Crise de tétanie

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Un soir d'été,

Du vent dans les blés,

Un geai sur un cerisier,

Et elle marchant

Nonchalamment

Dans des méandres inconscients.


Un cœur mort,

Son âme en héliodore,

De la mélancolie en météore,

La putréfaction d'un corps,

Invisible et inodore

Dansant dans l'hellébore.


Dans ses yeux chamarrés

Exorbités de contrariétés,

Elle ne sent plus le sentier

Se dérober sous ses pieds,

Ses doigts se resserrent,

Sa respiration s'accélère,

Elle glisse par terre,

Le visage dans la poussière,

Les pensées en soufrière.


La voilà recroquevillée,

Comme un fœtus annihilé,

Voulant remonter le passé,

Jusqu'à ne plus exister.


Remonter le temps pour être avant,

Inverser les cadrans

Et le flot des marées salant

Gisant dans les volcans des océans,

Pour truquer les dés du néant.


Cessez de la regarder,

Vous ne pouvez pas la sauver !

Si son adolescence vous offense,

Achetez-vous une conscience,

Car dans les murs de son silence

Il n'y a que la béance de l'absence

Valsant sur la violence

De votre fade indifférence.


Cessez de la regarder,

Vous ne pouvez pas la sauver !

Elle fuit dans l'inconscience,

Achetez-vous de la reconnaissance,

Car dans la puissance de sa souffrance

Il n'y a que l'étau de sadéchéance

Pressant sur l'urgence

De votre amère inconstance.


La vérité c'est que personne nevoit

Cet enfant qui se meurt ici-bas.

Son malheur n'existe pas.

Tout n'est que déficit

D'enzymes et de vitamines.

Hypocalcémie,

Hyponatrémie,

Hypomagnésémie,

Son corps est une plume

Mais sa carcasse insalubre

Résiste dans la brume

Des ténèbres lugubres.


Tout n'est que déficit

De désirs et d'envie.

Carence d'amour,

Carence de vie,

Carence d'ami,

Cherchez l'erreur,

Il n'y a pas d'heure

Pour voir un cœur

Pétri de peur

Brûler de l'intérieur.


Poèmes pour personneWhere stories live. Discover now