est clandestin

Elle pleure comme un lamantin


Il ne lui parle plus.

Pas de son,

Pas de phrase,

Pas un regard

Juste du mépris

Sur son étendard


La voilà punie

Jusqu'au bout de la nuit

Comme une enfant

Dans le feu d'un géant condescendant

L'humiliant dans l'espace-temps


Et sur son visage en vitrine

Un masque de feutrine

Diluera la brûlure chagrine


Personne ne verra rien

Puisqu'il n'y a rien à voir

De cette fausse tristesse

Qu'elle tisse avec allégresse

Dans les bassesses

De sa vie de princesse


Cesse de te plaindre !

Tu n'as pas de raison de geindre

Car tout est beau par chez toi.


Tu dors sous un toit,

Et malgré cela tu t'apitoies

Comme un vilain putois.

Encore une fille de riche

Qui joue les potiches !


Tu manges à ta faim,

Pourtant tu trouves le moyen

De propager le venin

De tes tords malsains

Mais pourquoi tu pleures ?

Regarde, les enfants vont bien !


La culpabilité la tient en joug,

De l'eau salée roule sur ses joues

Elle se sent grosse comme une baleine àbosse

Dans le miroir, tout est difforme

Elle voudrait supprimer ce corps

Encore debout face à la mort

Un visage trop rond,

Des fesses qui débordent,

Du ventre en épicentre

Et la bouffe qui la rend patapouf

Assiette vide, assiette pleine

Ce soir, elle est dans la peine,

Comme hier soir aussi,

Peut-être avant-hier soir encore,

Ou bien avant, depuis quand ?


Il suffit d'un rien

D'un mot zinzolin

Pour qu'elle perde ses moyens

Son cœur n'est plus un cœur,

Ce n'est qu'une grenade

Explosant en cascade.

Ses poumons se resserrent,

Sa respiration s'accélère,

La voilà vautrée par terre,

La tête dans la poussière,

Comme un fœtus sans utérus

Dans le brouillard d'un cumulus

Et le silence de l'angélus.

Personne n'entend le stradivarius

Dans la douleur en montagnes russes

D'une âme en infarctus


Il n'y a que le papyrus

Pour se souvenir du laïus

Et des couleurs des nimbus.


Il suffit d'un mot,

Il suffit d'un rien,

Et tout est éteint.  

Poèmes pour personneWhere stories live. Discover now