Balade hantée

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Jardin du Luxembourg

Le soleil brille dans le jour,

J'ignore pourquoi j'ai fait le détour

En passant par le long faubourg

Pour y dessiner les contours


Je n'aurais pas du revenir

Dans les pas de mes souvenirs

Qui ravivent mes sombres délires

À la teneur de tant de rires


Dans les allées, ton franc-parler

Dans l'herbe verte, ta silhouette,

Sur la balançoire, le désespoir,

Sur le manège, un piège,

Dans le bac à sable, l'ineffable,

Dans les marches, de la pistache


Il y a l'odeur des grenadiers

Des bigaradiers et des orchidées

Celle des marchands de gaufres

Et des vendeurs de churros


Il y a l'odeur de l'absence

Des allées vides et pleines de gens

Celles aux couleurs d'antan

Et des bateaux dans le vent

La fontaine de Médicis


Trône en impératrice,

Comme le calice du supplice ;

Car rien en vrai rien n'a changé,

Tout brille à la saveur de l'été,

À une différence près,

Que personne ici ne sait :

Tu ne cours plus dans les allées.


Il a disparu, le jeune garçon

Sombre et terne comme giberne :

À son nom une chanson,

À son âme un mauve sterne.


C'est peut-être le seul au monde

Dont le visage au mien répondrait,

Qui venant de ses outre-tombe

D'un seul mot dirait vrai !


Mais non — mes illusions sont ternies...

Va t'en, faux mirage déverni, —

Poussière, jeune garçon, dinornis...

Le mirage planait — et il gît !

Poèmes pour personneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant